Ekkofin, créatrice de valeur

Joffroy Moreau, Fondateur d'Ekkofin: "Nos missions se déroulent sur deux à trois ans, parfois moins, durant lesquelles nous allons mener une réorganisation stratégique afin de créer de la valeur et ainsi maximiser la cession." © Dann

Basée à Mons, Ekkofin se positionne sur le marché du conseil comme un cabinet spécialisé en accompagnement stratégique et financier. Notamment dans le domaine de la transmission où elle s’adresse aux PME et entreprises familiales.

“La réorganisation stratégique au service de la création de valeur “, tel pourrait être défini en quelques mots le core business d’Ekkofin, société fondée en 2012 par Joffroy Moreau.

Ingénieur de gestion Solvay, ce dernier a débuté sa carrière chez Bain & Company, avant de rejoindre l’incubateur EEBIC comme investment manager pour les fonds en venture capital Theodorus et Sherpa Invest. Il occupera ensuite la fonction de CFO ad interim dans diverses sociétés ainsi que dans un groupe de services actif dans les secteurs pharma et IT en Belgique et en France. ” Ekkofin est la résultante de ces trois expériences, confie-t-il. Nous ne sommes pas seulement une boutique M&A ( mergers and acquisitions, Ndlr) active en Wallonie et à Bruxelles mais intégrons également un cabinet de conseil en stratégie s’adressant au marché des entreprises moyennes. D’un côté, la plupart des sociétés actives sur le marché des fusions et acquisitions ne remettent pas en question la gestion et le métier de leurs clients et ne peuvent donc pas réellement créer de la valeur au-delà de la gestion d’une opération ciblée. De l’autre, nombre de sociétés de conseil sont généralement des fiduciaires ‘améliorées’ se limitant à la comptabilité et aux montages fiscaux, avec peu d’impact sur le business planning et la stratégie. Pour notre part, nous proposons à nos clients une vision intégrée de la stratégie, de la finance et de la valorisation de l’entreprise à court, moyen et long terme. ”

Les raisons de la cession

On ne cesse de le répéter, les prochaines années seront cruciales pour pas mal d’entreprises, dirigées par des babyboomers, qui devront trouver un repreneur. Ainsi, en Région wallonne, un quart des chefs d’entreprise sont âgés de plus de 55 ans. En toute logique, ils doivent sérieusement commencer à se poser la question de la pérennité de leur société. Force est de constater que peu s’y préparent et beaucoup reportent l’échéance, voire s’accrochent à la barre. Mais quand la décision est prise, le patron a tendance à surévaluer son entreprise et à imaginer que la cession sera rapide. Or, c’est rarement le cas. C’est ici que peut intervenir Ekkofin.

” L’âge du dirigeant est l’une des raisons de la cession d’une entreprise, note Joffroy Moreau, mais ce n’est pas la seule. Globalement, on peut se retrouver confronté à trois autres cas auxquels on ne songe pas immédiatement. Le premier, c’est le chèque, la proposition indécente qui ne se refuse pas. C’est rare mais cela peut arriver, par exemple pour une société qui détient une technologie innovante, une position de leader, etc. Un autre cas de figure, ce sont les entreprises qui se retrouvent en difficulté suite à un problème lié soit à l’entrepreneur (maladie, divorce, décès, etc.), soit à la société (litiges, soucis financiers, perte d’un collaborateur-clé). Le troisième, ce sont les limites en lien avec le développement de l’entreprise. Elles concernent le dirigeant, la société ou l’évolution de son marché. Il peut s’agir d’un manque de compétence, de moyens financiers, d’une incapacité à suivre l’évolution technologique ou la consolidation du secteur, etc. Dans ce cas, il est sain de passer le relais à quelqu’un d’autre. ”

Objectif et préparation

La transmission est un acte de management qui nécessite une préparation ad hoc. Ici, l’heure n’est ni à la précipitation, ni à l’amateurisme. Pour assurer la pérennité de l’entreprise, qui figure souvent en tête des motifs prioritaires du cédant, il convient donc de s’assurer que toutes les conditions de poursuite – et de développement futur – des activités soient réunies. ” Certains chefs d’entreprise nous contactent pour que nous organisions la vente de leur société dans les trois ou six mois, précise Joffroy Moreau. Nous leur répondons que ce n’est pas possible. Nous ne sommes pas là pour mettre l’entreprise en vitrine, ni pour organiser une vente au rabais. Nos missions se déroulent sur deux à trois ans, parfois moins, pour réaliser cette cession. Il faut d’abord, en amont, définir un objectif prioritaire et s’y tenir. Il y a trois types d’objectifs : démarche de pérennité, de développement ou de maximisation de la plus-value. Cet objectif va naturellement déterminer le plan stratégique et le profil du repreneur. Ensuite, il faut rendre l’entreprise indépendante de son dirigeant et/ou fondateur qui va la quitter, sinon vous n’arriverez jamais à céder. Enfin, en aval, c’est la phase marketing durant laquelle on va réaliser le dossier de vente, représenter le cédant, trouver le repreneur et négocier les conditions de la transaction. ”

Il ne s’agit pas de rendre la mariée plus belle en enjolivant les comptes, mais bien de mener une vraie réorganisation afin de créer de la valeur.

La détermination de l’objectif est essentielle car elle conditionne la préparation qui devra être adaptée selon la situation existante et le profil du repreneur envisagé. Ce dernier peut être un manager interne ou externe, un financier ou un industriel. Pour Ekkofin, trois éléments sont importants dans la préparation de l’entreprise pour qu’elle soit attractive aux yeux d’un repreneur potentiel. Il ne s’agit pas de rendre la mariée plus belle en enjolivant les comptes mais bien de mener une vraie réorganisation afin de créer de la valeur. D’abord, le cas échéant, ” professionnaliser ” la gestion financière en intégrant les notions de processus de reporting, contrôle de gestion, processus budgétaire, business planning, etc. Ensuite, évaluer et gérer le risque en analysant, par exemple, la dépendance par rapport aux clients et/ou fournisseurs, le passif, etc. Enfin, la structuration de l’entreprise en tant que telle. ” Il faut vraiment la structurer pour qu’elle ne dépende plus du cédant qui doit alors la gérer quasiment comme une entité extérieure “, ajoute Joffroy Moreau.

Au-delà de la transmission

Les interventions menées par Ekkofin sont variées et dépassent le cadre de la cession et de la transmission. Son équipe, composée d’une dizaine d’experts, effectue également des missions de consultance tant pour les PME que pour les investisseurs industriels et institutionnels. Elle est ainsi intervenue auprès de La Caisserie Maton située dans la région de Mons (Saint-Ghislain). Cette société familiale est active dans la production, le traitement, la commercialisation et la livraison de palettes neuves en bois – un million d’unités par an. Elle contacte Ekkofin en 2013 dans le cadre d’une analyse de maturité pour la transmission. ” Assez rapidement, nous constatons que l’entreprise est en difficulté dans un marché compliqué – accroissement de la concurrence, explosion du prix des matières premières, consolidation du marché – note Joffroy Moreau. Les problèmes de trésorerie et de sous-capitalisation paralysent le management familial qui s’inquiète de livrer un ‘cadeau empoisonné’ aux enfants qui participent à la gestion de l’entreprise. ”

Un plan financier prévisionnel détermine alors une valorisation d’entreprise très faible à cause du poids des dettes et de l’investissement récent dans une usine de production. Une levée de fonds est réalisée en urgence afin de passer l’année et un plan de réorganisation stratégique est mis en place avec une simplification de la production et une augmentation des prix que certains clients acceptent et d’autres pas. Après avoir évité de près la cessation de paiement, une stratégie de partenariat industriel est initiée avec l’intégration au capital d’un leader européen, le groupe français PGS. Les négociations ont été difficiles mais aujourd’hui, la pérennité est assurée et la troisième génération conserve le contrôle d’une entreprise dont la valorisation a quintuplé en cinq ans.

Plus récemment, Ekkofin a aidé une start-up lancée en 2014, We Invest Real Estate, agence digitale innovante dans le secteur du courtage immobilier. Avec comme objectif de structurer la forte croissance qu’elle a enregistrée et à l’aider à passer en mode scale-up. ” Dans ce cas, nous avons développé une approche de master franchise sur la Belgique qui permettra de couvrir l’ensemble du territoire belge cette année et d’envisager l’expansion du modèle à l’international dès 2020 “, précise Joffroy Moreau. Deux exemples parmi d’autres qui soulignent que les entrepreneurs, souvent le nez dans le guidon, gagnent à s’entourer de spécialistes qui vont leur éviter parfois de prendre le mur mais surtout leur ouvrir de nouveaux horizons.

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