Entreprises : les femmes à la barre en 2012 ?

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En entreprise, la haute direction n’aura d’autre choix que de s’ouvrir davantage aux femmes. Elles verront leurs compétences et leurs années d’études enfin récompensées.

Voilà des décennies que les femmes frappent à la porte des conseils d’administration, la plupart du temps en vain. Mais il y a de bonnes chances pour qu’elles soient bientôt plus nombreuses à y avoir leur place. Il était grand temps. La part des femmes dans l’encadrement intermédiaire progresse rapidement depuis quelques années, mais tout en haut de l’échelle, les chiffres restent scandaleusement faibles. Aux Etats-Unis, les femmes représentent la moitié des cadres et managers de rangs inférieur et moyen, mais seulement 14 % des hauts dirigeants et 3 % des PDG, selon Catalyst, groupe de réflexion visant à promouvoir la place des femmes dans l’entreprise.

Dans les grandes sociétés cotées en Bourse, aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, seuls 16 % des administrateurs de société sont de sexe féminin. En Europe du Sud, la proportion est infime. Seuls les pays nordiques comptent un nombre respectable de femmes dans les conseils d’administration. Cet exemple pourrait enfin être suivi dans le reste du monde, car le mouvement visant à briser le plafond de verre se répand un peu partout. En 2012, c’est en Europe que les pressions seront les plus fortes.

Au printemps 2011, Viviane Reding, la commissaire européenne à la Justice, a réuni des dirigeants d’entreprise venus de 10 pays européens pour leur demander de promouvoir davantage de femmes aux plus hauts postes. “Faute de quoi, a-t-elle averti, je reviendrai sur ce dossier dans un an. Si l’autorégulation ne marche pas, je suis prête à agir au niveau de l’Union européenne.” Une action qui pourrait se traduire par la mise en place de quotas obligatoires.

Certains membres de l’Union se sont déjà engagés dans cette voie. Ainsi, la France a adopté une législation qui obligera toutes les entreprises à porter la proportion de femmes administrateurs à 40 % d’ici à la fin de la décennie. En Espagne, les entreprises publiques et les grandes sociétés privées devront également respecter cette répartition dans leurs conseils d’administration d’ici à 2015. L’Allemagne, elle, est en plein débat sur l’opportunité d’imposer des quotas, et certains grands groupes se sont déjà fixé les mêmes objectifs. La Norvège, qui n’appartient pas à l’Union, a déjà rendu obligatoire ce seuil de 40 % il y a près de 10 ans. Elle a franchi ce cap en 2009, mais a depuis régressé quelque peu.

Autoréglementation

Cependant, les quotas se heurtent parfois à une vive hostilité, aussi certains pays ont-ils adopté des solutions différentes, principalement sous forme d’autoréglementation. Aux Etats-Unis, la Securities and Exchange Commission (SEC), autorité des marchés financiers, demande à présent aux comités chargés de la nomination au conseil d’administration d’expliquer leurs critères de sélection. Au Royaume-Uni, un rapport sur les femmes administrateurs, commandé par le gouvernement et publié début 2011, réclame une plus grande transparence dans les nominations des cadres dirigeants et des informations bien plus détaillées sur la proportion de femmes aux divers niveaux de l’entité, et il suit les avancées dans ce domaine. D’autres pays ont introduit des règles exigeant des entreprises qu’elles nomment plus de femmes ou, à défaut, qu’elles se justifient. La menace implicite est que si les mesures volontaires ne donnent pas de résultats, des mesures énergiques seront prises.

Pourquoi cette soudaine effervescence après des années de stagnation ? Parce que beaucoup de gouvernements prennent conscience que leurs économies ont besoin de tous les talents disponibles – malgré le chômage élevé que la crise financière a provoqué dans de nombreux pays riches. Au cours des dernières décennies, les femmes en Europe et ailleurs se sont massivement inscrites dans les universités et, dans la plupart des pays, elles sont maintenant en majorité parmi les jeunes diplômés.

Ces femmes hautement qualifiées représentent un potentiel insuffisamment exploité. D’innombrables études montrent que les entreprises qui comptent un grand nombre de femmes aux postes de direction sont plus florissantes que celles qui en ont peu ou aucune. En 2012, les conseils d’administration exclusivement masculins commenceront à paraître terriblement démodés.

Barbara Beck, The Economist

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