Enfin des charges rapides dans la province de Luxembourg

© PG
Robert Van Apeldoorn
Robert Van Apeldoorn Journaliste Trends-Tendances

Les autoroutes wallonnes, au sud de la Meuse, manquent de bornes rapides pour les autos électriques. Le Néerlandais Fastned va ouvrir une station sur l’E25 et a par ailleurs annoncé un triplement de ses revenus.

Le roi néerlandais de la charge rapide électrique, Fastned, débarque en Wallonie. Il a aussi annoncé des résultats meilleurs qu’anticipé. Son chiffre d’affaires au premier semestre a quasiment triplé, pour arriver à 12,6 millions d’euros, grâce à une progression accélérée du marché de la voiture à batteries.

La première station jaune (c’est la couleur de Fastned) en Wallonie sera située sur l’E25, dans la province du Luxembourg, qui est plutôt un désert pour les bornes de recharge. Les automobilistes néerlandais, plus électrifiés que les Belges, le savent. Quand ils partent en vacances vers le sud, ils appréhendent le passage de la Wallonie où les bornes rapides sont clairsemées, surtout au sud de la Meuse, où on peut parler de désert. Les week-ends de juillet et août il peut y avoir saturation sur les rares sites équipés, comme la station Ionity de Wellin, proche de l’E411. Fastned opère 13 stations en Belgique, toutes situées en Flandre, mais devrait ouvrir 23 autres stations dans le pays.

Des stations aux toits jaunes visibles de loin

Fastned est une start-up néerlandaise qui développe un réseau de charge rapide sur les grands axes. Elle est très présente aux Pays-Bas (131 stations), et se développe en Belgique (13 stations), en France, en Allemagne, en Suisse et en Grande-Bretagne. Ses stations sont très reconnaissables à leurs toits jaunes, à la fois pour protéger les utilisateurs de la pluie, mais aussi pour être visible de loin. Fastned exploite 210 stations, et doit encore en construire beaucoup, car l’entreprise a des accords pour 358 sites, dont 22 seront ouverts d’ici la fin de l’année – y compris la station sur l’E25.

En Belgique, Fastned, très présent en Flandre, et a du mal à se développer en Wallonie. Son approche est radicale. L’entreprise ne veut pas conclure d’accord avec les pétroliers qui ont des concessions sur les aires autoroutières, ce qui imposerait un partage des revenus et des limitations sur la durée de l’exploitation et la taille de la station. Fastned souhaite obtenir des concessions longues (30 ans si possible) et flexibles, qui permettent d’augmenter le nombre de bornes à mesure que les autos électriques se multiplient, les stations “standard” comportant au départ 4 bornes. C’est visiblement plus difficile à obtenir en Wallonie qu’en Flandre.

En France et aux Pays-Bas, les concessions des aires de service autoroutières ne sont pas globalisées par des pétroliers, les concessions sont conclues séparément par activité. Aussi trouve-t-on des stations Fastned un peu partout aux Pays-Bas, à côté de stations-service, avec qui l’énergéticien cohabite.

136.000 euros de revenus par stations

Au plan financier, Fastned annonce une recette moyenne annualisée de 136.000 euros par stations (+116%), avec 472.000 euros pour les stations du top 5. L’entreprise est encore en perte. Au premier semestre, elle affiche un profit net de -11,4 millions d’euros (vs -15,8 millions d’euros en H1 – 2021), avec un revenu qui a quasi triplé, passant de 4,4 millions à 12,6 millions.

Ces pertes devraient durer quelques années, car l’entreprise est en phase d’investissement. Elle dépense beaucoup d’argent pour installer des stations un peu partout en Europe, les revenus seront générés plus tard, à mesure que le parc des autos électriques augmentera. Ce qui devrait arriver car l’Union européenne va interdire la vente d’autos à carburant à partir de 2035 ; les Pays-Bas, premier marché de Fastned, y passeront déjà en 2030. “La concurrence se porte surtout pour les emplacements” nous avait dit Michiel Langezaal, CEO de Fastned, en mars dernier.

Rentable à partir de 2025

Pour ING, Fastned devrait devenir rentable à partir de 2025. Les prévisions des analystes de la banque néerlandaise parlent, pour la même année, d’un revenu de 188,1 millions d’euros et d’un premier bénéfice net de 9,3 millions d’euros. Avec un parc opérationnel de 516 stations. Le titre a particulièrement souffert ces derniers mois. Il y a un an il se situait autour de 60 euros, et a été divisé par deux à partir de mai. Les résultats favorables annoncés pour le premier semestre ont poussé le cours vers le haut, à 35 euros.

Fastned n’est pas le seul réseau de charge rapide. Plusieurs constructeurs automobiles ont créé en Europe Ionity, qui compte 428 stations. Pour aller plus vite et être présent le long des autoroutes, cette entreprise accepte de signer des contrats avec des pétroliers, notamment Shell. Tesla possède son propre réseau de bornes rapides, réservé à l’origine aux autos de la marque, qui s’ouvre depuis peu aux autres marques, notamment en Belgique, en France et aux Pays-Bas. TotalEnergies déploie propre réseau de bornes dans ses stations, fort présentes sur nos autoroutes.

La hausse du coût de l’électricité a obligé Fastned à augmenter ses tarifs. De 59 cents par kWh il y a un an, il était passé à 69 cents, et se situe actuellement à 75 cents en Belgique, hors formule particulière (50 cents par kWh en Belgique pour l’abonnement Gold, avec un paiement de 11,99 euros mensuel). Ces tarifs restent en ligne avec le marché.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content