Dernières négociations tendues pour le rachat de Brussels Airlines par Lufthansa

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La Lufthansa devrait enfin exercer son option d’achat pour racheter la totalité de la compagnie belge. Elle avait acquis 45% du capital en 2008 et avait reporté plusieurs fois l’absorption totale. Le prix très bas indispose les actionnaires belges. Mais la marge de manoeuvre est bien étroite.

Nouvelle étape pour Brussels Airlines, compagnie créée sur les cendres de la Sabena en 2001. La Lufthansa, déjà actionnaire à 45%, devrait décider cette semaine d’exercer son option d’achat pour acquérir la totalité des actions. La compagnie belge deviendra alors une filiale du groupe allemand. C’est l’exécution d’un plan annoncé en 2008 lors de l’arrivée de Lufthansa dans le capital de SN Airholding, la maison mère de Brussels Airlines. L’intégration totale au sein de Lufthansa était prévue dès le départ.

Moins de 3 millions pour 55%

Les multiples actionnaires de SN Airholding qui vendront leurs parts selon le mécanisme d’option d’achat négocié en 2008 ne sont pas tous très heureux, car le prix d’achat risque d’être symbolique. Il est basé sur les résultats de la compagnie, qui a longtemps été en perte, et est revenue en 2015 à un bénéfice net consolidé de 37 millions d’euros. En tenant compte d’un calcul intégrant un crédit consenti par la Lufthansa, le prix d’achat total pourrait se situer à moins de 3 millions d’euros. Les comptes consolidés de SN Airholding affichait pour 2015 une dette à plus d’un an de 95 millions d’euros (en diminution) et des fonds propres négatifs.

Faible marge de manoeuvre

La marge de manoeuvre des actionnaires vendeurs est faible, car la Lufthansa dispose d’un contrat prévoyant le mécanisme d’exercice de l’option d’achat et a la priorité. Aucun autre candidat ne pourrait venir surenchérir, s’il y en avait. Brussels Airlines est par ailleurs déjà fort intégré au groupe Lufthansa.

C’est donc une discussion diplomatique est en en cours, une négociation sur l’interprétation du calcul de l’option d’achat. Sur fond d’incertitude, car Brussels Airlines a souffert des attentats de mars. Dans un premier temps, en mars-avril-mai, le nombre de passagers a chuté, mais la compagnie a pu rattraper le terrain perdu durant l’été. Sur les 8 premiers mois de l’année, elle est parvenue à afficher un nombre de passagers au moins égal à celui des 8 premiers mois de 2015. En pratiquant des prix toujours plus bas, dont la traduction sur la profitabilité demeure encore incertaine.

Les nombreux actionnaires vendeurs

Parmi les dizaines d’actionnaires contractuellement vendeurs figurent BNP Paribas Fortis, la SRIW, Brussels Airport, Belfius, Engie, ING, qui ont chacun quelques pourcents ou parfois moins d’un pour cent. Ils avaient contribué à relancer une compagnie aérienne belge après la faillite de la Sabena en 2001, et avaient été réunis par Maurice Lippens et Etienne Davignon. Ce dernier est toujours président de SN Airholding. A ces actionnaires fondateurs s’est ajouté Virgin, qui a revendu la compagnie Virgin Express à Brussels Airlines en 2004, et reçu en échange 14,66% de SN Airholding, ce qui en fait le deuxième plus grand actionnaire.

Le groupe Lufthansa avait retardé l’exercice de l’option d’achat, car la compagnie belge, longtemps rentable, s’est mise à faire des pertes à partir de 2008. Il souhaitait que Brussels Airlines démontre sa profitabilité avant d’acquérir le solde des 55% d’actions, ce qui a pris du temps. Entretemps les actionnaires, Lufthansa inclus, n’ont pas renfloué SN Airholding et sa filiale Brussels Airlines. Le groupe allemand a toutefois consenti une ligne de crédit et soutenu le plan de productivité et de croissance lancé par Bernard Gustin, CEO de Brussels Airlines. Qui avait fini par porter ses fruits avec les bénéfices de 2015, annonciateurs d’une possible absorption par Lufthansa. Qui devrait se décider cette semaine par le groupe allemand. Ou être reportée à l’année prochaine.

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