Frappé par la pandémie, Boeing prévoit de réduire encore ses cadences et son personnel

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La chute du transport aérien depuis le début de la pandémie est venue s’ajouter aux déboires de l’avionneur Boeing, qui prévoit de réduire encore ses cadences de production, de licencier plus de personnel et d’arrêter la production du mythique “Jumbo Jet” 747 en 2022.

Le groupe américain était déjà englué dans la crise du 737 MAX, son avion-vedette interdit de vol depuis mars 2019 après deux accidents mortels, quand le Covid-19 a fait plonger les ventes de billets d’avion et temporairement cesser la production dans les usines. Résultat: Boeing n’a livré que 20 appareils au deuxième trimestre. Son chiffre d’affaires a chuté de 25% sur la période à 11,81 milliards de dollars. Et le groupe a perdu au total 2,4 milliards de dollars.

L’avionneur avait prévenu au printemps que, pour s’adapter au nouveau paysage aérien, ses cadences allaient ralentir. Il prévoit désormais de freiner encore plus les chaînes d’assemblage.

Les compagnies, qui “ont réduit considérablement leurs opérations”, “prennent des décisions difficiles comme l’immobilisation des appareils au sol, le report de commandes, le report de livraisons, le ralentissement ou la suspension de paiements“, a justifié le patron de Boeing David Calhoun lors d’une conférence téléphonique.

Aussi le groupe, qui a recommencé à produire des 737 MAX au printemps, anticipe une augmentation “plus lente que prévu” des cadences d’assemblage jusqu’à 31 appareils par mois début 2022, au lieu de 2021. Le 737 MAX s’est récemment rapproché de son retour dans le ciel avec une série de vols de certification fin juin.

Tout en insistant sur le fait que la reprise du service de l’appareil dépendra du feu vert des autorités, le patron de Boeing David Calhoun a indiqué mercredi que les livraisons devraient reprendre au quatrième trimestre, et non pas au troisième trimestre comme prévu jusqu’à présent.

Boeing ne produira par ailleurs plus que 6 appareils 787 par mois en 2021 contre 10 actuellement, ainsi que 2 avions 777 et 777X par mois en 2021 contre 5 actuellement.

– Fin du “Jumbo Jet” 747 –

L’avionneur, qui avait déjà prévu fin avril la suppression de 10% de ses postes, soit 16.000 emplois, a prévenu qu’il allait devoir “encore revoir la taille de ses effectifs” au vu de la réduction des cadences.

“Ce sont des nouvelles difficiles, et je sais que cela ajoute de l’incertitude pendant une période déjà difficile”, a souligné M. Calhoun dans une lettre au personnel sans donner de précisions sur le nombre de personnes potentiellement concernées. “Nous allons essayer de limiter autant que possible l’impact sur nos employés”, a-t-il ajouté. M. Calhoun a reconnu sur CNBC que la situation à court terme était “devenue plus difficile”.

Comme les compagnies aériennes, l’avionneur ne s’attendait pas forcément à une “résurgence du virus” aux Etats-Unis, et “les programmes de vol ne vont probablement pas revenir à la normale aussi rapidement que prévu”, a-t-il estimé. Mais à long terme, le groupe espère toujours que la situation se rétablira d’ici trois ans, d’autant plus que l’arrivée d’un vaccin semble se rapprocher.

Il est ainsi un peu plus optimiste que l’Association internationale du transport aérien (Iata), qui a estimé mardi que le trafic aérien mondial ne retrouverait pas son niveau d’avant-crise avant 2024.

Pour 2020, le trafic devrait chuter de 63% au total, selon l’organisation.

Boeing a pu compter au deuxième trimestre sur la bonne tenue de sa division dédiée à la défense et à l’espace, qui a réussi à stabiliser son chiffre d’affaires quand celui de la division fabriquant les avions commerciaux a plongé de 65%. Celui de la division consacrée aux services a reculé de 23%.

L’avionneur a aussi officialisé mercredi l’arrêt de la production en 2022 de son mythique appareil 747, que les compagnies aériennes retirent peu à peu de leur flotte.

Lancé en 1970, le “Jumbo Jet” de Boeing peut transporter plus de 600 personnes dans certaines configurations.

Mais une telle capacité – et la consommation de carburant qu’elle implique -, le rendait moins rentable pour des sociétés transportant beaucoup moins de passagers depuis le début de la pandémie de coronavirus.

A Wall Street, l’action de Boeing, qui a déjà plongé d’un peu moins de 50% depuis le début de l’année, reculait de 4,7% à la mi-séance.

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