Fortes perturbations dans le ciel français
Au moins un millier de vols annulés, des retards et des appels à ne pas voyager?: le secteur aérien français est comme prévu très perturbé vendredi matin par une grève des aiguilleurs du ciel qui affecte aussi par ricochet le trafic européen.
À l’appel du Syndicat national des contrôleurs du trafic aérien (SNCTA, majoritaire), ce mouvement social pour réclamer des augmentations de salaires face à l’inflation, mais aussi une accélération des recrutements, concerne aussi bien la France métropolitaine que l’Outre-mer.
En conséquence, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) a demandé aux compagnies de renoncer à la moitié de leur programme de vols vendredi, soit “environ 1.000 vols annulés” au départ ou à l’arrivée du territoire français.
Un service minimum est assuré dans 16 aéroports, ainsi que dans les cinq centres en route de la navigation aérienne, qui contrôlent les aéronefs transitant par l’espace aérien français et volant à plus de 6.000 mètres d’altitude, a indiqué vendredi matin la DGAC.
En revanche, plusieurs aéroports étaient fermés en début de journée: Montpellier, La Rochelle, Rennes et Melun, selon un porte-parole.
“Des annulations de vols et des retards significatifs sont à prévoir sur l’ensemble du territoire”, avait prévenu la DGAC, en invitant “les passagers qui le peuvent à reporter leur voyage et à s’informer auprès de leur compagnie aérienne pour connaître l’état de leur vol”.
Cette grève a aussi des répercussions sur l’ensemble du trafic aérien européen. Selon le gestionnaire européen Eurocontrol, qui évoque de “graves perturbations”, les retards des vols sur le Vieux Continent dépassaient déjà 500.000 minutes cumulées à 08h22 (06h22 GMT), contre 148.000 sur l’ensemble de la journée du vendredi 9 septembre.
Eurocontrol prévoyait environ 21.000 mouvements d’avions vendredi dans la zone qu’il gère, soit un tiers de moins qu’une semaine auparavant.
La DGAC avait indiqué travailler avec Eurocontrol “afin de proposer aux compagnies aériennes des mesures de contournement de l’espace aérien national”.
Deuxième préavis fin septembre
Ryanair, premier transporteur aérien européen, a affirmé que cette grève “injustifiée” allait la contraindre à “annuler 420 vols (soit 80.000 passagers) survolant principalement la France” vendredi, sans nécessairement s’y poser.
Le SNCTA a souligné avoir décidé de ce mouvement pour manifester son inquiétude “au sujet du niveau actuel de l’inflation ainsi que des recrutements à venir”.
Ces professionnels s’alarment en particulier du départ à la retraite prévu d’un tiers des ingénieurs du contrôle de la navigation aérienne (ICNA) entre 2029 et 2035.
Or, “au moins cinq ans séparent le recrutement de la qualification” et les capacités de formation sont “structurellement limitées”. Il faut donc, selon eux, anticiper ce “mur des départs” dès l’année prochaine, et budgéter des formations en ce sens.
Le SNCTA a annoncé le dépôt “d’un deuxième préavis du mercredi 28 septembre au vendredi 30 septembre 2022 inclus”.
Se conformant aux demandes de la DGAC, Air France a décidé d’annuler environ 400 de ses 800 vols prévus vendredi. Cela représente 55% des court-courriers et moyen-courriers, tandis que les long-courriers sont moins touchés, avec un vol sur dix supprimé.
“Des retards et des annulations de dernière minute ne sont pas à exclure”, a précisé Air France, en soulignant que “les clients concernés par des vols annulés [seraient] notifiés individuellement”.
Air France, qui “recommande fortement à ses clients de reporter leur voyage”, leur a permis d’anticiper ou de reporter leur déplacement “sans frais”, et offert, “pour les clients dont le vol est annulé, un avoir ou un remboursement intégral dans le cas où ils ne voyageraient plus”.
De multiples conflits sociaux ont éclaté ces dernières semaines dans le secteur aérien européen sur fond d’inflation record. Fin juin et début juillet, des centaines de vols avaient dû être annulés à l’aéroport de Paris-Charles-de-Gaulle en raison d’une grève d’employés du gestionnaire, le Groupe ADP.
Mercredi, la compagnie a annoncé séparément qu’elle accorderait une hausse de salaires de 5% à tous ses employés, assortie d’une prime de 1.000 euros, en réponse à l’augmentation du coût de la vie.
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