La crise bouscule nos fleurons: de l’argent frais chez Exki, mais de l’inquiétude chez Lunch Garden

EXKI Le groupe dépend fortement d'une clientèle de bureaux qui travaille aujourd'hui de chez elle. © PG
Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Chez l’un, les actionnaires réinvestissent pour passer le cap et se renforcer dans le digital. Chez l’autre, les syndicats redoutent des pertes d’emplois.

Ce n’est un secret pour personne, la restauration vit des temps difficiles. Deux emblèmes belges sont aujourd’hui au coeur de l’actualité : Exki et Lunch Garden. Chez Exki, il n’y a désormais plus qu’un seul des trois fondateurs à bord. Alors que Frédéric Rouvez et Nicolas Steisel étaient encore de l’aventure depuis une dizaine d’années, le second vient également de quitter le navire, revendant ses parts (8,9%) aux autres actionnaires tout en assurant partir en très bons termes. Le capital de la chaîne belge de fast good est donc à présent réparti comme suit : 67% aux mains de la famille gantoise Dossche et 18% pour la société Iris Belgium, le solde étant détenu par Frédéric Rouvez.

Parallèlement à cette redistribution des cartes, les actionnaires réinvestissent 3 millions d’euros, histoire de permettre à Exki de redémarrer. C’est que l’enseigne a pris la crise en pleine figure, son cash-flow fondant comme neige au soleil. Plusieurs restaurants n’ont d’ailleurs pas encore rouvert leurs portes. Le groupe dépend en effet fortement d’une clientèle de bureaux qui travaille aujourd’hui de chez elle. Il est par ailleurs présent dans des aéroports dont tous les terminaux ne sont pas encore à nouveau pleinement opérationnels.

L’argent frais apporté par les actionnaires devrait permettre de rénover les restaurants, de construire une cuisine centrale à Nivelles et d’investir massivement dans le digital (1,2 million). Il s’agira notamment de développer une application de click & collect, ainsi que la livraison à domicile ou au bureau.

Panique au Lunch Garden

Du côté de la chaîne de restaurants en self-service, c’est plutôt la panique qui domine parmi les syndicats, ces derniers craignant une nouvelle restructuration. Il faut dire que les signaux envoyés ces derniers mois n’incitent guerre à l’optimisme. Avant l’été, la directrice générale de l’enseigne depuis 10 ans, Annick van Overstraeten, était ainsi remerciée. En cause ? Des divergences avec l’actionnaire majoritaire, le fonds d’investissement britannique Freshstream.

Dans L’Echo, l’intéressée expliquait alors : “La transformation de ces dernières années s’est faite en embarquant les syndicats. J’ai toujours essayé de trouver des solutions pour nos employés. Mais ici, il y a des décisions qui mettaient ou risquent de mettre en péril cette vision”. L’ex-patronne, qui a depuis rebondi au Pain Quotidien, refusait-elle de faire le ” sale boulot ” ? Aujourd’hui, c’est en tout cas au tour du directeur financier de Lunch Garden, Frank Gysbrechts, de quitter l’entreprise. Voilà qui renforce encore les craintes… La nouvelle CEO, Ann Biebuyck, explique à nos confrères que la période actuelle force le management à analyser “tous les scénarios possibles – dans l’intérêt de la société et de son personnel – pour garantir la continuité des activités et limiter autant que possible les conséquences éventuelles de la crise”. D’après L’Echo, toutefois, le réviseur de l’enseigne, PwC, aurait fait part au propriétaire de son inquiétude quant à la survie de l’entreprise après la crise. C’est que Lunch Garden a accru son taux d’endettement en novembre dernier, après l’échec de sa vente par Freshstream. La chaîne a en effet contracté un nouveau crédit d’un montant supérieur à la dette existante, versant au passage une bonne partie de la somme à ses actionnaires.

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