Lire la chronique d' Amid Faljaoui
La pandémie et la transition écologique vont transformer en produits de luxe des choses banales hier encore!
Le retour progressif à la vie normale ne doit pas nous faire oublier que des changements sans doute définitifs sont en train de se produire devant nos yeux. Les comprendre ou au minimum s’en rendre compte permet de mieux se projeter dans l’avenir et donc d’éviter des déconvenues.
Le premier changement, c’est qu’on a une pénurie de personnel dans certains secteurs alors que la reprise est là. Quand on connait le taux de chômage à Bruxelles et en Wallonie, cela peut étonner… Mais c’est aussi à moitié étonnant si vous prenez la peine de parler avec des restaurateurs ou des gérants d’hôtels. En étant forcés de ne pas travailler pendant presque un an, des hommes et des femmes ont découvert ou redécouvert les contraintes de leurs jobs. Souvent ce sont des métiers que l’on exerce assez jeune, et ces mêmes personnes ne se sont pas trop posés la question des horaires atypiques de l’HORECA.
Mais aujourd’hui, ces mêmes personnes se sont rendues compte qu’elles passaient à côté d’une partie de leur vie familiale et sociale comme le notent également mes confrères des Echos. Le résultat, c’est que le recrutement est galère dans le secteur de la restauration et de l’hôtellerie… Et cela se ressent dans la qualité du service, ce qui est un comble en sortie de crise !
Cela c’est pour l’offre d’emploi qui a changé après la pandémie mais du côté de la demande cela a aussi changé. Nos entreprises ne cherchent plus les mêmes compétences. En effet, comme la crise sanitaire les a empêchées de travailler normalement, beaucoup d’entreprises ont basculé une bonne partie de leurs activités en mode numérique et d’autres livrent leurs clients directement sans passer par leurs magasins.
Autrement dit, pour revenir à l’exemple de la restauration, aujourd’hui et demain plus encore, ces mêmes établissements auront sans doute moins de serveurs mais plus de livreurs. Sauf que les livreurs sont employés par d’autres entreprises comme le remarquent Les Echos. Cela c’est pour le marché de l’emploi qui est en train de muter devant nos yeux.
Mais nos modes de consommation risquent aussi de s’accélérer, voire de s’inverser dans certains cas comme l’ont analysé les consultants de Mc Kinsey. L’accélération, c’est évidemment le digital, on ne reviendra plus en arrière. Nous nous sommes habitués à consulter notre médecin par téléconférence, à commander nos produits alimentaires en ligne et à regarder nos films en streaming. Les cinémas par exemple devront en tenir compte pour ne pas disparaitre ou voir leur modèle économique être mis à mal. Un seul exemple, la Warner Bros a annoncé qu’elle rendait ses films accessibles en vidéo à la demande le jour de leur sortie (aux USA). Si cela, ce n’est pas une attaque au modèle économique des cinémas, je ne sais pas ce que c’est.
De même, d’après l’étude de McKinsey, les dépenses consacrées au logement devraient augmenter (que ce soit l’immobilier, l’ameublement, le matériel de décoration ou le bricolage), en revanche, le déclin du secteur de l’habillement devrait s’accélérer. Même les voyages risquent de coûter plus cher, parce que les voyages d’affaires seront moins nombreux. Or, ces voyages étaient la vache à lait des compagnies aériennes. Comme ces clients rentables ne seront plus là, c’est le voyageur particulier qui va payer plus cher son billet d’avion.
En résumé, les séquelles du virus et la transition écologique vont transformer en produits ou services de luxe des choses qui étaient banales hier encore.
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