Juan Murillo (Carmeuse): “Le secteur industriel belge est résilient face à la crise énergétique”
Dans notre Trends Talk, le directeur général de Carmeuse, fleuron mondial dans l’industrie de la chaux, lève le voile sur la belle histoire de cette société wallonne. Et évoque les défis de la transition énergétique.
C’est une belle histoire wallonne. Carmeuse, fondée en 1860 à Moha près de Huy en pleine révolution industrielle, continue à dominer le secteur mondial de la chaux. La société est deuxième au monde, après une autre société belge, active sur tous les continents, majoritairement aux Etats-Unis et au Canada.
“Je dis souvent en riant que nous ne sommes pas le plus vieux métier du monde, mais que nous sommes un vieux métier quand même, sourit Juan Murillo, directeur général de Carmeuse pour l’Europe de l’ouest, invité du Trends Talk, qui passe en boucle ce week-end sur Canal Z. La chaux est produite depuis des millénaires. J’ai la faiblesse de croire qu’on le produit de manière plus qualitative et efficace que nos ancêtres. Mais tout en étant un vieux métier, nous le faisons en étant tournés vers l’avenir.”
Juan Murillo explique les débouchés de plus en plus nombreux de cette pierre venue du fond des âges – issues de sédiments de coquillages, quand une mer tropicale recouvrait la Wallonie. “Un des motifs de fierté quand on travaille chez Carmeuse, et on ne le sait souvent pas, c’est de voir à quels points nos produits font partie du quotidien. Que l’on produise de l’acier, du papier ou du verre, on a besoin de chaux. Mais nous sommes aussi présents dans le traitement des eaux usées, la dépollution des fumées industrielles ou des incinérateurs, l’aménagement des sols, la construction… A peu près tout ce que vous avez touché depuis ce matin a vu du calcaire ou de la chaux.”
Cette industrie, particulièrement énergivore, souffre bien sûr de la conjoncture actuelle. Mais jusqu’ici, elle tient le choc. “Je ne suis pas sûr que l’on puisse réellement parler, à ce stade-ci, de crise énergétique, explique le directeur général de Carmeuse. Il y a différents éléments qui sont en place et qui pourraient nous faire basculer dans une telle crise, mais quand je compare le secteur industriel belge avec le reste de l’Europe, je constate qu’il est assez résilient. Il y a un ralentissement, que l’on ressent certainement depuis la fin de l’été, mais néanmoins, on tient la barre.”
Dans ce passionnant Trends Talk au coeur d’une société assez secrète, Juan Murillo évoque encore les investissements importants conssentis pour faire face au défi de la décarbonation de l’industrie. “Quand on est face à un défi, c’est toujours une opportunité, dit-il. Notre objectif, qui est aligné sur les objectifs plus larges notamment au niveau européen, c’est d’être neutre en carbone d’ici à 2050. Pour y parvenir, nous avons défini toute une série d’actions: on va travailler évidemment sur l’efficacité énergétique de nos installations, sur une utilisation de combustibles différents, sur la diminution de l’empreinte carbone de nos produits, mais aussi sur des projets disruptifs qui doivent permettre la séquestration et l’utilisation du CO2. Pour le moment, le projet le plus novateur et le plus abouti sur lequel nous sommes en train de travailler, c’est un projet en partenariat avec John Cockerill et Engie. C’est important de chercher de l’aide et de mettre en commun certaines ressources.”
Le projet, baptisé Colombus, consiste à trouver une solution industrielle pour produire du gaz de synthèse, en combiant des molécules d’hydrogène et des molécules de CO2. Davantage de détails dans notre Trends Talk, qui passe ne boucle à partir de samedi 11h sur Canal Z
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