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Egalité hommes-femmes: attendre 257 ans ou prendre le raccourci des maths?

Selon les chiffres de la police, 6.300 personnes ont pris part à une marche, à Bruxelles, le 8 mars dernier, pour marquer la journée des droits de la femme. Des prises de paroles ont eu lieu, comme à chaque fois, et la plupart des thèmes sont, hélas, toujours d’actualité faute de changement majeur. En revanche, ce qui m’a frappé, c’est le peu de place consacré au rôle des femmes dans le numérique.

Rédigé comme cela, cela peut sembler anecdotique par rapport au manque criant de crèches ou au thème de l’inégalité salariale. En réalité, la faible présence des femmes dans le monde numérique est de loin le problème le plus structurant pour l’avenir des femmes.

L’évidence se doit d’être rappelée, l’avenir de la femme sera numérique ou ne sera pas. En Europe, rien qu’à l’heure actuelle, il y a déjà 900.000 emplois à pourvoir dans le secteur du numérique. Et demain, l’intelligence artificielle va bouleverser 80% des emplois. Mais le drame, c’est que les femmes n’occuperont qu’une faible partie de ces nouveaux emplois. Des doutes ? L’entreprenariat féminin dans les métiers du numérique représente 8% en Wallonie contre 15% en moyenne dans les autres types d’activité. En Belgique, un diplômé sur quatre dans les STEM (filières scientifiques, techniques, d’ingénierie et de mathématiques) est une… femme ! Et c’est vrai qu’il n’y a qu’à regarder les bancs des universités en Belgique, 80% d’hommes dans les facultés d’ingénieurs et 66% d’hommes dans les sciences exactes.

Bref, sans changement notable, la commission européenne a calculé que la faible inclusion des femmes dans le numérique causerait une perte annuelle de 16 milliards d’euros pour le PIB européen. En clair, en délaissant de manière volontaire ou involontaire les sections scientifiques de nos universités, les femmes risquent d’être exclues des métiers du futur. Formulé autrement, les femmes qui ont défilé le dimanche 8 mars ont eu raison de rappeler qu’il y a une inégalité salariale inadmissible, mais attention à ne pas oublier que s’il y a déjà un plafond de verre pour certaines fonctions, ne pas pousser les jeunes filles vers les filières scientifiques aujourd’hui, c’est les mettre face à un deuxième plafond de verre demain ou après-demain.

Au rythme actuel des changements, le Forum économique de Davos avait calculé qu’il faudrait attendre… 257 ans avant de parvenir à l’égalité des genres au sein de l’entreprise. Impensable, évidemment. Par ailleurs, les jeunes femmes doivent se rendre compte que le numérique présente un autre danger pour elles. Les algorithmes de l’intelligence artificielle qui régissent déjà notre vie quotidienne sont en effet élaborés à 82% par des hommes. En clair, non seulement, les métiers du futurs sont déjà trustés par des hommes, mais en plus, comme ce sont les hommes qui conçoivent ces algorithmes, ces derniers sont le plus souvent biaisés en leur faveur. La preuve ? Une étude du MIT montre que la reconnaissance faciale est plus fiable pour les visages d’hommes que de femmes. Reste à s’interroger : que faut-il faire ?

Simple, inciter les jeunes filles à se diriger davantage vers les formations scientifiques en les aidant à dépasser les préjugés et autres stéréotypes culturels. En France, Chiara Corazza, la directrice générale du Women’s Forum, vient de remettre un rapport de 43 pages au président Macron avec plusieurs pistes de solution. Le résumé de ce rapport est clair et va dans le sens de ce qu’a déjà souligné Digital Wallonia dans sa campagne “Wonder Wallonia Women”, l’émancipation des femmes passera par la maîtrise des mathématiques. Et c’est un littéraire qui le souligne.

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