Des produits italiens labélisés “anti-mafia”

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Le label italien Libera Terra propose des produits “sans lien avec la mafia”. Pâtes, vins, confitures sont originaires de terres confisquées aux mafiosi condamnés par la justice italienne. Un concept qui a séduit épiceries bios et restaurateurs en Flandre. Ainsi, le Vooruit de Gand propose un “spaghetti anti-mafia” au menu de son restaurant.

Une loi de 1996 permet de confisquer les biens des mafiosi condamnés par la justice, et de les redistribuer à des coopératives à but social. Ces dernières, au nombre de 8 à l’heure actuelle, cultivent sur des terres appartenant à d’anciens mafiosi des vieilles vignes pour en produire du vin ou transforment en Bed & Breakfast une ancienne maison détenue par la mafia. La plupart des produits proviennent de Corleone, le fief historique de la mafia sicilienne. La gamme Libera Terra est variée et estampillée bio. Elle comprend vin, café, pâtes ou encore confitures aux appellations symboliques : les pâtes G[i]usto allie le goût, gusto, en italien et la justice (giusto signifiant ” juste “), les vins étiquetés “Centopassi” rendent hommage aux victimes de la mafia. “En français, ça veut dire “100 pas”, cela fait référence à une personne qui luttait en Sicile contre la mafia et habitait à cent pas du boss de la mafia. Il s’est fait assassiner de manière atroce“, raconte au micro de la RTBF, Ine Roox, journaliste spécialiste de l’Italie au Standaard et auteure du livre L’Italie, côté ombre dans lequel elle explique le principe de ces produits “propres” sous tous les points de vue. Car dans un pays infiltré par la mafia, une économie juste et légale semble possible. “Aujourd’hui, 1000 hectares sont consacrés à des cultures “Anti-Mafia”, plus de 150 personnes travaillent pour Libera Terra. Mais même si l’initiative est de plus en plus populaire auprès des citoyens, Libera Terra n’échappe pas aux représailles. Chaque année, des lopins de terre sont brûlés”, poursuit Ine Roox.

Un spaghetti “anti-mafia”

En Flandre, la cause anti-mafia a déjà séduit restaurateurs, épiceries bios et centres culturels. Le restaurant du Vooruit de Gand a ainsi signé un contrat de 3 tonnes de pâtes par an. “On vend 20 000 spaghettis par an, explique Sylvia, l’une des cuisinières à la RTBF. Ce sont des pâtes qui nous plaisent par leur grande qualité, mais aussi pour les valeurs qui se cachent derrière le label. C’est un peu plus cher, mais ça en vaut la peine.” Le concept pourrait rapidement gagner la Wallonie et Bruxelles où les produits italiens ont la cote.

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