Exportations: le coronavirus brise l’élan wallon

Pascale Delcomminette, CEO de l'Agence wallonne pour l'exportation et de Wallonia Brussels International. © Frédéric Sierakowski

L’an dernier, les entreprises wallonnes ont augmenté de 11,2% pour atteindre le niveau record de 49 milliards d’euros. Il s’agit de la plus forte croissance annuelle depuis 2010.

Pour la quatrième année consécutive, la Wallonie affiche fièrement une croissance des exportations supérieure à la moyenne de la zone euro et même à la Flandre. “La base de départ est certes plus modeste que chez nos voisins mais la progression est remarquable”, précise le ministre de l’Economie Willy Borsus (MR) en présentant les résultats 2019 de l’Agence wallonne à l’exportation. Il peut d’autant plus se réjouir de la performance qu’elle a été réalisée dans une année économique marquée par l’incertitude (Brexit, guerre commerciale USA-Chine…), ce qui n’est jamais une donnée très positive pour le commerce.

“Cela prouve la résilience de notre économie et la pertinence de notre spécialisation dans la pharmacie et les biotechnologies”, ajoute la CEO de l’Awex, Pascale Delcomminette. Les exportations de produits pharmaceutiques ont en effet augmenté de 28,7% et représentent désormais un tiers du total des exportations wallonnes. Les progressions les plus marquantes se trouvent dans les matériaux de construction (+55%) et le matériel de transport (+47%). A l’inverse, on encaisse un recul significatif dans la métallurgie, les machines et équipements électriques (-7%), ce qui n’est a priori pas un bon signe pour le tissu industriel wallon. Précisons toutefois que les exportations dans le métal avaient fortement progressé les deux années précédentes et que, sur la durée, la tendance semble donc toujours honorable.

Autre bon point : la proportion d’exportations au-delà des frontières de l’Union européenne continue de croître. Elle atteint désormais les 25% du total des exportations, contre 20% en 2017. “Nos entreprises font le pari de la grande exportation, elles vont chercher la croissance là où elle est”, insiste Pascale Delcomminette. La progression est visible sur tous les continents mais le grand vainqueur est ici l’Amérique du nord, avec une progression de près de 50% pour la deuxième année consécutive. Les Etats-Unis sont nettement la troisième destination privilégiée de nos exportations (après la France et l’Allemagne), alors qu’ils n’étaient qu’en cinquième position deux ans plus tôt. La croissance est également correcte en ce qui concerne les exportations vers l’extrême-orient (+13%).

L’Awex utile pour… la relocalisation !

La croissance des exportations wallonnes avait même été plus soutenue au second semestre qu’au premier (14,2% contre 8,3%). L’élan semblait particulièrement prometteur pour 2020… avant que le Covid-19 ne ruine tous les espoirs. Le ministre Willy Borsus évoque un recul de 13 à 18%, avec des impacts très rudes pour des secteurs comme l’aéronautique et ses sous-traitants. La situation incite l’Awex à revoir sa manière de travailler. Il faut d’un côté accompagner les entreprises privées des contacts classiques dans les foires et salons. Cela pourrait passer par l’octroi, de la part des entreprises, de mandats de prospection aux attachés commerciaux en poste à l’étranger ou par l’initiation des entreprises au fonctionnement des plateformes d’e-commerce dans les pays asiatiques. “Nous avons aussi un rôle à jouer dans la relocalisation de l’industrie, conclut Pascale Delcomminette. Nous pouvons aider les entreprises wallonnes à réorganiser leurs chaînes d’approvisionnement avec un diagnostic de ces chaînes, l’identification des sources d’approvisionnement alternatives fiables ainsi que des solutions de transport et de logistique qui les accompagne.”

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