Démarrage sous tension pour le péage kilométrique

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Le péage kilométrique des poids lourds est entré en vigueur ce matin. Cela grince : des camionneurs bloquent des routes en Wallonie. D’autres, qui s’y sont pris tard pour s’inscrire, font la file devant les distributeurs de terminaux à la frontière néerlandaise.

“Nous avons été débordés par la base” dit Michaël Reul, secrétaire général de l’UPTR, qui fait référence aux camions qui bloquent l’E411 à Achêne et certains zonings. L’UPTR est une fédération de transporteurs routiers qui s’est montrée très virulente au sujet du péage kilométrique pour les utilitaires (à partir de 3,5 tonnes), espérant obtenir un report. La mise en service, prévue le 1er avril, a été maintenue, d’où la grogne.

Les routiers néerlandais s’y sont pris trop tard

Plusieurs points frontières avec les Pays-Bas ont connu des soucis car de nombreux camionneurs n’avaient pas commandé de terminaux portables, les OBU (On Board Unit), nécessaires et obligatoires pour calculer le péage. Le concessionnaire du péage, Satellic, a prévu des distributeurs automatiques aux frontières. Certains ont été pris d’assaut. “Malgré les informations qui ont été faites aux Pays-Bas, certains s’y sont pris trop tard” avance Benoit Lempkowicz, porte-parole de Satellic. Cette dernière a envoyé des équipes pour réalimenter les distributeurs. D’où certains encombrements, notamment à Meer.

Les tarifs

Depuis 00h00 aujourd’hui, tous les utilitaires de plus de 3,5 tonnes doivent rouler avec un OBU (On Board Unit) en fonction. Les tarifs appliqués vont, en Wallonie et en Flandre, de 7,4 à 20 cents. Dans la Région de Bruxelles-Capitale la fourchette va de 9,9 à 29,2 cents. Les tarifs sont modulés selon les routes, le tonnage du véhicule et le niveau des émissions de CO2. Les véhicules qui ne sont pas en ordre risquent une amende de 1000 euros. Les OBU sont fournis gratuitement, moyennant une caution. Les recettes des péages sont reversées aux Régions.

L’UPTR est diverses fédérations étrangères de transport, comme la FTNR française, ont contesté le dispositif, lui reprochant certains dysfonctionnements. Les camionneurs ont pu tester le système à vide, avec des factures à zéro, pour se familiariser avec le péage kilométrique. Il apparaissait que parfois le péage était facturé pour des parcours sur des parking d’entreprises. Le dispositif, basé sur un GPS, n’avait pas enregistré l’existence de ce parking et estimé que le camion roulait sur la route la plus proche, parfois soumise à un péage. Par ailleurs certains OBU se sont avérés défectueux.

Des maladies de jeunesse

Viapass, l’autorité qui contrôle le péage pour le compte des Régions, et le concessionnaire, Satellic, minimisent l’impact de ces maladies de jeunesses. “Les erreurs de péages sont progressivement corrigées à travers des mises à jours des OBU réalisées à distance” assure Benoît Lempkowicz, porte-parole de Satellic. “En cas d’erreur nous rembourseront, cela ne concerne en fait que des petites sommes de quelques centimes.” Il reconnaît aussi qu’il y a des OBU défectueux, “environ 2000, ce qui est acceptable compte tenu du volume distribué, plus de 415.000 terminaux. Les appareils à problèmes ont quasi tous été remplacés.”

“J’accuse Viapass de ne pas jouer son rôle de gendarme”

“Ce n’est pas si simple” estime Michaël Reul, de l’UPTR, “la facturation n’est pas assez précise pour pouvoir détecter les péages non légitimes, il est alors difficile alors de demander un remboursement.” Il regrette que Viapass ait accepté que le concessionnaire Satellic lance les opérations le 1er avril, comme prévu, sans attendre la correction de tous les bugs. “J’accuse Viapass de ne pas jouer son rôle de gendarme. Il est plutôt un agent commercial de Satellic qu’il est supposé contrôler.”

L’UPTR a mené un guerre d’usure contre le péage kilométrique. Il a utilisé des arguments sur plusieurs terrains, comme celui de la concurrence pour le terminal, encore inexistante, sur le dysfonctionnement supposé du dispositif. Il avait d’abord conseillé à se membres de ne pas commander de terminaux dans l’espoir d’obtenir un report, puis revu cette position car elle exposait les transporteurs à une amende. Rien n’y a fait. Les mouvements d’humeur de ce vendredi sur les routes n’ont pas été concertés. Il n’y avait visiblement pas d’unanimité dans le secteur pour lancer une action d’envergure. Et la cause des transporteurs ne touche guère le grand public, au contraire. Sauf si le système s’applique aux automobiles. Ce n’est pas prévu, mais le dispositif est conçu pour accepter cette extension.

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