L’an dernier, un total de 100.113 nouvelles entreprises (structures unipersonnelles ou en société juridique) ont été créées, ressort-il jeudi de ‘l’Atlas des créateurs’ 2019 de Graydon, l’Union des Classes moyennes (UCM) et l’Unizo. C’est la première fois que la barre des 100.000 entrées est ainsi franchie en Belgique et la hausse est en outre constante depuis 2013 et plus prononcée depuis 2015.
Il y a eu 5.032 start-ups créées de plus en 2018 qu’un an plus tôt, soit une progression de 5,29%. “En résumé, la population active belge a augmenté d’au moins un cinquième au cours des trois dernières années.”
En comparaison avec 2008, lors du déclenchement de la crise, le nombre d’entreprises créées en une année s’est accru de 53,6%.
L’image de l’entrepreneur est meilleure et son statut social est plus attrayant, justifie le bureau d’informations commerciales Graydon.
La hausse la plus importante a été enregistrée en Flandre, avec 58.230 starters (+ 11,56%), tandis que la création a été plus modérée à Bruxelles (5,33%). La Wallonie, elle, plafonne; le nombre de créations y a même légèrement reculé l’an dernier (-0,20%) alors que la hausse était encore de 6,89% en 2017.
Toutes les provinces du pays ont connu une progression du nombre de nouvelles entreprises, sauf celles du Brabant wallon et de Liège.
Toujours plus de starters
La densité des starters (leur nombre par 1.000 habitants) est encore toujours plus élevée dans la capitale (10,9) et dans le Brabant wallon (9,9). La Flandre (8,9) devance la Wallonie (6,7), les provinces de Hainaut (6,6) et de Luxembourg (5,7) fermant la marche.
Près de 40% de ces jeunes pousses concernent principalement le secteur des services aux entreprises, suivi des professions libérales (15,3%) et de la construction. Les effectifs ont le plus augmenté au sein des professions libérales. C’est dès lors dans ce secteur que la croissance nette (nouvelles entreprises par rapport aux fermetures) est la plus élevée. Par rapport à 2017, le nombre de starters y a encore augmenté de plus de 9,27%. Le phénomène se concentre principalement dans les professions médicales et les services juridiques.
Plus d’une entreprise sur dix (9,0%) occupe immédiatement du personnel dans l’année de création. Graydon constate cependant un recul en la matière depuis deux ans car de plus en plus de personnes créent leur propre entreprise et y travaillent seul.
Environ six débutants sur dix sont par ailleurs des hommes. Une mauvaise nouvelle et un déséquilibre persistant, selon l’UCM. Et moins d’un starter sur dix engage un premier salarié dès sa première année de fonctionnement. La proportion est plus élevée en Wallonie (9,9%) qu’à Bruxelles (9,6%) et en Flandre (8,1%).
Enfin, deux tiers des entreprises créées en 2014 étaient encore actives à la fin 2018. Un taux de survie à cinq ans assez similaire entre le nord (66,6%), le centre (64,2%) et le sud (63,9%) du pays. Les professions libérales y sont les plus solides, l’horeca est par contre l’activité la plus fragile.
Trop peu de monde ose…
Pourtant, malgré ces constats positifs, les entrepreneurs représentent encore une (trop) petite minorité dans l’économie belge, estiment l’Unizo, la fédération des entrepreneurs flamands, et l’UCM, son pendant francophone. “Il y a encore trop de gens avec des rêves, des ambitions et des intentions d’entreprendre qui n’osent pas franchir le pas afin de les concrétiser.” Il faut leur donner davantage confiance et ne pas les effrayer, notamment en les libérant de l’excès de paperasse, plaident les deux organisations.
Les chiffres pour le sud du pays appellent en outre à une réaction wallonne, insiste l’UCM. “Le tableau n’est pas sombre mais commence à être vraiment différent de celui du nord”, commente Arnaud Depla, son secrétaire général. “Les mondes socio-économiques sont de plus en plus distants. La Flandre est au plein-emploi. Et l’image de l’entrepreneur ne fait pas rêver comme c’est le cas en Flandre. Ce statut fait peur et le marché de l’emploi en Wallonie n’est pas adapté. Il faut donc continuer à faire la promotion de l’emploi privé en Wallonie et à Bruxelles”, estime-t-il.
Cela passe notamment par travailler davantage l’esprit d’entreprendre dans les écoles, dès le primaire, insiste l’Union des classes moyennes à l’adresse des partis politiques, à un mois des élections. L’accompagnement des porteurs de projet doit s’intensifier avec une meilleure communication quant aux soutiens financiers publics disponibles, préconise-t-elle.
Le montant de la pension des indépendants doit être lié aux cotisations versées, plaide encore l’organisation, voulant une réelle protection sociale pour ce statut. L’UCM souhaite enfin la prolongation au-delà de 2020 de la dispense de cotisations patronales à l’embauche du premier salarié.