Lire la chronique d' Amid Faljaoui
Facebook forcé de vendre WhatsApp et Instagram ?
Quelle fin de semaine. L’Amérique ose enfin s’attaquer à l’un de ses enfants adorés. En l’occurrence, à Facebook et donc à son patron Mark Zuckerberg.
Pour faire court, l’autorité antitrust américaine attaque le numéro un mondial des réseaux sociaux et lui demande même de revendre WhatsApp et Instagram qui appartiennent à Facebook. Déjà en soi l’information est dingue car Facebook fait partie des fleurons de l’économie américaine, et tout le monde pensait que le gouvernement US n’oserait pas affaiblir ce fleuron face à la concurrence chinoise.
Pari perdu. Le procureur de l’Etat de New York ne mâche pas ses mots contre Facebook. En résumé, le premier réseau social mondial est accusé de tuer l’innovation et d’empêcher l’éclosion de la concurrence. En d’autres termes, dès qu’un concurrent arrive, Facebook le copie et le tue ou alors sort son chèque pour le racheter. Mais bon, ce n’est pas parce que le gouvernement américain attaque Facebook qu’il va nécessairement gagner. D’abord, il faudra que les autorités antitrust prouvent réellement que Facebook bloque l’innovation et la concurrence – et là on est parti pour des années de discussion. Et puis, c’est bien joli de demander à Facebook de revendre WhatsApp et Instagram pour favoriser la concurrence, mais le souci, c’est que c’est la même autorité de contrôle qui a autorisé Facebook à racheter Instagram pour 1 milliard de dollars en 2012, et c’est toujours la même autorité de contrôle qui a autorisé le même Facebook à racheter WhatsApp pour 19 milliards de dollars deux ans plus tard !
L’avocat de Facebook sait déjà ce qu’il va dire au juge : comment voulez-vous encore faire des affaires aux Etats-Unis, si l’autorité de contrôle vous donne son feu vert au moment T et puis change d’avis 8 ans plus tard ? C’est évidemment un argument de poids car plus personne n’osera encore acheter une entreprise si c’est pour être forcé de la revendre quelques années plus tard ?
La leçon de cette histoire est simple : les autorités de contrôle ont 12 ans de retard sur les acteurs du monde numérique. Elles n’ont pas compris pourquoi Facebook a mis autant d’argent – 19 milliards de dollars – pour racheter WhatsApp. Les autorités de contrôle se disaient qu’il devait y avoir quelque chose – mais quoi ? Elles n’ont pas su répondre à la question et ont donc autorisé le rachat. Six ans plus tard, le franc est tombé ou plutôt le dollar, les contrôleurs ont enfin compris la subtilité du deal, mais c’est trop tard. C’est comme pour l’intelligence artificielle, c’est seulement aujourd’hui que les gouvernements comprennent son importance, mais c’est aussi trop tard. Toutes les têtes pensantes de cette nouvelle technologique sont employées soit chez Google, soit chez Amazon, soit chez Microsoft, soit chez Facebook.
Les vrais patrons de ce monde ne sont pas des politiques mais les dirigeants de ces multinationales – mais est-ce vraiment une surprise ?
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