Demain, serons-nous tous forcés d’être indépendants ?

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Les plateformes numériques comme Uber ou Airbnb pulvérisent les relations de travail et créent de nouvelles classes de travailleurs sans employeur. Assisterons-nous bientôt à la fin du salariat ?

Serveur le jour, chauffeur la nuit. A moins que ce ne soit l’inverse. La vie de Christian (prénom d’emprunt), 24 ans, est bien remplie. “J’ai toujours aimé bosser”, sourit le jeune homme, qui avoue carburer au Red Bull. Quand il ne travaille pas comme chef de rang dans un restaurant bruxellois (un boulot à temps plein), Christian roule pour Uber, l’entreprise américaine qui fait enrager les chauffeurs de taxi.

Ce job complémentaire l’occupe un jour et une nuit par semaine, sans compter quelques extras pour des clients habitués. Christian ne se plaint pas. Cette activité trépidante, il l’a choisie. “Uber me permet d’accéder gratuitement à un luxe : ce que je gagne avec ce boulot me paie ma voiture, l’essence et l’assurance”, explique cet ancien chauffeur de limousines, toujours tiré à quatre épingles.

Comme suggéré par Uber, Christian a entrepris des démarches pour devenir indépendant complémentaire. Une façon de rentrer dans les clous vis-à-vis de l’Etat, qui permettra aussi au chauffeur-serveur de déduire ses frais de diesel. “J’ai fait mes comptes. Je m’y retrouve”, assure-t-il.

Des leaders mondiaux sans travailleurs

Christian rejoindra bientôt les 235.000 Belges qui ont officiellement un double emploi. En 10 ans, cette catégorie de travailleur a augmenté de 43 % ! Et ce mouvement n’est pas près de s’arrêter. L’essor des plateformes numériques comme Uber ou Airbnb favorise le développement de ces jobs multiples et crée de nouvelles formes de relations de travail.

Ces entreprises qui pèsent des milliards fonctionnent sur un modèle révolutionnaire qui va secouer durablement le marché du travail : grâce au numérique, elles peuvent devenir leader mondial d’un secteur sans y engager le moindre travailleur. Uber est devenu un acteur majeur du transport urbain de personnes sans posséder le moindre taxi et sans employer un seul chauffeur. Airbnb, dont la valorisation dépasserait les 10 milliards de dollars, est un nouveau géant de l’hébergement touristique. Pourtant, l’entreprise ne possède aucun immeuble et n’emploie pas de personnel hôtelier.

Bienvenue dans le monde digital et post-industriel, où les free-lances sont rois.

Demain, serons-nous tous forcés d'être indépendants ?
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