L’entreprise de Louvain-la-Neuve IDDI donne coup de pouce à la médecine personnalisée

Damien Tremolet © PG

L’entreprise développe une méthode statistique innovante, qui pourrait bousculer les essais cliniques.

Vous trouvez que les projets de recherche conduisent trop rarement à des développements industriels ? Regardez un peu l’évolution de la société néo-louvaniste IDDI (International Drug Development Institute), spécialisée dans la collecte et l’analyse statistique des données pour les essais cliniques des firmes pharmaceutiques. IDDI avait initié une recherche dans le cadre du Plan Marshall en vue de mettre au point un logiciel de détection des erreurs dans les bases de données cliniques, menant à la création de Cluepoints, une entreprise dans laquelle IDDI et la SRIW ont une participation, et qui emploie aujour-d’hui 50 personnes.

Ils remettent cela aujourd’hui avec Benefit, une recherche qui vise à valider scientifiquement une nouvelle méthodologie statistique des essais cliniques. Cela devrait permettre à IDDI d’étendre ses activités (avec à la clé la création d’une quinzaine d’emplois) et même de commercialiser des applications informatiques spécifiques, précise Damien Tremolet, CEO d’IDDI. Dès le démarrage du projet de recherche, les déclinaisons industrielles sont ainsi très concrètement envisagées, ce qui mérite d’être souligné.

La qualité de vie du patient prise en compte

Venons-en à cette recherche. Elle s’attaque à une méthode statistique innovante, publiée par IDDI en 2010, basée sur ” les comparaisons généralisées par paires “. Les essais cliniques sont d’ordinaire évalués selon un critère principal (évolution d’un symptôme, progression de la maladie, etc.), en reléguant à un second plan d’autres critères comme la qualité de vie du patient ou la tolérance aux effets secondaires. Or, ces critères peuvent être essentiels pour de nombreux patients, et certainement en oncologie, la spécialité où l’expertise d’IDDI est la plus reconnue. ” La nouvelle méthode que nous proposons permet de tenir compte de l’ensemble de ces critères, les médecins et les patients déterminant leurs propres priorités quant aux effets attendus du traitement, explique Damien Tremolet. Ces critères sont propres à la perception ou aux objectifs de chacun, c’est donc une avancée vers une médecine personnalisée. A terme, on peut même imaginer qu’un médicament reçoive des indications particulières dans une hiérarchie de critères. Cela peut être important pour l’acceptation d’un médicament par le patient, comme par les autorités réglementaires. ”

Ce projet s’étalera sur 30 mois. Il représente un investissement de 2 millions d’euros, dont la moitié est prise en charge par la Wallonie et Bruxelles. Le géant de la pharma Bristol-Myers-Squibb y participe, ainsi que l’UCLouvain, l’université de Lyon et l’Or-ganisation européenne de recherche et du traitement du cancer. IDDI emploie 110 personnes et a réalisé l’an dernier un chiffre d’affaires de 12,5 millions d’euros. Ses services statistiques ont déjà été utilisés dans le cadre de plus de 1.000 projets de recherche par l’industrie pharmaceutique.

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