La chute du rouble étrangle les compagnies aériennes

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Des centaines d’avions cloués au sol, des milliers de voyageurs coincés pendant les fêtes: ce scénario catastrophe semble avoir été évité de justesse en Russie mais une cure de rigueur s’annonce pour les compagnies aériennes russes, étranglées par la chute du rouble.

Pendant que dans le monde entier, les transporteurs respirent face à la baisse des prix du pétrole, l’effondrement du rouble, conséquence d’une année de crise ukrainienne et de la baisse des cours du pétrole, représente une double peine pour les compagnies russes.

D’une part, la perte de pouvoir d’achat des ménages a entraîné un brusque repli du trafic sur les liaisons internationales (les plus rentables), dont les prix ont été relevés deux fois de plus de 10% en deux mois. D’autre part, les coûts en devises étrangères – surtout la location des avions en leasing – ont quasiment doublé. Or, le secteur y est particulièrement exposé: selon la Deutsche Bank, si 90% des revenus de la première compagnie russe, Aeroflot, sont dégagés en roubles, 60% de ses dépenses sont effectuées en devises.

“La situation est extrêmement grave”, résume Oleg Panteleïev, rédacteur en chef du site spécialisé AviaPort. “L’issue est évidente: puisqu’une baisse du trafic est inévitable, il faut rendre les avions aux loueurs, réduire les coûts en devises et diminuer le nombre d’avions et de vols”, explique-t-il à l’AFP.

Or les compagnies russes, profitant d’un trafic en hausse de 15% à 20% par an ces dernières années, ont commandé en nombre Airbus et Boeing neufs pour renouveler une flotte vieillissante héritée de l’époque soviétique.

Soucieux de montrer qu’il s’active face à une crise aux conséquences douloureuses pour la opulation, le gouvernement a aussitôt promis son aide avec des subventions sur les lignes intérieures et des garanties publiques pour des prêts. Pour l’expert Oleg Panteleïev, la stratégie à court terme est simple: “les compagnies doivent transporter tous les passagers pendant les fêtes”. Mais à plus long terme, “obtenir un crédit est indispensable (…) pour payer le kérosène, les aéroports et verser les salaires, mais pas suffisant pour survivre”, poursuit-il, d’autant que sur le plan économique l’année 2015 ne promet “aucune amélioration radicale”.

Le vice-Premier ministre Arkadi Dvorkovitch a prévenu: les mesures des pouvoirs publics ne pourront fonctionner que si les compagnies “rationalisent leur flotte et leurs destinations, réduisent leurs coûts”, et si les actionnaires mettent la main au porte-monnaie.

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