“Il faut abandonner cette logique du ‘tout ou rien’ pour l’horeca”

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En vue d’un nouveau Comité de concertation cette semaine, 16 dirigeants d’entreprises font entendre les revendications du secteur de l’horeca qu’ils estiment complètement mis de côté par les autorités fédérales dans le contexte de la crise sanitaire. Guido Vanherpe, CEO de La Lorraine Bakery Group, est leur porte-parole, il a répondu à nos questions.

Quelle est la situation de votre entreprise aujourd’hui ?

Chez La Lorraine, nous sommes fournisseurs de l’horeca, principalement en produits de boulangerie surgelés. Nous sommes aussi propriétaires de la chaîne Panos. La fermeture de l’horeca depuis pesque 6 mois pèse lourdement sur notre entreprise. Nous remarquons depuis le début du confinement des pertes importantes de notre chiffre d’affaires, de l’ordre de -20%, alors que nous sommes une entreprise en pleine croissance (+8%), c’est énorme ! En tant que fournisseur, nous n’avons reçu aucune aide du gouvernement comme dédommagement. Nous devons continuer à payer des coûts fixes importants qui pèsent sur notre rentabilité.

Quelle est la conséquence de cette fermeture pour le secteur ?

La conséquence, c’est une perte financière énorme et un manque de perspectives pour tout le secteur, ses entreprises et tous ses fournisseurs. Plus de 60.000 entrepreneurs et 140.000 employés de l’horeca souffrent d’une fermeture imposée qui perdure. Horeca Vlaanderen a calculé que durant cette période, le secteur a subi une perte de chiffre d’affaires d’environ 3 milliards d’euros rien qu’en Flandres. La situation à Bruxelles et en Wallonie est toute aussi alarmante. Le secteur de l’alimentation belge a quant à lui perdu près d’1,5 milliard d’euros.

Que demandez-vous aux autorités ?

L’horeca est un secteur, tout comme la culture avec lequel nous sommes solidaires, complètement oubliés par les autorités depuis près de 6 mois. Nous ne sommes plus au menu des négociations. Ce secteur souffre à 100% de la situation. Aujourd’hui, toutes ces entreprises et leurs employés méritent une perspective et un engagement clairs. Nous demandons aux autorités de nous apporter de la clarté lors du prochain comité de concertation prévu cette semaine. Nous voulons des certitudes sur une ouverture totale au 1er mai. Nous ne voulons plus entendre des “peut-être”. Il faut abandonner cette logique du “tout ou rien”. Pourquoi continuer à punir le secteur horeca alors qu’il a déjà démontré qu’il pouvait accueillir les clients de manière sécurisée ?

Comment pourrait s’envisager une réouverture des restaurants ?

L’approche doit être structurée et sécurisée. Elle doit se faire de manière progressive, avec dès le 1er avril, une ouverture des terrasses de façon sécurisée. Les acteurs de l’horeca ne peuvent en effet pas redémarrer en quelques jours. Les entreprises qui les approvisionnent doivent également être en mesure de constituer leurs stocks des semaines à l’avance afin de pouvoir les livrer dans de bonnes conditions. Les mesures de soutien qui les concernent doivent rester en place. Parce qu’en matière d’aides aussi, c’est la logique du “tout ou rien” qui prime aujourd’hui. Soit vous recevez un soutien, soit vous travaillez. Dès lors, les entrepreneurs n’ont d’autre option que d’accepter un report. Il n’y a là aucun juste milieu.

Vous insistez sur la date du 1er mai…

Il faut absolument que la date du 1er mai soit une certitude pour le secteur, qu’il soit certain de rouvrir à cet horizon. Lors du déconfinement en mai 2020, les restaurateurs et tenanciers d’autres établissements ont pu démontrer que les mesures sanitaires pouvaient être mises en place et être bien respectées. Nous en savons aussi plus sur le virus, notre système de santé est mieux préparé, et les personnes les plus vulnérables ont été vaccinées. On mise aussi massivement sur les tests rapides, qui démontrent leur utilité et nécessité.

Nous restons persuadés que les restaurants peuvent servir de catalyseurs très sûrs en matière de respect des mesures sanitaires. Cela permettra d’éviter que trop de personnes ne se rabattent sur les parcs dès les beaux jours venus, ou n’organisent des repas à la maison. Il est crucial que le gouvernement tienne compte de cette nouvelle réalité. Nous restons toutefois bien conscients que la situation épidémiologique reste délicate et qu’elle influence les décisions prises en la matière.

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