L’évasion fiscale de 4 géants pharmaceutiques s’élèverait à plus de 3,5 milliards d’euros

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Les quatre plus grandes entreprises pharmaceutiques au monde auraient éludé quelque 3,5 milliards d’impôts à l’échelle internationale entre 2013 et 2015, d’après un nouveau rapport d’Oxfam publié mardi.

Dans ce rapport, intitulé “Ordonnance pour la pauvreté”, l’ONG analyse les pratiques de Johnson & Johnson, Pfizer, Abbott et Merck sur base de leurs données financières disponibles. Ces quatre multinationales sont à l’origine de marques mondialement connues comme Imodium, Xanax ou Nesivine.

Alors qu’elles auraient fait une marge bénéficiaire d’environ 5% dans les pays en développement entre 2013 et 2015 et de quelque 7% dans la majorité des pays développés, les quatre entreprises enregistrent une marge bénéficiaire remarquablement plus élevée – 31% – dans des paradis fiscaux tels que les Pays-Bas, l’Irlande et Singapour, souligne Oxfam.

La disparité de ces chiffres “indique que les géants pharmaceutiques transfèrent à grande échelle leurs bénéfices vers les paradis fiscaux”, affirme l’ONG. Les estimations d’Oxfam suggèrent que neuf pays riches et sept pays en développement auraient ainsi perdu ensemble jusqu’à 3,5 milliards d’euros de taxes. Les États-Unis sont de loin les plus grands perdants, mais des pays comme la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Inde et la Colombie pourraient aussi avoir souffert de pertes de dizaines de millions d’euros, selon l’ONG.

D’après le rapport, les paradis fiscaux tels que l’Irlande, les Pays-Bas et Singapour joueraient un rôle clé dans l’évasion fiscale. Les multinationales bénéficient par ailleurs de nombreux avantages fiscaux dans d’autres pays. En Belgique, par exemple, elles peuvent déduire les intérêts notionnels.

“Les plus grandes entreprises pharmaceutiques semblent faire de l’évasion fiscale à grande échelle et font pression sur les gouvernements pour obtenir encore plus d’avantages fiscaux”, souligne Maaike Vanmeerhaeghe, spécialiste justice fiscale et inégalités pour Oxfam.

“La Belgique a réformé certains de ses avantages fiscaux, mais grâce à d’autres tels que la déduction pour les revenus d’innovation, les géants pharmaceutiques peuvent encore réduire leur facture fiscale de façon considérable”, poursuit-elle.

Le rapport d’Oxfam critique par ailleurs l’influence excessive du secteur pharmaceutique. A Bruxelles, le secteur dit dépenser près de 40 millions d’euros pour influencer le processus décisionnel européen, un montant qui s’élève à 200 millions de dollars par an aux Etats-Unis. Le lobby pour influencer les politiques est également considérable en Belgique et dans les pays en développement, conclut l’ONG.

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