Des entreprises européennes accusées de violer les droits des travailleurs à l’étranger
D’importantes entreprises européennes, notamment AB InBev, violent les droits humains dans d’autres parties du monde, selon un rapport de la Confédération syndicale internationale publié mardi. L’organisation plaide pour une “action forte” de l’Union européenne en matière de responsabilité d’entreprise.
Le rapport dresse l’indice CSI des droits dans le monde en décrivant les pires pays pour les travailleurs. Il constate une augmentation du nombre de pays qui privent les travailleurs de leur droit de constituer un syndicat ou d’y adhérer (de 106 en 2021 à 113 en 2022) et du nombre de nations qui exposent les travailleurs à la violence physique (de 45 en 2021 à 50 en 2022). Selon le document, le droit de grève a également été bafoué dans 87% des pays analysés. La Belgique figure dans la catégorie 3 (sur 5) de l’indice, avec des “violations régulières des droits”.
Le rapport pointe aussi du doigt des entreprises ayant leur siège en Europe mais dont le comportement dans le reste du monde est problématique. La confédération syndicale évoque notamment le cas d’AB InBev au Pérou, où l’entreprise basée à Louvain a mis en place des processus de restructuration de son personnel “sans avoir consulté les organisations syndicales”. La CSI cite également des exemples de violation des droits des travailleurs chez Nestlé au Brésil, avec une réduction drastique des salaires et allocations, ou encore de H&M en Nouvelle-Zélande, où la chaîne de vêtements a suspendu des employés durant la négociation d’une nouvelle convention collective sur les salaires.
“Les entreprises devraient se comporter à l’étranger comme elles le font en Europe”, considère la secrétaire confédérale de la Confédération européenne des syndicats Isabelle Schömann. “Pourtant, dans de trop nombreux cas, ces grandes enseignes croient qu’elles ne sont pas tenues de respecter les droits des travailleurs et des syndicats en dehors de l’Europe.” Face à ces abus, les représentants des travailleurs déplorent que le projet de directive de la Commission européenne échoue à assurer aux victimes un accès effectif à la justice ou à imposer des sanctions aux effets dissuasifs pour les entreprises. Ils demandent “une législation européenne forte pour forcer ces entreprises à se conformer aux règles”.