La politique “zéro Covid” de la Chine, un cauchemar pour les entreprises européennes
Tandis que les pays européens ont abandonné les mesures anti-Covid, la Chine, elle, applique encore une politique très stricte. Cette stratégie “zéro Covid” mise en place par les pouvoirs publics a un fort impact sur les entreprises européennes, qui réfléchissent à faire du commerce autrement.
La Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine a publié cette semaine une enquête sur “la confiance des entreprises européennes en Chine 2022“. Cette enquête, réalisée annuellement par l’organisation, montre que si la plupart des entreprises européennes en Chine ont enregistré des revenus positifs et ont été rentables en 2021, la plupart d’entre elles ont fait part de certaines difficultés.
La pandémie – encore elle – en est la cause. Car si le reste du monde est revenu petit à petit à un niveau de “normalité”, la Chine applique toujours sa politique “zéro covid”, Shanghai n’étant par exemple sorti que très récemment de deux mois confinement. Une politique qui exacerbe les entreprises et rend difficile l’exercice des affaires. La Chambre européenne indiquant même que de nombreux membres se demandent “how many eggs they are willing to keep in their China basket” ( “combien d’oeufs ils sont prêts à garder dans leur panier chinois”).
Un environnement économique devenu plus “politisé”
Ainsi, l’organisation précise que deux tiers des entreprises européennes ont vu leurs revenus augmenter au cours de l’année 2021. Mais 60% ont avoué que faire des affaires était devenu plus difficile d’une année sur l’autre.
Durant l’année 2021, le Covid 19 a ainsi été le principal problème auquel les entreprises ont été confrontées. 49% classent ainsi le virus parmi les trois plus grands défis auxquels elles ont dû faire face. 24% rangent également le ralentissement économique de la Chine parmi un de ces trois grands défis.
La question de nationaliser certains produits (et notamment de santé), qui s’est invitée dans le débat public dans plusieurs pays européens pendant la crise, a également eu un impact sur les affaires. 50% des répondants ont ainsi déclaré que l’environnement des affaires était devenu plus “politisé” en 2021. 42% indiquent enfin que les réglementations continuent de faire perdre des opportunités commerciales.
Afin de répondre à l’incertitude croissante résultant de la stratégie Covid de la Chine – mais aussi de l’invasion de l’Ukraine par la Russie – et minimiser leur exposition aux chocs géopolitiques potentiels, les entreprises européennes en Chine cloisonnent de plus en plus leurs opérations. Ainsi, huit fois plus de personnes interrogées ont fait part de leur intention de rapatrier des chaînes d’approvisionnement en Chine que celles qui cherchent à s’expatrier.
La part du personnel local a été importante au cours des cinq dernières années, des jeunes recrues aux membres du conseil d’administration. L’infrastructure informatique et de stockage des donnéesa également été implantée au niveau local par 74% à 75% des répondants, en raison de directives technologiques “sûres et contrôlables” et de réglementations de plus en plus strictes en matière de gouvernance des données.
La seule chose prévisible en Chine aujourd’hui, c’est son imprévisibilité, et c’est un poison pour l’environnement des affaires.
Déclaration de Bettina Schoen-Behanzin, vice-présidente de la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine.
“De plus en plus d’entreprises européennes mettent en attente leurs investissements en Chine et réévaluent leurs positions sur le marché, car elles attendent de voir combien de temps cette incertitude va durer, et beaucoup se tournent vers d’autres destinations pour leurs projets futurs“, confit également la vice-présidente de la Chambre de commerce.
“La Chine reste cruciale pour la plupart des entreprises européennes, à la fois comme débouché pour des produits présentant un fort avantage concurrentiel, et comme puissante base de production industrielle. Elle est trop grande et trop importante pour être réduite, mais un cadre holistique et stable est nécessaire“, déclare Denis Depoux, directeur général mondial de Roland Berger.
“La détérioration des conditions commerciales internes et externes, avec 13% de répondants supplémentaires à l’enquête jugeant les affaires en Chine plus difficiles en 2022, avant même la résurgence du Covid, contraste avec le rôle crucial de la Chine pour eux“, conclut-il.
Aurore Dessaigne
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