Différences de prix : “Nos 2 conseils au consommateur”

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L’étude du SPF Economie met en évidence de grandes différences de prix entre la Belgique et nos voisins. Le Crioc en tire deux conseils pour le consommateur belge, analyse les causes de ces divergences… et adresse ses six commandements à nos dirigeants.

L’étude du SPF Economie consacrée aux prix alimentaires en Belgique et chez nos voisins “montre qu’il existe, en défaveur de notre pays, une différence significative et partiellement inexpliquée”, estime le Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs.

“Des produits identiques sont, en moyenne, 10,4 % plus chers en Belgique qu’aux Pays-Bas, 10,6 % qu’en Allemagne et 7 % qu’en France, énumère le Crioc. Pour les produits alimentaires transformés, la différence est de 12,5 % de plus en Belgique qu’aux Pays-Bas, 7,5 % qu’en Allemagne et 8,6 % qu’en France.”

1. Que conseiller au consommateur ?

Le consommateur doit faire preuve de vigilance et ne pas hésiter à comparer le prix des produits, résume le Crioc, qui livre ses deux conseils de base en la matière :

– comparer les prix en fonction d’une liste d’achats, vu la variabilité des prix entre les enseignes. “S’il ne sert à rien au consommateur de comparer des prix moyens, il est nécessaire de comparer le prix de sa liste personnelle de courses.”

– privilégier les marques de distributeurs (marques B). “Les produits sont souvent de qualité identique, comme le montrent les études réalisées par le Crioc et les différences de prix d’un produit de marque nationale et d’un produit MDD comparable sont en moyenne de l’ordre de 40 % à 45 % en Belgique. L’étude réalisée par l’Uroc et le Crioc confirme cette tendance. Le choix des premiers prix (Marques C) peut aussi apparaître comme une solution pour des produits de recette simple, nettement moins chers que les marques de distributeurs (Marques B) ou les marques nationales (Marques A).”

2. Pourquoi ces prix sont-ils plus élevés ?

Plusieurs facteurs, selon l’étude, peuvent expliquer ces différences de prix élevées comme :

Les différences liées à la fiscalité indirecte. “Elles expliquent 2 % de cette différence. Le taux de TVA sur la plupart des produits est 0,5 % plus élevé en Belgique qu’aux Pays-Bas et en France (1 % inférieur à celui de l’Allemagne). Sur d’autres produits, ce taux est 2 % plus élevé qu’aux Pays-Bas et en Allemagne (1,4 % plus élevé qu’en France). De même, la fiscalité directe pourrait aussi expliquer une part des différences.”

Les différences dans le coût du travail. “Le recours à de la main-d’oeuvre bon marché (étudiants jobistes) employés à temps partiel aux Pays-Bas, tandis que la Belgique dispose d’une main-d’oeuvre plus coûteuse car soucieuse de faire carrière dans la distribution. Le coût du travail pourrait expliquer 2 % des différences.”

Les différences des coûts d’exploitation (immobilier, logistique). “Selon l’étude du SPF Economie, rien n’indique que les entreprises les plus efficaces en Belgique et aux Pays-Bas aient des coûts sensiblement différents.”

Le coût des achats,perçu comme plus élevé en Belgique par les distributeurs et lié sans doute aux spécificités territoriales (étiquetage trilingue) et à l’absence de commerce parallèle. Il serait difficile pour une enseigne de s’approvisionner à l’étranger vu la spécificité des produits développés pour le marché belge. Cette différence ne devrait pas expliquer plus de 2 % des différences.”

Les différences de structure entre les marchés hors Belgique et le marché belge. “Le taux de concentration du marché belge de la distribution est caractérisé par une plus forte concentration des parts de marché. En effet, trois quarts du marché sont aux mains des trois plus grands acteurs (Carrefour, Delhaize et Colruyt dont la part de marché varie entre 21 % et 26 %). Plus cette concentration est élevée, plus les prix pratiqués sont élevés. Plus la part de marché d’une enseigne est importante dans une commune, plus le prix pratiqué pour un produit est important. L’absence de concurrence accentue les prix élevés.”

Le fait que le niveau de prix soit déterminé par l’enseigne la plus chère et que les autres concurrents alignent leurs prix sur cette enseigne. “En pratique, il propose une réduction de prix par rapport à un prix de référence élevé qui ne correspond pas à une marge juste mais à la recherche de la marge la plus élevée possible. Cet élément tend à prouver l’existence d’une tendance à faire payer au consommateur un niveau de prix élevé.”

La législation belge concernant l’interdiction de vente à perte,”qui conduirait à une augmentation des prix. Les chaînes de supermarchés ne peuvent facturer un prix inférieur au prix de gros aux clients. Celui-ci peut donc agir comme un prix plancher uniforme et incite les supermarchés et leurs fournisseurs à augmenter le prix de gros et les marges arrière pour réduire la concurrence entre distributeurs, mais également entre fournisseurs.”

L’inertie du consommateur,”qui ne le conduit pas à effectuer des comparaisons des prix et de la qualité de services coûteuses et compliquées. Il faut, pour ce faire, se rendre dans plusieurs magasins, retenir les prix pratiqués et être capables de les agréger pour établir le coût moyen. De plus, le prix est loin d’être le seul critère de sélection d’une enseigne. L’étude conclut que les différents facteurs de coûts étudiés ne permettent pas d’expliquer une différence de plus de 6 %.”

Or, les différences entre les magasins peuvent atteindre 25 %. D’où l’intérêt pour le consommateur de comparer les prix des différents produits et entre les différentes enseignes.

3. Comment les autorités publiques doivent-elles réagir ?

Le Crioc demande dès lors aux autorités de :

– Mettre en place un outil harmonisé de comparaison des prix qui supprime les effets d’annonce réalisés par des enseignes et limite toute réelle comparaison.

– S’interroger sur l”aménagement de la législation sur les ventes à perte pour juguler l’inflation.

– Mettre en place un monitoring de l’évolution des marchés, et notamment, du développement des marques de distributeurs vu les effets indésirables que celles-ci pourraient générer et réduire le choix du consommateur.

– Surveiller les ententes sur les prix, de nombreuses fois dénoncées par les instances européennes.

– Publier les prix (en euros) des produits relevés dans le cadre de l’indice des prix et non des indices.

– Développer un outil statistique moderne, univoque et basé sur la consommation réelle des ménages grâce à la collecte des données au point de vente

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