Gagner de l’argent en gérant ses déchets

© Image Globe / LIEVEN VAN ASSCHE

Certains de vos déchets peuvent encore avoir de la valeur. Pour peu qu’ils soient triés avec soin et qu’ils trouvent preneurs, ils vont pouvoir mener une seconde vie.

Une annonce originale a attiré notre attention cette semaine : elle émane de l’organisme Ryck – également appelé la “Nederlandse Recycling Bank” – et d’Avalex, un collecteur de déchets privé. Il s’agit d’encourager les citoyens à ramener leurs déchets auprès d’un centre de collecte, en échange de quoi ils recevront une certaine somme d’argent. Les déchets, (plastique, papier, textiles et petits appareils électriques), soigneusement triés, sont amenés dans l’un des six centres de récupération ouverts par Ryck sur le territoire de la commune de Pijnacker-Nootdorp, en Hollande méridionale.

Ce réseau fonctionne selon les mêmes règles que nos parcs à conteneurs, “sauf que lorsque les particuliers néerlandais déposent des déchets dans l’un des points de collecte, ils sont rémunérés pour ce qu’ils apportent”, explique Peter Floor, à l’origine de l’initiative chez Avalex. Les sommes sont créditées sur une carte. Dès que le solde atteint 10 euros, le titulaire peut garder ce montant ou décider de le reverser à une association de son choix. Quelles sommes perçoit le visiteur pour les déchets apportés ? “Il reçoit 0,05 euro par kilo de vieux papiers, de vieux cartons ou de petits appareils électriques, et 0,25 euro par kilo de textiles ou d’emballages en plastique”, expliquent les responsables de Ryck. Bien que modiques, les sommes perçues peuvent tout de même constituer de beaux incitants. Et à entendre Peter Floor, les volumes ne manquent pas, puisqu’on estime aux Pays-Bas que 51 % des flux que l’on retrouve dans les déchets peuvent encore être recyclés.

Lancée ce mois de septembre pour une période pilote de six mois, l’opération pourrait être étendue à toutes les communes desservies par la société de collecte et pourrait même se développer à une échelle nationale. Seul bémol : l’initiative concerne les particuliers, les associations et les institutions, mais pas les entreprises qui restent pour l’instant hors-jeu.

La Belgique, terrain fertile ?

Une telle vision de la collecte des déchets des entreprises peut-elle trouver un terrain fertile chez nous ? Les avis sont partagés. Chez Val-I-Pac, l’organisme qui a pour but de stimuler et de coordonner le recyclage d’emballages industriels, on explique que des incitants financiers sont déjà proposés depuis plusieurs années aux entreprises qui font l’effort de pratiquer un tri de leurs déchets. “On y distingue notamment les primes de recyclage, versées pour le tri de certains matériaux d’emballages industriels ; les primes ‘conteneurs’, pour le placement de conteneurs qui vont permettre le tri des déchets d’emballages industriels ; et enfin, les forfaits pour le recyclage du bois”, explique Ann Demecheleer, du département communication de Val-I-Pac. Par ailleurs, d’après Yvette Mortier, communication manager, “6.4 millions d’euros répartis sur 23.500 certificats ont été redistribués aux déballeurs en 2009, ce qui représente une moyenne de 272 euros par certificat.”

Une Bourse aux déchets

Pour les entreprises à la recherche de matières premières secondaires, il existe une initiative intéressante en Belgique. Les entreprises peuvent s’appuyer sur la Bourse belge des déchets. Agencé au sein du ministère des Affaires économiques, cet organisme rassemble les offres et les demandes de déchets de toutes sortes émanant des différentes provinces de Belgique, mais aussi de France, d’Allemagne ou encore des Pays-Bas. “Des demandes concernent même l’Afrique du Nord”, relève Marie-Claude Raemdonck, seule fonctionnaire fédérale à porter le projet au niveau belge. Par facilité, les formalités qui s’imposent aux entreprises sont réduites au minimum. Après inscription gratuite, l’entreprise a accès à un site qui la renseigne sur les lots de déchets proposés par des entreprises situées partout dans le pays. Il peut s’agir d’une entreprise anversoise voulant se défaire d’un lot de cartons à recycler, d’une palette de composants électroniques défectueux ou encore de chutes de production d’une usine de buses en PVC…

“Nous demandons aux entreprises qui proposent leurs déchets d’en donner une description précise en en précisant la nature, la couleur, le poids, etc., explique Marie-Claude Raemdonck, de la Bourse belge des déchets. Et d’indiquer des détails comme la fréquence et les modalités d’enlèvement, ainsi que le prix éventuel”.

Pour découvrir ce que la Bourse belge des déchets propose, sachez qu’un bulletin papier édité deux fois par an est envoyé à toutes les entreprises inscrites. Et si d’aventure les candidats au recyclage ne pouvaient attendre ces deux rendez-vous “papier”, ils ont toujours la possibilité de consulter le site qui est mis à jour en continu.

JOHAN DEBIÈRE

L’Europe entre le marteau et l’enclume

Entre la liberté de circulation des biens au sein de l’Union et la lutte contre les transferts illégaux de déchets, entre la promotion des produits fabriqués à partir de matières premières saines et le nécessaire effort de rationalisation des ressources naturelles, les décideurs européens paraissent souvent se trouver entre le marteau et l’enclume. Pour éclaircir cette situation, Bruxelles a sorti de son chapeau une notion nouvelle : la matière première secondaire. Ce terme désigne des déchets qui sont réintroduits dans les chaînes de production au lieu d’utiliser des matières premières vierges. Si l’application de ce concept n’a guère posé problème pour des produits comme la ferraille, le papier ou le carton, il pose en revanche une série de questions pour d’autres produits comme les polymères qui agglomèrent des composants de natures diverses et que l’on ne peut réutiliser qu’en disposant d’installations adaptées. Pour répondre à ce défi, les décideurs ont voulu lier plus étroitement recherche et protection de l’environnement, notamment par l’intermédiaire de programmes de recherche qui permettent de trouver de nouvelles solutions pour le traitement de ces produits en fin de vie.

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