Eric Bosly (COSUCRA): “Une réforme fiscale peut aussi impacter notre recrutement”

"Quand on construit une nouvelle usine, c'est un investissement pour 20 ans au moins. Nous ne suivons pas le même rythme que le monde politique."
Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

“Une entreprise comme la nôtre, qui réalise 90% de son chiffre d’affaires à l’exportation, doit évidemment rester très attentive à la compétitivité de l’économie belge. Des changements fiscaux peuvent nous impacter très lourdement, dans un sens comme dans l’autre.” Eric Bosly, 51 ans, succédera le 1er mars prochain à son oncle Jacques Crahay, comme CEO de Cosucra, dans un contexte fiscal très incertain puisque le ministre des Finances a promis de déposer un projet de réforme fiscale en 2022.

Cela peut impacter les exportations de Cosucra mais aussi… son recrutement. “Nous sommes dépendants de la compétitivité avec le marché de l’emploi en France, explique Eric Bosly. Un tiers de notre main-d’oeuvre vient de France ( l’entreprise est située à Warcoing, entre Tournai et Mouscron, à 8 km à peine de la frontière, Ndlr) et nous manquons déjà de certains profils.”

L’autre source d’inquiétude concerne l’approvisionnement énergétique. Sous la direction de Jacques Crahay, l’entreprise s’est fortement positionnée sur les défis de la durabilité et de la réduction des émissions et Eric Bosly compte bien poursuivre dans cette voie. “Nous modifions nos processus afin de réduire notre empreinte carbone de manière très importante, dit-il. Cela passe par une beaucoup plus grande électrification et nous devons donc veiller à notre approvisionnement.” Cosucra a installé une éolienne il y a un an mais cela ne couvre évidemment pas tous ses besoins.

Cette incertitude n’a toutefois pas remis en cause les projets d’extension à Warcoing (un investissement de 45 millions a été annoncé cet été) mais aussi dans son usine au Danemark. “C’est l’exécution de plans établis il y a cinq ans, poursuit Eric Bosly. Nous suivons une stratégie à long terme. Quand on construit une nouvelle usine, c’est un investissement pour 20 ans au moins. Nous ne suivons pas le même rythme que le monde politique.” Cosucra produit des protéines végétales destinées à l’industrie alimentaire et qui servent notamment d’apport protéinaire dans des préparations végétariennes. Un domaine en pleine expansion mais “extrêmement compétitif”, insiste Eric Bosly: “Nous ne pouvons pas nous permettre d’être deux fois plus cher que le reste de l’Europe”. Il sait très bien de quoi il parle puisqu’il est directeur commercial de Cosucra depuis trois ans. Ingénieur chimiste de formation, il a rejoint l’entreprise familiale il y a 20 ans déjà.

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