Grève Ryanair le weekend du Nouvel an: quel impact en Belgique pour les voyageurs?
Le personnel de cabine de Ryanair basé en Belgique annonce une grève les week-ends du 30, 31 décembre et 1er janvier et le premier week-end de la nouvelle année (7 et 8 janvier). A quoi faut-il s’attendre et comment faire valoir un remboursement lors d’une annulation de vol ?
Les hôtesses et stewards de Ryanair basés en Belgique seront en grève lors du dernier week-end de l’année, c’est-à-dire les vendredi 30 et samedi 31 décembre et le dimanche 1er janvier, ainsi que les samedi 7 et dimanche 8 janvier, à la fin des vacances de Noël, ont annoncé les syndicats chrétiens francophone CNE et flamand ACV Puls. Ils protestent contre l’attitude du transporteur irlandais, qui refuse toujours de garantir le salaire minimum légal en Belgique (lire aussi l’encadré ci-dessous).
Cette grève du personnel de cabine entrainera des perturbations pour les voyageurs de la compagnie aérienne low cost. Elle causera l’annulation de 128 vols au départ et à l’arrivée de Brussels South Charleroi Airport (BSCA) durant le week-end du Nouvel An, ressort-il de la liste des vols sur le site web de l’aéroport.
De leur côté, les pilotes belges de la compagnie aérienne à bas coût ont mis en garde jeudi qu’ils comptent aussi se mettre en grève si le transporteur fait appel à des employés étrangers pour contourner la grève prochaine du personnel de cabine belge.
Le nombre exact de passagers concernés par ces annulations n’est pas connu mais le CEO de l’aéroport de Charleroi estimait leur nombre à 19.000 en début de semaine, lorsque seules 107 annulations avaient été confirmées pour le week-end du Nouvel An. Ce nombre pourrait monter à 22.000.
L’aéroport de Charleroi fortement touché
Seuls les vols au départ de Charleroi (BSCA) et opérés par du personnel de cabine basé en Belgique seront concernés. Il s’agit notamment d’avions à destination de Tenerife, Dublin, Malaga, Lisbonne et Marrakech.
Les 15 avions de Ryanair basés à l’aéroport de Charleroi et pilotés par du personnel basé en Belgique resteront donc cloués au sol. Les vols opérés par du personnel étranger voleront normalement.
A Zaventem, les perturbations seront probablement nulles, puisque plus aucun appareil n’y est stationné depuis la fin octobre.
Ryanair a confirmé que les personnes décollant les 30, 31 décembre ou 1er janvier ont été prévenues au plus tard le 28 décembre du maintien ou non de leur vol. Les personnes dont le départ est prévu le 7 ou 8 janvier ont été informées du statut de leur vol le 23 décembre. Le nombre d’annulations pour le week-end des 7 et 8 janvier n’est pas encore connu.
Comment être indemnisé en cas de vol annulé ?
Lorsque le personnel d’une compagnie aérienne fait grève, la compagnie ne peut pas parler de force majeure. Elle doit donc réassigner le vol sans frais supplémentaires ou rembourser le billet du voyageur.
“La force majeure ne s’applique pas lorsque les annulations sont la conséquence d’une grève du personnel de la compagnie“, rappelle Julie Frère, porte-parole de Test-Achats. Une force majeure pourrait par exemple être invoquée en cas de grève des contrôleurs aériens, stipule l’organisation de défense des consommateurs. C’est aussi le cas en cas de grève du personnel de sécurité, comme en octobre dernier à l’aéroport de Charleroi. Ou encore, d’une grève des bagagistes.
Si la compagnie aérienne annule un vol, ou s’il y a un retard de plus de trois heures, le voyageur a également droit à une indemnité complémentaire de 250 à 600 euros selon le type de vol.
De 250 à 600 euros
“Pour les vols jusqu’à 1.500 kilomètres inclus, le montant est de 250 euros, pour les vols de plus de 1.500 kilomètres au sein de l’UE ainsi que pour les vols entre 1.500 et 3.500 kilomètres, il est de 400 euros. Pour tous les autres vols, c’est 600 euros. Les montants peuvent être réduits de moitié pour des délais plus limités“, explique Simon November, porte-parole de Test-Achats au Standaard.
La compagnie aérienne doit pour ce faire avertir le voyageur par courriel ou par SMS. Le message doit contenir des liens sur lesquels cliquer pour demander une compensation.
Sur un nouveau vol, un passager a également droit à deux appels téléphoniques gratuits, à une nuitée ou à un transport si nécessaire, ou à des repas et des rafraîchissements, peut-on lire sur le site de Ryanair.
Ryanair stipule encore sur son site que le voyageur n’aura droit à aucune compensation, s’il a été prévenu d’une annulation de vol plus de 14 jours avant la date de départ prévue. Aucune indemnité ne sera non plus accordée si le vol a été retardé et arrive à sa destination finale avec un retard de moins de 3 heures.
Dans un message publié sur le site de l’aéroport de Charleroi, ses responsables invitent les voyageurs à vérifier leurs mails et sms afin de savoir si leur vol est annulé ou non. “Tous les vols ne seront pas annulés de sorte qu’il est important de vous assurer du statut de votre vol avant de venir à l’aéroport. L’aéroport regrette ces actions de grève auxquelles, il est complètement étranger“, peut encore lire.
“Un délit économique”
Lors des dernières grèves, Ryanair s’était montrée réfractaire aux remboursements de ses clients. Obtenir une telle indemnité relève en effet parfois du parcours du combattant pour les voyageurs de la compagnie low cost. Test-Achats avait annoncé au printemps mettre Ryanair en demeure d’informer correctement les passagers de leurs droits à une indemnisation. La secrétaire d’Etat en charge de la protection des consommateurs (Eva De Bleeker à l’époque) était, elle aussi, montée au créneau. “Il est inacceptable que les consommateurs soient victimisés une deuxième fois. Les règles sont claires : les vols annulés en raison de la récente grève du personnel donnent droit à un remboursement et une indemnisation. Ryanair commet un délit économique s’il empêche délibérément les consommateurs de faire appel à leurs droits”.
Un bon, pas valable
A noter également que les vouchers (ou bons d’achat) ne peuvent plus être distribués à titre de compensation. Ils ne sont plus conformes à la législation européenne. Certaines compagnies aériennes ne respectent cependant pas ces règles et remettent quand même un bon d’achat qui ne donnent souvent aucune garantie. En cas de faillite, le voyageur perdra son argent.
Les consommateurs sont inviter à contacter Ryanair et à déposer une plainte auprès du SPF Mobilité si la compagnie aérienne refuse de rembourser ou de verser une compensation.
Les raisons de la colère
Dans un communiqué, le personnel explique qu’il avait mis “en garde les autorités, Ryanair et les passagers que si rien ne bougeait d’ici la fin de l’année, il y aurait alors des perturbations à prévoir pour les fêtes de fin d’année. Malheureusement, rien n’a bougé. En effet, la politique du “Monopoly” qui consiste à détacher provisoirement et illégalement du personnel dans d’autres bases européennes de Ryanair s’est intensifiée”.
Les hôtesses et stewards de la compagnie à bas coûts basés aux aéroports de Zaventem (Brussles Airport) et de Charleroi (BSCA) dénoncent l’attitude du transporteur irlandais, qui refuse toujours de garantir le salaire minimum légal en Belgique. Les négociations d’une nouvelle convention collective de travail les concernant est au point mort depuis des mois et avait déjà conduit à l’organisation de grèves de la part du personnel de cabine mais aussi des pilotes au début de l’été dernier.
“Enfin, la réouverture de la base de Bruxelles n’est pas garantie, loin de là, et le personnel qui est encore en place est dans l’incertitude totale. C’est pour cela que le personnel de cabine de Ryanair sera en grève les 30/12/2022, 31/12/2022 et 01/01/2023 ainsi que les 07/01/2023 et 08/01/2023″.
La direction de l’aéroport de Charleroi dénonce une “prise d’otage” alors que, du côté des syndicats, on estime que l’expression est exagérée et que des solutions existent pour les passagers lésés.
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