L’épisode interactif, nouveau pari de Netflix

© PG/Netflix

Les narrations interactives existaient déjà sur d’autres supports, comme le livre, le film ou encore les jeux vidéos. Et donc, pourquoi pas l’épisode ?

Une question de technique

L’épisode interactif, pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt ? Après tout, les narrations ” interactives ” ne sont pas naissantes : il y a les jeux vidéos, évidemment, mais aussi les livres, d’heroic fantasy pour la plupart, qui proposent à chaque fin de chapitre plusieurs alternatives à la fiction, à vite découvrir en page 42 ou 135. Quelques films ont aussi tenté l’aventure – dont Memento, de Christopher Nolan -, sans révolutionner l’industrie. Dans le camp adverse se murmure que ce n’est tout simplement pas intéressant : depuis des milliers d’années, les hommes consomment les récits passivement. Pourquoi changer ? Netflix conteste : pour lui, seul l’édifice technique manquait. Libéré de la linéarité, de la périodicité hebdomadaire figée et du sacro-saint prime time, le maître de ” l’Internet TV ” allait finalement le bâtir. ” Mon travail a démarré avec une question “, précisait Carla Engelbrecht Fisher à The Verge. Quelles histoires peut-on raconter chez Netflix, et quelles histoires ne peuvent être racontées ailleurs ? ”

Ne plus seulement regarder : décider

Vous êtes plutôt ” five o’clock tea ” ou ” franche castagne ” ? Et la reine, on l’embrasse ou on lui serre la pince ? Ce sont les durs dilemmes de L’épopée du Chat Potté, prisonnier d’un conte, l’une des productions 2017 de Netflix sortie en juin dernier. Le pitch : le célèbre chat aux bottes et à l’accent chantant popularisé par le film Shrek se retrouve happé dans un vieux manuscrit. Pour s’en échapper, il devra affronter cochon géant, dragon et autres ours. Jusque-là, du très classique. Sauf qu’un tout nouveau personnage débarque sur le devant de la scène : vous. Ce spin-off du Chat Potté est en effet le premier film 100 % interactif du service de vidéo à la demande américain – et son dernier gros challenge.

En chiffres

25%. Netflix a déjà enregistré cette année une croissance de 25 % de ses usagers par rapport à 2016 (membres en période d’essai compris). C’est surtout grâce aux utilisateurs dits “internationaux” : ils ont récemment dépassé le nombre d’inscrits américains.

50-50. Initiée en 2013, la stratégie à long terme de Netflix est d’atteindre 50 % de contenu original diffusé sur sa plateforme (les films et séries produits de A à Z, les coproductions et les productions extérieures concédées à titre exclusif).

20 ans. Fondée en 1997, l’entreprise proposait à l’origine de louer des DVD via son site netflix.com et à récupérer dans sa boîte aux lettres. Il faudra attendre 2007 pour que Netflix se lance dans le streaming, et 2014 pour que la Belgique puisse en profiter.

1.000 heures de contenu original

En 2013, le public découvrait le stratège Frank Underwood, sa manie de briser le quatrième mur de House of Cards et, sans trop le savoir, la première d’une longue liste de productions estampillées Netflix. A l’époque de House of Cards, il en y avait 13 ; la page web ” Netflix Originals ” en propose actuellement 336. Pour 2017, le colosse américain prévoit d’ajouter 1.000 heures de contenu original à son catalogue, soit un investissement de 6 milliards de dollars, interactive storytelling inclus – histoire de se différencier toujours plus de Amazon et Hulu, ses grands rivaux. Un second épisode interactif, pour enfants toujours, a d’ailleurs été lancé en juillet (Buddy Thunderstruck). Un troisième (Stretch Armstrong : The Breakout) est promis pour 2018. Bref, résume-t-on chez Netflix, on expérimente. Et avec 104 millions de spectateurs voraces éparpillés dans plus de 190 pays, il peut se le permettre.

“L’interactive storytelling”, un jeu d’enfant

Des décisions toutes les deux à quatre minutes, 13 à prendre au total avant le happy end (ou non) : L’épopée du Chat Potté se ramifie au gré des envies du spectateur, télécommande de Smart TV ou iPhone au poing (les utilisateurs d’Android devront patienter). La structure narrative reste pourtant assez simple, et le récit pas très long, entre 18 et 39 minutes. C’est que le premier projet d’interactive storytelling de Netflix – deux ans de travail avec DreamWorks et un investissement rigoureusement tu – cible en priorité… les enfants. Pour Carla Engelbrecht Fisher, la director of product innovation du géant du streaming, c’était bêtement évident : ” Les enfants parlent déjà à leur écran, ils le touchent et pensent qu’il est interactif “, confiait-elle au magazine The Verge. Pas faux : souvenez-vous de la petite nièce mugissant devant Dora l’exploratrice. ” Nous avons mené de vastes recherches et parlé à de nombreux enfants et parents pour récolter des données qualitatives, écrivait encore Carla Engelbrecht Fisher sur le blog officiel de l’entreprise. Maintenant, nous avons hâte de voir comment nos membres vont s’approprier l’expérience. ”

Par Chloé Glad.

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