“L’économie circulaire ne doit pas faire peur aux entreprises”

Rudi Vervoort au côtés du couple royal, du grand-duc Henri et de Carole Dieschbourg, la ministre de l'Environnement luxembourgeoise © Belga

La semaine dernière, Rudi Vervoort (PS), ministre-président de la Région Bruxelles-Capitale, a accompagné le couple royal et leur délégation en visite d’état au Luxembourg. Il a profité de l’occasion pour braquer les projecteurs sur l’économie circulaire dans la capitale belge, désireux d’exporter le know-how bruxellois à l’étranger.

Pour rappel, l’économie circulaire a pour ambition de développer le potentiel des ressources et des matériaux, en évitant le gaspillage et en les réintégrant dans un système qui les réutilise, le contraire donc de l’économie linéaire, qui consiste à extraire les matières premières, les transformer en produit qu’on va commercialiser et qui, la plupart du temps, va finir à la poubelle. Parmi les acteurs de l’économie circulaire, citons les installateurs de panneaux solaires, les architectes qui utilisent des matériaux réutilisables, la gestion de covoiturage, etc.

D’après la Fondation Ellen McArthur, le budget consacré aux matières premières en Europe pourrait diminuer de 32%, soit d’environ 600 milliards d’euros d’ici 2030 grâce à l’économie circulaire. Le modèle rapporterait 1800 milliards d’euros, ce qui ferait grimper le PIB européen jusqu’à 11% d’ici 2030 et de 27% d’ici 2050, contre 4 et 15% si on garde le modèle actuel.

262 000 emplois en Belgique

À l’heure actuelle, 262 000 emplois sont circulaires en Belgique, soit 7,5% de l’emploi total. La Fondation Roi Baudouin distingue trois types d’emplois circulaires : les emplois de base qui veillent à l’utilisation des matières premières en circuit fermé (les énergies renouvelables, le recyclage et la réparation), les emplois porteurs qui soutiennent l’accélération et le développement des activités de base (la location, le leasing et le numérique) et indirectement circulaires qui fournissent des services aux activités de base et porteuses (l’éducation, la logistique et le secteur public).

Pour la Région de Bruxelles-Capitale, ce taux atteint les 8,1% pour 58 000 emplois, et Rudi Vervoort souhaite encore augmenter ce nombre d’autant plus, déclare-t-il au Vif.be, “qu’il s’agit d’emplois non délocalisables”. Lors d’un séminaire organisé au Centre nature et forêt Biodiversum à Remerschen au Luxembourg, Rudi Vervoort a expliqué sa vision de l’économie circulaire pour Bruxelles, une thématique qui se trouverait “au coeur des préoccupations actuelles des citoyens”.

En 2016, Bruxelles a adopté un Programme régional d’économie circulaire (PREC), dont l’objectif est triple : transformer les objectifs environnementaux en opportunités économiques, ancrer l’économie à Bruxelles afin de contribuer à produire localement et finalement contribuer à créer de l’emploi.

“Le nouveau gouvernement bruxellois compte bien relever les défis sociaux, économiques, et environnementaux qui s’annoncent”, déclare Vervoort, à la tête depuis juillet dernier d’un gouvernement PS-Ecolo-DéFI-Groen-Open Vld-one. Et souligne-t-il, il compte le faire en “ne laissant personne de côté, car en effet, si la transition environnementale est une réalité, la précarité de certains de nos concitoyens l’est également”.

Leader de la construction durable

À en croire Rudi Vervoort, la capitale belge possède tous les atouts nécessaires, notamment en matière d’éco-construction, pour devenir un modèle d’économie circulaire. “Bruxelles peut s’appuyer sur un écosystème riche avec des entreprises, centres de formation et de recherche et même un cluster spécifique dédié à la construction durable : ecobuild.brussels. Bruxelles est devenu l’un des leaders mondiaux de la construction durable grâce à la combinaison d’un cadre législatif strict et d’incitants financiers qui font de la Région un endroit où il est bon d’investir”, a-t-il déclaré au Luxembourg.

Aujourd’hui, la notion d’économie circulaire est encore assez méconnue des entrepreneurs bruxellois. Si selon une étude de l’agence bruxelloise pour l’accompagnement de l’entreprise hub.brussels, près des trois quarts d’entre eux ignorent ce que recouvre le terme, Rudi Vervoort se veut optimiste. “Aujourd’hui, il y a encore une dimension parfois un peu artisanale au niveau des initiatives qui sont prises, mais à un moment ça va devenir le standard, et donc le fait de recycler, s’imposera dans les années qui viennent”, explique-t-il. À Remerschen, il souligne que l’économie circulaire ne doit pas faire peur aux entreprises : “les experts abondent dans le même sens : l’économie circulaire représente une opportunité économique et une source d’emplois”.

Pas uniquement l’usage du vélo

Il souligne le rôle essentiel de la jeunesse bruxelloise dans cette transition économique et environnementale : “On ne mesure pas le changement de mentalité du citadin. On le sent, ce n’est pas que l’usage du vélo, c’est un mode de vie qui est train de s’installer dans les villes, donc et c’est évidemment au travers de la jeunesse que ce mode de vie est train de s’imposer”.

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