La RTBF s’endette pour sauver la culture

Jean-Paul Philippot, administrateur général: "La RTBF veut être un acteur de la relance sur le plan culturel, social et économique." © BelgaImage

L’entreprise publique a donné les détails de son plan Restart qui prévoit d’injecter 13,4 millions dans les secteurs culturels et audiovisuels.

Dans ses missions de service public, la RTBF se doit d’être un acteur de terrain qui soutient la création culturelle en Fédération Wallonie-Bruxelles. De là à se mettre dans une situation budgétaire volontairement déficitaire pour les deux exercices à venir, il y a un fossé que l’entreprise publique a pourtant décidé de franchir en ces temps de crise sanitaire.

Avec le coronavirus, le monde de la culture a en effet été anesthésié, privant de nombreux comédiens, artistes et musiciens de lieux et de scène pour exprimer leur talent. Certes, le déconfinement progressif a redonné de l’espoir à une majorité d’entre eux, mais la machine tourne encore au ralenti. Au terme d’une réflexion inédite, la RTBF a donc décidé d’activer un plan de relance concret pour soutenir les secteurs culturels et audiovisuels francophones durant les 18 mois à venir.

Baptisée Restart, cette initiative vise à injecter 13,4 millions d’euros dans la production de contenus répartis en deux pôles : 5,3 millions pour des programmes existants et 8,1 millions pour de nouveaux projets. Si on s’en tient aux chiffres du dernier rapport annuel de la RTBF, cet effort financier absorbera donc 3,5% de l’ensemble des recettes de l’entreprise, chiffrées à 384,3 millions en 2019 (dotation et publicité incluses), ce qui la placera en situation inconfortable pour les deux années à venir. Après des bénéfices nets de 11,5 millions en 2018 et de 16 millions en 2019, la RTBF devrait en effet voir ses comptes passer dans le rouge avec ce plan Restart (les pertes sont déjà évaluées à 3,8 millions en 2020 et à 4,4 millions en 2021).

Aux yeux de l’administrateur général, le sacrifice semble toutefois nécessaire : ” La RTBF veut être un acteur de la relance sur le plan culturel, social et économique, justifie Jean-Paul Philippot. C’est la genèse-même de ce plan Restart qui démontre notre capacité d’entreprendre. La créativité et le goût de l’innovation sont les clés de la réussite de demain et nous avons donc lancé un appel à projets pour appliquer cela dans les secteurs de la création artistique et de la production audiovisuelle. ”

Concrètement, la RTBF produira donc plus de séries, de documentaires, d’émissions et de programmes courts qui auront un fort ancrage belge pour soutenir non seulement les artistes locaux, mais aussi tout le secteur touristique. ” Il s’agit de redécouvrir le patrimoine muséal, artistique et gastronomique en Fédération Wallonie-Bruxelles, poursuit l’administrateur général, en aidant également les entreprises à relancer leur activité économique puisque derrière chaque projet se trouve une boîte de production audiovisuelle francophone. ”

Cet été, le plan Restart (qui prévoit une trentaine de projets) permettra par exemple aux chanteurs belges privés de festivals de se donner virtuellement en spectacle dans des conditions idéales (une plateforme digitale devrait les réunir) et aux différents musées de se mettre en valeur dans un programme télé qui leur sera dédié. Un nouveau podcast baptisé Une nuit au musée sera aussi consacré à ces institutions culturelles.

Histoire d’assurer un minimum de retour sur investissement, la RMB, régie publicitaire de la RTBF, a déjà pris son bâton de pèlerin pour convaincre les agences médias et surtout les annonceurs d’associer leurs marques à ces nouveaux projets 100% locaux.

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