La permaculture aide à mettre en place des systèmes autosuffisants, comme des potagers

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Stéphane et Sam De Swaef sont nimaculteurs (pour Non Issus du Monde Agricole). Le père et le fils proposent un service d’installation et d’entretien d’un potager original car autosuffisant : la permaculture.

La permaculture aide à mettre en place des systèmes autosuffisants, comme des potagers
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Le but des nimaculteurs est clair : réintroduire le potager dans les activités quotidiennes… mais sans les ennuis. ” On fait partie de ceux qui croient que les gens aiment le potager au même titre que les chats et les chiens, glisse Stéphane. On veut donc leur proposer un produit qui les motive. ” Le job des nimaculteurs est précis : ils se rendent chez un client, étudient le besoin de ce dernier, son jardin (l’humidité, le voisinage, le sol, etc.) et ils installent des meubles dans lesquels le potager va être implanté. ” On propose également tout un service de suivi pour guider le client dans ses premiers pas “, ajoute Sam. Les cibles principales du père et du fils sont les soixantenaires et plus. ” Que fait-on quand on se retrouve seul après que les enfants ont quitté le domicile, interroge Stéphane. On retourne à l’essentiel. Notre approche plaît donc à ce public. ” Mais attention : les meubles ne peuvent pas être installés partout, il convient donc de trouver l’endroit où il y a le plus de soleil et où le sol est de meilleure qualité. ” On ne peut rien faire quand il est sablonneux, précise Stéphane. Et pour envisager d’installer cela sur une terrasse en ville, il faut d’abord voir quel poids peut soutenir celle-ci, car ça peut vite peser lourd… ” Derrière l’offre qu’ils proposent, les nimaculteurs poursuivent trois quêtes : le bio, le beau et le bon…

Le bio

Popularisée dans les années 1970 par deux scientifiques écologistes australiens, la permaculture est plus qu’une méthode, c’est une philosophie.

” On n’est pas contre l’évolution du temps, on cherche juste à utiliser le moins d’énergie grise possible, il faut que ce qu’on propose soit autosuffisant, souffle Sam. Ce n’est pas non plus une opposition ou concurrence à l’agriculture et au bio, on espère juste que la permaculture va participer à un mieux. ” Popularisée dans les années 1970 par deux scientifiques écologistes australiens, la permaculture est plus qu’une méthode, c’est une philosophie. ” C’est le respect de l’homme, de la terre et de la redistribution des ressources. Elle permet de rentabiliser de petites surfaces en créant un écosystème naturel favorable à la culture de légumes sains tout en améliorant la fertilité du sol “, aiment à préciser Sam et Stéphane. Mais contrairement à l’agriculture bio, qui provient de la monoculture, la permaculture propose une diversité de légumes : c’est un mélange, une association, un système… ” On nourrit le sol, pas les plantes, proclament le père et le fils. Mais, comme pour le bio classique, la permaculture n’accepte aucun traitement chimique, uniquement du purin naturel. ” En grossissant les traits, on peut comparer la permaculture à une équipe de foot où tout le monde est censé oeuvrer dans un but commun avec dévotion. Ainsi, quand on sème par exemple deux plants d’artichauts, l’un des deux peut être attaqué par les ravageurs et donc “sacrifié” au profit de l’autre qui restera tranquille et se développera parfaitement.

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la permaculture n’est pas de l’agriculture : elle se base sur le savoir quand l’agriculture le fait sur la main-d’oeuvre. ” Ici, on met en place un système puis il se gère par lui-même, glisse Stéphane. Il n’y a pas d’improvisation, mais parfois du feeling. ” Au niveau de l’entretien, il convient d’amender régulièrement le sol avec les restes des haies, l’herbe ou le fumier ” que l’on récupère au centre équestre du coin, sourit Stéphane. Les déchets ménagers ont également un rôle à jouer : créer un compost est excellent pour attirer et donc retenir les limaces qui n’iront pas attaquer les autres plantes. ” Avec la permaculture, l’apprentissage est constant. Cela fait environ trois ans que Stéphane a commencé une formation à la ferme du Bec Hellouin (Normandie) et il ne cesse de découvrir… ” On fait des erreurs, mais on avance en tentant de comprendre là où le bât a blessé, on fait des observations, on teste de nouveau… et on n’oublie pas : c’est du bon sens. ”

Le beau (et pratique)

Stéphane et Sam De Swaef
Stéphane et Sam De Swaef© PG

Le deuxième axe du projet des nimaculteurs est le côté esthétique des potagers qu’ils proposent. Ils sont ainsi implantés dans des grands et beaux meubles en bois européen qui sont par la même occasion bien plus pratiques pour jardiner et qui permettent un développement plus efficace de la terre. En plaçant les bacs de terre à hauteur d’homme, l’utilisation du potager est rendue plus agréable : ” Cela peut se faire aisément en famille ou avec des amis, un petit verre posé directement sur le meuble, illustre Sam. Les deux pieds du meuble sont enfoncés dans le sol et contiennent une bûche qui recrée un terrain forestier, poursuit-il. La terre est donc plus humide, ce qui fait que l’arrosage est limité, tout comme l’érosion. Plus le sol est puissant, plus les plantes sont en bonne santé et moins les ravageurs les attaquent. ” Et puis, grâce aux bacs, à la couleur noire et à la hauteur du meuble, la terre se réchauffe à très grande vitesse dès qu’il y a du soleil. Dans l’ensemble, ces potagers ont une apparence très élégante, tout comme la serre bioclimatique que proposent également Sam et Stéphane : belle et pratique, puisque orientée pour que le vent vienne souffler sur le mur et que le soleil tape sur les vitres pour réchauffer à grande vitesse ce jardin intérieur.

Le bon

Evidemment, la culture permanente n’aurait pas beaucoup d’intérêt si les légumes cultivés ne possédaient pas certaines particularités. Dans le jardin show-room de Sam et Stéphane, on trouve parmi d’autres du maïs, des choux de Bruxelles, des aubergines blanches, des concombres jaunes, des piments rouges, des haricots, une plante d’absinthe, etc. ” On essaie de ne pas être trop classiques sans passer dans l’extrême pour autant, commente Stéphane. Il faut quand même qu’on puisse les manger, ces légumes ! ” Diversifiés, sains et présents en quantité, ces aliments prennent de plus en plus de place dans les assiettes de la famille De Swaef… au détriment de la viande. ” Elle disparaît clairement, confirme Sam. Les légumes sont costauds donc cela suffit : avec une salade, on a assez pour une semaine avec ma copine… ”

Succès grandissant

Le duo possède toujours un job à côté de cette activité potagère. Stéphane est dans l’audiovisuel – ” mais j’espère un jour me consacrer uniquement à mon rôle de nimaculteur ” – alors que Sam reste à 100 % dans le digital : ” je changerai le monde ailleurs (sourire). ” Avec une dizaine de projets déjà réalisés et plusieurs autres en cours, le père et le fils sont pour le moment satisfaits de l’évolution de leur petite entreprise. ” On a également de nombreux contacts avec des entreprises, affirme Stéphane. Notre service est simple et a pour objectif de rendre le quotidien de l’employé plus agréable. ” Question finance, il est évident que la vente du meuble et du concept s’élève à un certain prix. ” Cela oscille entre 2.000 et 10.000 euros suivant les caractéristiques du meuble, glisse Stéphane. On sait que c’est beaucoup de sous, mais ça vaut bien cette somme. Et puis les gens comprennent de plus en plus l’intérêt de faire ce gros investissement à long terme. ” Une fois installé, le meuble ne demande ensuite qu’un financement moyen de 20 à 30 euros quatre à cinq fois par an pour nourrir les plantes ” ainsi qu’une implication moyenne d’une heure par semaine dans le jardin, conclut Sam. Mais c’est loin d’être une corvée ! ”

Par Émilien Hofman.

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