Fibre optique en ville: Proximus ne veut pas collaborer avec Orange

Dominique Leroy, ceo Proximus © Pieterjan Van Leemputten

La CEO de Proximus, Dominique Leroy, a confié vendredi ne pas être prête à collaborer pour le moment avec Orange Belgium sur le déploiement de la fibre optique dans les principales villes du pays. Elle se dit par contre ouverte à des co-investissements avec l’opérateur télécom dans les zones (semi-)rurales afin de connecter davantage de personnes à cette technologie.

Proximus avait annoncé mi-décembre vouloir investir trois milliards d’euros au cours des dix prochaines années pour accélérer le déploiement de la fibre optique en Belgique. Celui-ci, qui a déjà débuté, concerne six villes: Namur, Bruxelles, Charleroi, Gand, Anvers et Roulers. L’entreprise publique ambitionne d’atteindre au moins 85% des entreprises et 50% des ménages.

Depuis lors, Orange Belgium fait un appel du pied à l’ex-Belgacom afin que les deux sociétés co-investissent dans cette technologie. L’opérateur télécom d’origine française avait même appelé les autorités publiques du pays à obliger Proximus à ouvrir ses nouveaux réseaux ultra-rapides de fibre optique à la concurrence. Des discussions à ce sujet sont d’ailleurs en cours avec le régulateur des télécommunications.

Tous les détails du plan de Proximus pour les principales villes ont déjà été décidés et lancés, répond Dominique Leroy, qui a rejeté la requête de son concurrent. “Mais nous sommes tout à fait ouverts pour co-investir ailleurs et connecter plus de gens à la fibre”, ajoute-t-elle.

“Notre réseau a toujours été ouvert aux autres. Ce n’est pas le cas du coaxial”, relève en outre la CEO. Cette technologie est utilisée par les câblo-opérateurs, qui refusent de permettre à Proximus de l’autoriser. Ils y ont pourtant été obligés par les autorités régulatrices mais maintiennent leur blocage.

Payer des politiques pour leurs conseils ? “Nous ne le ferions jamais”

Par ailleurs, la direction de Proximus s’est dite étonnée d’apprendre que son concurrent Telenet rétribuait des politiques pour leurs conseils.

“J’ai été très surprise. Nous ne ferons jamais cela chez nous”, a ainsi affirmé sa CEO Dominique Leroy vendredi, en marge de la publication des résultats financiers annuels de son entreprise. Si le conseil d’administration de l’opérateur public est notamment composé de politiciens, ceux-ci doivent cependant abandonner tous leurs mandats politiques actifs, comme le prévoient les statuts de l’ex-Belgacom.

Plusieurs personnalités politiques font partie d’un conseil d’avis au sein de Telenet, où elles perçoivent des indemnités conséquentes. Une fois qu’il n’était plus Premier ministre, Yves Leterme (CD&V) a ainsi touché au fil des années 55.000 euros. Il en va de même pour Siegfried Bracke (N-VA), qui a reçu 66.000 euros d’émoluments pour sa mission de conseil mais qui n’a pas été payé depuis qu’il est président de la Chambre. Ce système pose la question d’éventuels conflits d’intérêts.

“Chaque entreprise a bien sûr sa propre éthique et ses principes”, convient Dominique Leroy. Elle rejette cependant la comparaison faite par Telenet entre ce conseil d’avis et le conseil d’administration de Proximus, où siègent différents politiques au nom de l’Etat, actionnaire principal de l’entreprise. “Pour pouvoir exercer ce mandat, ils doivent abandonner tous leurs mandats politiques actifs. Et je pense que c’est une bonne chose. Personnellement, je ne trouve pas sain que l’on mélange ainsi les dossiers.”

Le salaire, pas la motivation première de Dominique Leroy

Enfin, le montant du salaire de la CEO de Proximus ne représente pas la motivation première de Dominique Leroy à occuper ce poste, a-t-elle encore glissé ce vendredi. Sa rémunération est fixée et elle n’a jamais demandé à en changer. “Je connaissais les conditions lors de mon entrée en fonction et je les ai acceptées. Et je suis toujours aussi motivée”, a-t-elle assuré.

La direction de Proximus a été étonnée que la presse s’empare en début de semaine d’un débat sur le salaire de sa CEO et sur l’opposition du gouvernement fédéral à ce qu’elle puisse toucher, à l’image d’autres membres du top management de l’entreprise, un bonus à son contrat. Il s’agit en effet d’éléments datant d’il y a un an et d’une problématique close depuis lors, confiait-on vendredi au siège de l’opérateur.

“Dans son contrat, il est indiqué que la rémunération variable peut être revue en cas de création de valeur”, explique Dirk Lybaert, Chief Corporate Affairs de Proximus. “Le conseil d’administration a constaté que la CEO ne bénéficiait pas d’incentive à long terme. Nous avons entendu d’actionnaires majoritaires et d’analystes que ce n’était pas une situation normale”, poursuit-il, ajoutant que c’est bien cet organe -et non Dominique Leroy elle-même- qui a sollicité unanimement l’avis du gouvernement. Des contacts informels ont ensuite eu lieu et ont finalement abouti à une fin de non-recevoir. Dans ce contexte, le CA a décidé de ne pas formuler une telle proposition lors de la prochaine assemblée générale.

“Les résultats que nous avons engrangés, avec davantage de clients et un personnel content et fier, sont pour moi une bien plus grande source de satisfaction qu’une hausse salariale”, répond Mme Leroy. Le refus du gouvernement “ne change rien à ma motivation et à ma gestion de l’entreprise”, souligne-t-elle.

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