Marc Buelens

“L’optimisme est-il vraiment un atout?”

Marc Buelens Professeur

Les optimistes ne renoncent pas à leur footing si on annonce de la pluie. Les pessimistes restent chez eux.

L’optimisme est un prérequis à la volonté d’entreprendre. Là où les bureaucrates voient des problèmes, les entrepreneurs identifient des possibilités. Un optimiste voit la vie du bon côté et envisage l’avenir avec beaucoup d’espoir. Et si le pessimiste se montre bel et bien réaliste, il obtient moins de résultats parce qu’il se laisse décourager par les premiers signaux négatifs. Sur le plan social, l’optimisme est une qualité enviable car trouver dans chaque situation des personnes prêtes à prendre des risques ne peut être que bénéfique. Mais est-ce une bénédiction pour l’individu ?

Deux chercheurs américains éminents se sont récemment penchés sur la question en distinguant les faits de la fiction et les preuves de l’anecdote. Une étude prédictive menée auprès de 95.000 Américaines a clairement établi que le risque de succomber à une maladie cardiaque est 30% moins élevé chez les optimistes que chez les pessimistes. Un chiffre impressionnant, d’autant plus quand on sait que l’étude a également tenu compte des autres facteurs de risque parmi lesquels le tabagisme et l’hostilité connue pour son effet dévastateur sur la santé. L’étude confirme ce que beaucoup d’autres ont déjà observé : les optimistes se trouvent du bon côté de la courbe de survie. L’optimisme représente donc un véritable atout. Ses bienfaits semblent par ailleurs s’accroître chez les personnes âgées dont la chance d’échapper à une maladie du coeur grimpe jusqu’à près de 50%. Cet état d’esprit entraîne des conséquences moins marquées sur d’autres maladies, mais il réduit le risque de mortalité dans la plupart des cas. Les résultats des différentes études ne sont néanmoins pas aussi cohérents en ce qui concerne le cancer.

L’optimisme est-il vraiment un atout ?

Sait-on pourquoi les optimistes vivent plus longtemps ? Avec toute la circonspection scientifique qui s’impose, la réponse est sans conteste oui. Trois explications se présentent et se complètent. La première cautionne une position défendue par les entrepreneurs : plutôt que de tenter de prédire l’avenir (les pessimistes sont meilleurs à ce jeu-là), mieux vaut le concrétiser. Les optimistes ne renoncent pas à leur footing si on annonce de la pluie. Les pessimistes restent chez eux. Les optimistes suivent mieux leur régime alimentaire. En transposant cette attitude dans le monde des affaires, on pourrait affirmer que les entrepreneurs optimistes continuent de croire en une approche dont la validité a été démontrée par les experts ou le bon sens. Il ne reste plus qu’à espérer (soyons optimistes…) que le niveau des conseils en matière de stratégie d’entreprise soit aussi élevé qu’en matière de régime. Vous pensez que les conseils diététiques ne valent pas grand-chose ? Attention, cela ne dénoterait-il pas une attitude typiquement pessimiste ?

Ce qui m’a frappé à la lecture des résultats de l’étude, c’est l’attitude résolument plus proactive des optimistes dans le domaine de la santé. Ils s’efforcent d’éviter les problèmes en anticipant et optent à temps pour un mode de vie plus sain. Les pessimistes attendront plutôt de recevoir des signaux sérieux car ils sont… réalistes. Ces résultats balaient le cliché selon lequel les optimistes sont naïfs et crédules. Le rapport avec l’entrepreneuriat est clair comme de l’eau de roche. La proactivité et l’orientation vers l’avenir font partie des attitudes les plus prisées chez les entrepreneurs à succès.

La deuxième raison pour laquelle l’optimisme est un atout est d’ordre purement biologique. Le corps d’une personne optimiste ressent moins de stress et réagit en règle générale de manière plus positive à toutes sortes de défis physiques. L’optimisme va par exemple freiner le développement de l’artériosclérose.

La troisième raison est plus classique. Dans la société, les optimismes ont la cote, bénéficient de plus de soutien et disposent d’un meilleur réseau.

Une petite mise en garde s’impose toutefois. Les effets rapportés valent surtout pour l’optimisme absolu. Un léger optimisme n’engendre pas les mêmes effets. Il faut le ressentir au plus profond de soi. Comment s’y prendre ? Surfez sur Internet et découvrez une mine de conseils, qui resteront lettre morte pour un pessimiste convaincu. Et quand sonnera l’heure de sa mort prématurée, il ne pourra que conclure amèrement que toutes ces balivernes sur l’optimisme étaient d’une vacuité absolue.

Traduction : virginie·dupont·sprl

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