Fibre optique: les investissements de Proximus sont fragiles, prévient Leroy

Dominique Leroy, ceo Proximus © Pieterjan Van Leemputten

Proximus ne pourra plus investir dans son réseau ultrarapide de fibre optique si les changements de réglementation allongent la durée avant laquelle ces investissements sont rentables, a mis en garde mercredi devant la Chambre sa CEO Dominique Leroy.

Proximus prévoit de raccorder à la fibre optique jusqu’à 50% des ménages et 85% des entreprises en Belgique. Mais l’investissement nécessaire est “très fragile”, a affirmé Mme Leroy devant les députés de la commission Infrastructure. Il ne sera pas remboursé avant 17 ans, ce qui est “incroyablement long. Peu d’entreprises approuvent un tel investissement”, a poursuivi la CEO.

Si les règles changent et rendent cet investissement encore plus onéreux, Proximus sera confrontée à un problème. Le moindre changement peut compromettre tout l’édifice, selon la patronne de la société de télécommunications. “Nous sommes cotés en bourse et ne pouvons faire des investissements qui demain deviendraient rentables après seulement 20 à 25 ans. Ce n’est pas acceptable dans notre modèle économique.”

Vendredi dernier, l’IBPT a publié son analyse des marchés du haut débit et de la radiodiffusion télévisuelle. Le régulateur propose d’étendre au réseau de fibre optique de Proximus les obligations d’accès aux opérateurs alternatifs applicables à son réseau cuivre.

Les modalités doivent encore faire l’objet de discussions. Orange plaide pour un modèle de co-investissement, mais cela coûterait beaucoup plus cher à Proximus, selon Dominique Leroy, “jusqu’à 40%”.

Une concertation sociale comme dans le privé

Par ailleurs, Proximus voudrait que la concertation sociale en son sein se déroule comme dans le secteur privé. Sa CEO Dominique Leroy et son président Stefaan De Clerck ont demandé que la loi soit modifiée en ce sens. Pour le moment, l’opérateur de télécommunications tombe dans les règles applicables au secteur public.

La commission Infrastructure de la Chambre a en effet auditionné Dominique Leroy et Stefaan De Clerck. Mme Leroy a évoqué elle-même la concertation sociale, estimant que les règles actuelles ne sont pas adaptées à une société “qui fait face uniquement à des concurrents privés”.

Le président du conseil d’administration de Proximus a soutenu cette proposition. “On a déjà rendu possible une participation de l’Etat sous les 50%. C’est positif. Mais nous disons aussi que d’autres éléments de la législation devraient pouvoir changer, notamment sur le volet social. On n’est pas dans un modèle classique avec un conseil d’entreprise classique, mais un modèle ad hoc avec des règles rigides. Cela devra être adapté un jour.”

Si les règles changent, Proximus devra organiser des élections sociales pour les 13.000 membres de son personnel. Actuellement, sa commission paritaire est composée selon le nombre d’affiliés de chaque syndicat au sein de l’entreprise. C’est le cas aussi par exemple à la SNCB, mais des élections sociales doivent s’y tenir pour la première fois en 2018.

Les syndicats, quant à eux, préfèrent maintenir le système actuel. “L’entreprise est toujours dans un environnement public, avec une législation qui repose plutôt sur un modèle scandinave”, défend Ben Coremans de la CSC Transcom. “Cela signifie une plus grande participation des travailleurs dans la gestion de l’entreprise, en matière de prestations et de rémunérations.”

Les décisions prennent parfois plus de temps, reconnait-il, mais il trouve dommage que le président et la CEO de Proximus “ne voient pas la plus-value de notre modèle social”.

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