Galler presse ses travailleurs de renoncer à leur prime de fin d’année, accuse la FGTB
L’entreprise de chocolaterie Galler, basée à Vaux-sous-Chèvremont, près de Liège, ferait pression sur ses travailleurs afin qu’ils signent individuellement une convention pour renoncer à leur prime de fin d’année, accuse mardi la FGTB Horval. “Inadmissible”, alors qu’il s’agit d’une obligation figurant dans la convention sectorielle, fustige le syndicat socialiste.
Selon le syndicat socialiste, la société a invité ses salariés à se montrer solidaires pour compenser les pertes qu’elle a subies à cause de la crise du coronavirus. La proposition a pourtant reçu l’approbation d’une majorité du personnel, rétorque la direction, qui déplore l’attitude “honteuse” de la FGTB Horval.
D’après cette dernière, la direction a envoyé un courrier électronique individuel aux travailleurs, “au mépris de toutes les règles de concertation sociale en entreprise”, où elle ferait du chantage émotionnel à l’emploi. Elle y propose de renoncer à la prime de fin d’année et de verser éventuellement un bonus en priorité à ceux qui renonceraient à leur prime, dès que la société sortira de la crise.
“Comment une entreprise qui se présente comme soucieuse du bien-être des travailleurs, au chiffre d’affaires qui s’élevait à 30 millions d’euros en 2019, ose-t-elle demander à des travailleurs qui gagnent 1.500 euros/mois, avec parmi eux des familles monoparentales avec plusieurs enfants, de renoncer à leur 13ème mois alors que ceux-ci comptent dessus pour payer leurs factures ? “, s’interroge le syndicat.
La santé financière de Galler n’est pas en danger, répond Patrick Rehan, secrétaire régional de la FGTB Horval à Liège. A l’entendre, la direction justifierait son attitude par le fait que les actionnaires auraient touché un dividende moindre à cause de la crise. Selon lui, Galler dispose toutefois de réserves financières “conséquentes” et le Covid est un problème passager qui ne met pas en danger la pérennité de l’entreprise.
Galler dénonce l’attitude “honteuse” du syndicat socialiste
Contactée, Galler dénonce l’attitude “honteuse” du syndicat socialiste. “J’ai d’abord vu les syndicats pour leur parler de cette proposition et ils m’ont laissé faire”, pointe d’abord le CEO, Salvatore Iannnello, remarquant que même certains délégués syndicaux avaient voté en faveur de la proposition. Selon un vote réalisé auprès du personnel, 79% des votants la soutiennent, ajoute le patron.
Il rappelle que Galler était en situation de faillite virtuelle en 2018 à son arrivée et qu’ensuite quelque 350.000 euros ont été distribués en bonus au personnel l’an dernier. Lors du premier confinement, l’entreprise a pris en charge l’entièreté du salaire de tous les travailleurs, alors que la période de Pâques représente pourtant 15% du chiffre d’affaires annuel, situe le CEO. Ceux qui travaillaient ont en outre touché une prime de 25 euros brut par journée prestée.
“Et maintenant, nous avons un 2e confinement qui est arrivé juste avant les fêtes de fin d’année, sachant qu’avec Pâques, cette période représente de 20 à 30% de notre chiffre d’affaires”, poursuit-il. Dans la situation actuelle, l’entreprise se retrouverait sans liquidités après la crise, prévient-il.
Galler est à 75% entre les mains d’un actionnaire qatari. “L’actionnaire a pris des risques énormes en plein Covid et nous avons augmenté les petits salaires”, rappelle encore Salvatore Iannello.
La direction a dès lors bien proposé aux travailleurs de se montrer solidaires et de renoncer à leur 13e mois. Ses membres en feront de même et réduiront de 10% leur salaire l’an prochain, détaille le patron, affirmant avoir reçu de nombreux messages de soutien.
Aucune décision n’a encore été prise, assurant que Galler est une entreprise très humaine et voyant surtout dans cette sortie de la FGTB Horval une manière de se faire voir en pleine période d’élections sociales.