Eviter que des fleurons wallons ne passent sous pavillon étranger, la mission de la SRIW

© Patrick Moriame
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

La SRIW intervient depuis peu dans la transmission d’entreprises, pour éviter que des fleurons wallons ne passent sous pavillon étranger et risquent la délocalisation.

AMB Ecosteryl, Ateliers Cerfontaine, Automation & Robotics… ces pépites wallonnes auraient peut-être quitté la Wallonie, sans l’intervention de la SRIW pour imaginer et cofinancer des formules de transmission d’entreprise. C’est un tout nouveau métier pour l’outil régional qui a créé pour ce faire la plateforme Family & MBO. “Il existe des cabinets de conseil et autres intermédiaires qui aident souvent le vendeur à trouver un acquéreur, explique Eric Poncin, l’un des 3 vice-présidents du comité de direction de la SRIW. Nous, nous sommes du côté du repreneur. Nous sommes là pour l’aider à “perpétuer l’ambition” (c’est la baseline de la plateforme, ndlr), à développer l’entreprise tout en assurant son ancrage et sa pérennité.

C’est évidemment ce souci de l’ancrage qui justifie une intervention publique dans ce processus de transmission de sociétés rentables et qui, a priori, devraient donc pouvoir trouver un acquéreur sur le marché. “Nous contribuons au maintien du centre de décision pour que les innovations futures de l’entreprise rejaillissent bien sur le tissu économique wallon, précise Sabine Colson, invest manager de SRIW Family&MBO. Quand la transmission n’est pas bien préparée, le fondateur ou propriétaire doit à un moment vendre et on se retrouve alors vite dans une forme de vente aux enchères dans laquelle les externalités pour l’économie wallonne ne sont pas prises en compte.

Cette plateforme est dédiée aux entreprises d’au moins 25 travailleurs et dont l’Ebitda atteint le million d’euros. Pour les plus petites sociétés, il existe déjà Sowalfin-transmission et son réseau de partenaires agréés (295 transactions en 2020). Le défi est alors de faire preuve de créativité pour trouver la formule la mieux à même de contenter toutes les parties : on ne négocie pas de la même manière pour le passage de génération d’une entreprise familiale (comme AMB Ecosteryl par exemple) que pour une cession au personnel (Automation & Robotics) ou la reprise d’un département que la maison-mère souhaitait abandonner pour se reconcentrer sur son core-business. “ La transmission d’une entreprise, c’est toujours une aventure humaine et un moment très sensible “, résume Eric Poncin.

Si elle fait du sur-mesure, la SRIW a toutefois quelques balises dans ces interventions en terme de transmission : un financement d’au moins 1 million d’euros (maximum 30% du financement total) et surtout une prise de participation d’au moins 10%. “Nous voulons être au coeur de la machine, bien montrer à toutes les parties que nous voulons notre place dans l’actionnariat sur le long terme, insiste Sabine Colson. Nous veillons en particulier à ce que le coût de la transmission n’handicape pas le développement futur de la société. Il faut qu’elle ait bien les moyens de capter les opportunités de croissance et que sa stratégie ne soit pas mise en péril à la moindre secousse.” SRIW Transmission & MBO s’est dotée à cette fin de l’apport d’un advisory board, susceptible de challenger utilement la stratégie de cette nouvelle offre d’accompagnement des repreneurs potentiels.

Pour sa première année d’exercice, la plateforme a été sollicité pour 22 dossiers. Quatre dossiers ont déjà abouti et un cinquième devrait suivre dans les prochaines semaines.

La semaine de la transmission d’entreprise se tient en Wallonie du 15 au 19 novembre. Le programme est disponible sur https://www.semainedelatransmission.be

Ateliers Cerfontaine
Ateliers Cerfontaine© DR

La SRIW facilite la reprise des Ateliers Cerfontaine…

La SRIW Transmission & MBO est montée au capital des Ateliers Cerfontaine en mars de cette année. Cette entreprise de la région de Verviers (50 personnes) est spécialisée dans la fabrication de haute précision (1/100 de milimètre) pour des pièces mécaniques de grande dimension pouvant aller jusqu’à 17 mètres et 20 tonnes. Ces pièces ont pour destination de nombreux secteurs notamment les constructeurs de machines, l’agro-alimentaire, le génie civil, la défense, l’énergie ou l’aérospatial.

Cette entreprise, active depuis plus de 85 ans, a été reprise par Bertrand Fallon-Kund, un consultant du bureau Bain & Company et qui rêvait de vivre une aventure entrepreneuriale, associé pour la cause avec le directeur technique des Ateliers Cerfontaine Hugues Bertholet. La SRIW Transmission & MBO a été associée au projet de reprise, ce qui a facilité les discussions. “L’arrivée de la SRIW a rassuré toutes les parties et aidé à obtenir le financement bancaire, explique Bertrand Fallon-Kund. Ce fonds nous apporte de nombreux contacts avec les sociétés en portefeuille et devrait nous aider à croître et à aller chercher de nouveaux marchés.”

SEE Telecom
SEE Telecom© DR

…et anticipe celle de SEE Telecom

Vous ne connaissez sans doute pas SEE Telecom, petite société nivelloise d’une soixantaine de personnes. Mais vous utilisez vraisemblablement ses services : ils ont en effet développé la technologie qui permet les communications (GSM, bande FM, DAB+…) dans des endroits confinés comme des tunnels routiers ou des stations de métro. SEE Telecom fournit cela en Belgique bien sûr mais aussi dans toute l’Europe (si des communications passent dans le tunnel du Mont Blanc, c’est grâce à eux) et même plus loin, notamment en Colombie.

Historiquement, cette entreprise fabrique les connecteurs pour les câbles de télédistribution. Elle a employé jusqu’à 120 personnes. L’évolution technologique risquait cependant de mettre en péril son activité. Des gestionnaires fins stratèges ont heureusement repositionné SEE Telecom sur le développement de solutions de couverture radio. Conséquence : leur métier a de moins en moins à voir avec celui de leur actionnaire, les câbleries d’Eupen. Ils étaient en effet très complémentaires quand les câbleries fournissaient les câbles coaxiaux de la télédistribution que SEE Telecom devait ensuite connecter. Cette activité existe toujours mais à une plus petite échelle en raison de la nouvelle orientation stratégique de SEE Telecom et cela rend la complémentarité avec le métier des Câbleries d’Eupen moins évidente.

C’est ici que la SRIW Transmission & MBO intervient. Elle est montée dans le capital pour anticiper l’arrivée d’un partenaire industriel susceptible d’accélérer le développement international de SEE Telecom. “C’est aussi la volonté de l’actionnaire historique très attaché à la Belgique, confie le CEO Christophe Lebrun. Le montage nous garantit un avenir ici en Wallonie, que ce soit avec ou sans les Câbleries d’Eupen, qui peuvent parfaitement rester minoritaires aux côté d’un partenaire opérationnel.”

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