L’accord entre Swiss et Lufthansa: un modèle pour Brussels Airlines?

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Le gouvernement suisse va injecter 1,4 milliard d’euros dans les compagnies aériennes Swiss et Edelweiss Air. Une aide assortie de conditions strictes. Et un exemple à suivre pour Brussels Airlines, filiale du groupe allemand Lufthansa au même titre que la compagnie suisse ?

Mardi 5 mai, le parlement fédéral suisse a donné son feu vert à l’octroi de prêts garantis par l’État à destination des compagnies aériennes Swiss et Edelweiss Air, la filiale dédiée aux vols de vacances. Toutes deux appartiennent au groupe allemand Lufthansa. Néanmoins, les Suisses ont pu faire valoir toutes sortes d’exigences. Un modèle pour Brussels Airlines ?

Swiss est la filiale la plus rentable du groupe, alors que Brussels Airlines est le moins bon élève. Le gouvernement suisse garantit 85% des prêts demandés par Swiss et Edelweiss Air. Au total, le montant de 1,5 milliard de francs suisses (1,4 milliard d’euros) sera mis à disposition par un consortium de banques composé de UBS et de Crédit Suisse. Il s’agit d’un prêt d’une durée de cinq ans, avec un taux d’intérêt compris entre 2,5 et 3,5%.

Lufthansa va également injecter de l’argent dans Swiss. La société mère ne versera pas de dividende pour l’exercice 2019, ce qui lui permet de conserver 300 millions de francs suisses pour d’autres opérations. De plus, les Allemands fourniront 200 millions de francs suisses en liquidités. Lufthansa apporterait également des fonds supplémentaires dans Brussels Airlines en échange d’un soutien de l’État, a déclaré l’administrateur Etienne Davignon au Trends à la mi-avril.

Les conditions

Les Suisses ont négocié toutes sortes de conditions. L’argent ne peut pas être versé à la société mère allemande. Les prêts sont uniquement accordés en fonction des besoins des entités suisses. Techniquement, on parle de “ringfencing”.

Les filiales ont donné leurs actions en gage au gouvernement en échange des prêts. Si ceux-ci ne sont pas remboursés, Swiss et Edelweiss Air redeviendront la propriété de l’État – un scénario que le gouvernement préférerait éviter. En outre, tant que les sommes prêtées ne seront pas été restituées, aucun dividende ne sera versé.

Synonyme de qualité, la marque Swiss sera conservée. Ces dernières années, la question du maintien du nom Brussels Airlines a été régulièrement débattue en Belgique.

Le siège des filiales suisses restera également sur le sol national. “La navigation aérienne est une activité stratégique pour notre économie”, explique un porte-parole du ministre fédéral des Finances, Ueli Maurer. “Une longue interruption des liaisons internationales à partir de la Suisse se révélerait trop préjudiciable pour notre économie. Nous devons éviter cela.”

Outre le soutien aux compagnies aériennes, une aide a été également débloquée pour les fournisseurs en maintenance technique, services de check-in, catering et manutention. Une enveloppe supplémentaire de 600 millions de francs suisses est destinée à des entreprises telles que Gategroup, Swissport et SR Technics.

Fait remarquable, les Suisses ont stipulé que Zurich devra conserver une fonction de plaque tournante internationale. L’aéroport s’est développé en collaboration avec les centres allemands de Francfort et de Munich. “Lufthansa nous a donné des garanties. Le développement des liaisons intercontinentales sera équilibré entre les trois pôles.”

Fondation suisse de contrôle

Comment les Suisses s’assurent-ils de ne pas être floués par les Allemands ? Tout d’abord, l’octroi des crédits est contrôlé de très près. L’argent doit aller aux activités suisses.

En outre, une fondation sera créée pour contrôler les engagements pris. “Nous ne voulions absolument pas de participation dans Swiss ni dans Edelweiss”, souligne le ministère fédéral des Finances. “Leur succès est étroitement lié à une forte intégration dans le groupe Lufthansa. Ce modèle s’est révélé bénéfique jusqu’à présent. Même après la crise du coronavirus, il doit le rester.”

La fondation – qui est toujours en cours de création – est composée de trois membres de l’État fédéral, un de Swiss et un de Lufthansa. “Si Lufthansa ne tient pas ses engagements, la fondation engagera une procédure pour les faire respecter dans un délai clairement défini.”

Le recours à une fondation n’est pas nouveau. Selon les Suisses, Lufthansa a acheté Swiss en 2005 pour une bouchée de pain. Une fondation a également vu le jour à l’époque. Elle visait à préserver l’indépendance de Swiss au sein du groupe Lufthansa et a été finalement dissoute en 2015.

Traduction : virginie·dupont·sprl

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