Deux radios indépendantes sur trois pourraient disparaître si la crise se prolonge

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La crise du coronavirus a eu un impact économique sur l’ensemble du secteur des médias en Fédération Wallonie-Bruxelles, confirme un second rapport en la matière du Conseil supérieur des médias (CSA) publié jeudi. Les disparités sont toutefois importantes en fonction des acteurs, avec les éditeurs de petite taille comme premières victimes des deux confinements. Deux radios indépendantes sur trois pourraient ainsi disparaître si la crise économique se prolonge.

Ce second rapport du CSA porte sur la période mai-décembre 2020. Le premier, publié en mai dernier, envisageait la crise davantage sur la programmation et la réorganisation (notamment interne) des médias consécutive à la baisse des investissements publicitaires.

Ayant peu ou moins accès aux annonceurs nationaux, les médias de petite taille n’ont pu bénéficier de la reprise de fin d’année sur ce marché. Ils sont en outre, dans certains cas, touchés par d’autres effets de la crise sanitaire tels l’arrêt complet du secteur évènementiel et l’interdiction de rassemblement.

Les médias télévisuels de service public ont été moins touchés par la crise car leurs revenus ne dépendent pas exclusivement de la publicité. Le chiffre d’affaires a diminué de 20% en moyenne du côté des Médias de proximité et entre 5 et 20% pour les télévisions privées.

L’impact est par contre beaucoup plus important du côté des web tv, où le chiffre d’affaires a connu une chute drastique, de plus de 90%. Les éditeurs s’en expliquent par l’arrêt des partenariats publicitaires, l’impossibilité d’organiser des événements et la disparition des commandes de production pour des tiers. La production est ainsi totalement à l’arrêt pour certains médias, notamment ceux consacrés au sport.

En radio, les acteurs nationaux ont pu sauvegarder une partie importante de leur chiffre d’affaires et limiter la casse grâce à la reprise de la publicité à l’échelle nationale dans la deuxième moitié de l’année. “A contrario, le marché de la publicité locale et ultra-locale s’est totalement effondré pendant la période mesurée, au détriment des radios indépendantes principalement”, constate le CSA.

Revenus en baisse…

Les radios indépendantes tirent normalement une partie significative de leurs revenus de l’organisation d’événements locaux ou de partenariats sur l’organisation d’événements. L’arrêt complet du secteur événementiel les touche donc au premier plan, faisant disparaître une seconde source de revenus. En conséquence, les déclarations des sondés indiquent une réduction moyenne du chiffre d’affaires des radios indépendantes de 62% et 25% pour les radios en réseau.

La proportion d’éditeurs déclarant faire face à des problèmes de liquidités est passé de 33% en juin dernier à 40% en moyenne au mois de décembre, tant pour les radios indépendantes que pour celles en réseau. Une tendance qui inquiète le CSA, car cette proportion pourrait continuer à augmenter en cas de prolongation de la crise sanitaire. “Certains éditeurs n’ont plus que 6 mois de réserves de trésorerie”, alerte-t-il.

Dans la catégorie des radios en réseau, ce sont surtout celles à couverture provinciale qui sont concernées. Les acteurs nationaux d’une certaine taille sont, eux, “tirés d’affaire”, au contraire donc des acteurs locaux et/ou de petite taille que sont les radios indépendantes, ou les radios en réseau à couverture plus locale.

Interrogés sur l’impact que la crise économique pourrait avoir sur la poursuite de leurs activités, 40% des répondants en réseau et 65% des radios indépendantes déclarent que leur survie est en jeu. Autrement dit, deux radios indépendantes sur trois pourraient disparaître si la crise économique se prolonge.

Depuis le début de la crise, un peu moins de 3 millions d’euros d’aides financières ont été attribués au secteur médiatique de la Fédération Wallonie-Bruxelles, dont 25% en télévision, 23% en radio et 52% en presse écrite.

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