Ice-Watch l’a échappé belle en Chine

En produisant ses Ice-Watch à Shenzen en Chine, Jean-Pierre Lutgen, fondateur de cette entreprise au succès aussi phénoménal qu’inattendu, avait oublié de protéger sa marque du côté de l’empire du Milieu, ou du moins son conditionnement via la protection de la marque tridimensionnelle ou 3D. Un non-enregistrement qui a donné des idées à son producteur chinois…

La planète horlogère n’en revient toujours pas. Lancées voici près de trois ans par un Bastognard inconnu dans le secteur, les montres wallonnes Ice-Watch connaissent un succès phénoménal avec quelque 600.000 tocantes en plastique vendues par an dans 1.500 points de vente répartis dans plus de 50 pays et pour un chiffre d’affaires de plus de 50 millions d’euros.

Un succès qui ne se dément pas au fil du temps : depuis le début de l’année, la petite société wallonne écoule en moyenne 200.000 montres par mois. “La barre des 300.000 sera vite dépassée en juillet et je m’attends à ce que nous vendions 500.000 montres par mois à partir d’octobre”, augure Jean-Pierre Lutgen, le fondateur de la société.

A 44 ans, cet ancien dirigeant d’une société d’objets publicitaires l’a pourtant échappé belle en ce qui concerne la protection de son produit phare. Ne pouvant légitimement déposer de brevet sur la montre (vu l’absence d’avancée technologique), Jean-Pierre Lutgen axe toute sa communication et son originalité sur l’association du trio “montre/couleurs flashy/boîte sympa”, afin de valoriser son identité visuelle. Le packaging proposé par Jean-Pierre Lutgen joue en effet un rôle-clé dans le succès d’Ice-Watch. Présentées dans une “brique” colorée empilable à l’infini à l’instar des blocs Lego, les montres peuvent ainsi facilement être superposées dans les vitrines des magasins tout comme chez les consommateurs, qui peuvent aussi s’en servir, accessoirement, comme tirelire. Dès lors, l’authenticité et l’identité du produit passe inévitablement par ce trio, dont seule la boîte en plastique peut être protégée.

Seulement voilà, en produisant ses Ice-Watch à Shenzen en Chine où 3.500 ouvriers s’activent pour lui, Jean-Pierre Lutgen avait oublié de protéger sa marque du côté de l’empire du Milieu, ou du moins son conditionnement via la protection de la marque tridimensionnelle ou 3D. Un non-enregistrement qui a donné des idées à son producteur chinois. Vu le succès, ce dernier s’est ainsi empressé d’enregistrer lui-même la boîte, s’offrant ainsi une exclusivité et une protection pour la Chine et Hong Kong.

En perdant cette “immunité”, Jean-Pierre Lutgen a failli s’étrangler car les intentions de son producteur mandarin n’étaient pas claires. Patience, sérénité et négociations auront toutefois raison de ces “chinoiseries”. “Nous avons finalement récupéré, voici trois semaines, nos droits autour d’un bon verre, souffle le patron bastognard. Et ce, sans débourser le moindre yuan.” Il semblerait en effet qu’à l’exception des frais d’avocats, la contrepartie pour la rétrocession de la protection 3D se soit concentrée sur la prolongation du contrat de production dans l’usine de Shenzen.

Retenant la leçon, Jean-Pierre Lutgen s’est désormais tourné vers le cabinet d’avocats Ramquet-Pricken afin de préserver sa propriété intellectuelle à travers le monde. Car le succès de ses montres suscite les appétits de certains concurrents. Ice-Watch a déjà porté plainte contre des modèles aux ressemblances troublantes produits par Jet Set Watches, Timepieces ou Avalanche. Chez nous, plusieurs saisies conservatoires ont été opérées à Liège, Bruxelles et Anvers. Cela devrait aussi être bientôt le cas en France.

Valéry Halloy

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