En France, les femmes “travaillent gratuitement” depuis le 3 novembre
Depuis le mercredi 3 novembre, les femmes françaises ont commencé à ‘travailler gratuitement’ et ce jusqu’à la fin de l’année, selon le calcul annuel du collectif féministe “Les Glorieuses”. Ce constat a pu être réalisé grâce aux statistiques européennes d’Eurostat. Explication.
Travailler gratuitement, quelle drôle d’idée. C’est pourtant le constat réalisé par le collectif français “Les Glorieuses”. Pour arriver à ce résultat, le collectif s’est basé sur les données européennes d’Eurostat. En effet, chaque année, la direction générale des statistiques de la Commission européenne calcule l’écart des rémunérations entre hommes et femmes à l’échelle européenne.
Selon Eurostat, cet indicateur vise “à atteindre l’égalité des sexes en mettant fin, entre autres, à toutes les formes de discrimination.” La direction rappelle également que “l’égalité de rémunération à travail égal est l’un des principes fondateurs de l’Union européenne. Il est inscrit dans les traités depuis 1957. L’article 157 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne prévoit que chaque État membre veille à l’application de ce principe.” Mais dans les faits, l’indicateur nous montre donc que l’égalité salariale est encore loin d’être atteinte.
La Belgique dans le haut du tableau, la France en retard
Si les femmes françaises ont commencé à ‘travailler gratuitement’ et ce jusqu’à la fin de l’année, c’est parce que la différence de salaire est de 16,5 % avec les hommes. Parmi les mauvais élèves, on retrouve également l’Allemagne avec un écart de 19,2%, ou encore les Pays-Bas avec 14,6% d’écart salarial. Du côté belge, ce chiffre est de 5,8%. Le pays se retrouve dans le haut du tableau avec notamment l’Italie (4,7%) et le Luxembourg (1,3%).
Cependant, il est important de préciser que tous ces chiffres – et donc ceux utilisés par le collectif “Les Glorieuses” – sont basés sur les dernières données d’Eurostat, qui datent de 2019. Avant la crise Covid donc. Une crise qui pourrait avoir impacté davantage l’emploi des femmes.
Les conséquences de la crise sanitaire encore attendues
En effet, selon la BNB (Banque nationale belge), la crise sanitaire a amplifié le déséquilibre déjà existant dans le partage des rôles au sein des ménages. “Les femmes ont assumé la majeure partie du surcroit de tâches, notamment en termes de garde d’enfants, en raison de la fermeture des écoles et des crèches lors du premier confinement. Cela se reflète dans les données de l’Onem sur les congés parentaux corona au sein desquels on dénombrait 71% de femmes (contre 68% en moyenne en 2019 pour les congés parentaux ‘classiques’). Or, l’effet de court terme des sorties du marché du travail ou de réduction du temps de travail pourrait être persistant au vu de l’importance donnée à l’expérience professionnelle. Les mères concernées pourraient dès lors avoir des perspectives de carrière et de revenus inférieures à ce qu’elles auraient pu obtenir sans cette contrainte.”
Rebecca Amsellem, l’économiste qui a créé “Les Glorieuses”, a d’ailleurs confié au journal Les Echos sont inquiétude sur l’impact à venir de la crise sanitaire sur les salaires des femmes. Une crise qui pourrait avoir encore creusé l’inégalité salariale.
La solution ? Elle se trouve peut-être en Islande. Rappelez-vous, le 1er janvier 2018, ce pays de plus de 300 000 habitants devenait le premier pays au monde à légiférer sur une stricte égalité salariale entre hommes et femmes. En tout cas, du côté du collectif “Les Glorieuses”, on espère mettre le sujet au coeur du débat de la prochaine élection présidentielle française.
Aurore Dessaigne
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