L’Airbus A400M, programme européen emblématique, frappé de retards et de surcoûts

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L’avion de transport militaire Airbus A400M, dont le premier des huit exemplaires belgo-luxembourgeois sera livré en mai 2020, est un programme emblématique de la défense européenne qui semble avoir trouvé son rythme de croisière, après des années de retards et des milliards d’euros de surcoûts.

Cet avion, qui est capable d’effectuer à la fois des missions tactiques et des vols stratégiques à 6.400 km de distances, est censé compenser des lacunes des armées européennes maintes fois constatées en matière de transport aérien. Mais il arrive dans des unités avec un retard de plusieurs années. Le premier prototype de l’A400 avait effectué sa sortie d’usine en grande pompe, en présence du roi d’Espagne de l’époque, Juan Carlos, le 26 juin 2008 à Séville (sud de l’Espagne), où se trouve la chaîne d’assemblage final. Il n’avait réalisé son premier vol qu’en décembre 2009, avec près de deux ans de retard sur le calendrier initial.

A l’époque, le Luxembourg et la Belgique, clients de lancement de cet avion de nouvelle génération avec l’Allemagne, l’Espagne, la France, le Royaume-Uni et le Turquie, espéraient recevoir leur premier exemplaire en 2017 et 2018 respectivement. Mais la mise au point de l’appareil a été nettement plus laborieuse et couteuse que prévu. A ce jour, 77 A400M ont été livrés à six pays – cinq européens (Allemagne, Espagne, France, Royaume-Uni et Turquie) ainsi que la Malaisie, qui en a reçu quatre exemplaires) -, a indiqué mardi le responsable du site de Séville, Martin Armas. Dix-sept appareils de ce type, également baptisé Atlas, ont été livrés en 2018 contre 19 en 2017, avec quinze avions seulement prévus en 2019.

Le ministère français des Armées a annoncé mardi avoir perçu un quinzième appareil, sur les 50 commandés. Selon Airbus, la cadence devrait encore se réduire – à huit appareils à partir de 2020. Cet ajustement est le fruit de discussions menées avec les nations clientes de lancement de l’A400M (Allemagne, Espagne, France, Royaume-Uni, Turquie, Belgique et Luxembourg) qui ont prévu d’acheter 174 appareils, une réduction sensible par rapport à la cible initiale de 190 exemplaires, en dépit d’une commande à l’exportation venue de Malaisie pour quatre avions. Airbus continue toutefois à explorer des opportunités à l’export pour dépasser ce niveau. En février, en présentant ses résultats annuels 2018, le groupe européen avait indiqué avoir été contraint de passer une nouvelle provision de 436 millions d’euros. “S’agissant de l’A400M, nous sommes parvenus à remettre à plat le programme avec nos clients gouvernementaux et les ratifications nationales devraient être finalisées au cours des prochains mois. En outre, nous avons significativement réduit les risques du programme A400M en 2018”, avait souligné l’ex-patron d’Airbus, Tom Enders, peu avant son remplacement par le Français Guillaume Faury.

Selon Airbus, les activités de rétrofit (remise à niveau des premiers appareils livrés et modernisation d’équipements existants) progressent conformément au calendrier convenu avec les Etats clients. Airbus, qui a déjà passé plusieurs provisions au cours des dernières années sur ce programme (1,3 milliard en 2017 et 2,2 milliards en 2016) ayant enregistré d’importants surcoûts et retards, prévient que “des risques demeurent, notamment en ce qui concerne le développement des capacités techniques, la sécurisation de commandes suffisantes à l’export dans les temps, la fiabilité opérationnelle des avions, et tout particulièrement des moteurs, et la réduction des coûts conformément au nouveau référentiel”.

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