Death Stranding, un jeu vidéo à l’ambition presque philosophique

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Jouer, mais aussi méditer sur la condition humaine dans un monde fracturé, face à un environnement hostile: “Death Stranding”, dernière création de Hideo Kojima, attendue depuis des années par les mordus de jeux vidéo, sort vendredi.

Le titre, dont la création avait été annoncée lors de l’édition 2016 de l’E3, le grand salon du secteur de Los Angeles, sera accessible sur la console PlayStation 4 (PS4).

Il s’agit du premier jeu signé du Japonais créateur de la franchise “Metal Gear”, parmi les plus anciennes et réputées de l’histoire des jeux vidéo, depuis la création de son propre studio en 2015.

La sortie arrive après une attente soigneusement orchestrée, passant par des bandes-annonces énigmatiques. Comme un film, “Death Stranding” a un casting de haut niveau: Norman Reedus (“Walking Dead”), Léa Seydoux (“La Vie d’Adèle”, “007 Spectre”) et Mads Mikkelsen (“Casino Royale””) lui prêtent leurs visages.

Le joueur évolue dans une Amérique post-apocalyptique où les survivants doivent se cacher de créatures spectrales étranges qui tentent de les tuer, dans un environnement hostile, à l’image de la pluie qui vient accélérer le vieillissement – comme une métaphore des angoisses liées au dérèglement climatique.

Voilà qui semblerait somme toute classique, si le jeu n’avait aussi, à en croire son créateur, une ambition politique, voire philosophique.

“Nous nous sommes habitués à l’individualisme et construire des murs. +Death Stranding+ est un nouveau type de jeu dont l’objectif est de reconnecter des villes isolées et une société fragmentée”, expliquait en mai dernier M. Kojima, dans un message sur Twitter.

Dans une interview accordée à la BBC lundi, il fait référence de manière explicite au mur que veut construire Donald Trump entre les États-Unis et le Mexique, ainsi qu’au Brexit, comme exemples de ces fragmentations.

La principale mission du joueur est de distribuer des colis pour faire survivre pour sa petite communauté, de reconstruire des ponts et un réseau de communications qui lui permettront d’en rejoindre d’autres, d’explorer un territoire immense en résistant à un danger permanent et protéiforme.

A lire les critiques l’ayant déjà testé, le jeu s’appuie sur une narration poussée, à l’approche volontairement cinématographique, favorisant l’introspection.

“Death Stranding vise à faire réfléchir sur l’importance des connexions humaines. Lorsque nous sommes connectés, nous avons une responsabilité les uns envers les autres, prendre soin des autres fait du bien.”, expliquait Hideo Kojima lundi dans son interview à la BBC.

– Ambiance et introspection –

Ainsi, et c’est une nouveauté dans un jeu vidéo, même dans une partie en mode solo, le joueur verra apparaître sur sa carte les réalisations d’autres joueurs, qui pourront l’aider à mener à bien ses missions.

Une interaction volontairement positive afin de favoriser la coopération entre les joueurs, même lors des parties en solo.

Mais à l’instar de “Metal Gear”, “Death Stranding” ne convaincra sans doute pas tous les amateurs du genre. Les commentaires déjà parus dans la presse spécialisée sont partagés, entre louange de l’ambition artistique et critique de la prise en main fastidieuse – il faudra compter des dizaines et des dizaines d’heures pour en venir à bout.

Les moments d’affrontement et de tirs ne sont pas la partie la plus saisissante, selon les critiques l’ayant déjà testé.

Marc Alonso, expert des jeux pour la société d’études de marché “Euromonitor International” à Londres, prédit pourtant qu’il sera “l’un des jeux les plus populaires et influents de l’année”.

“Il repousse la frontière entrer le jeu et le cinéma. C’est en réalité un film interactif, et c’est quelque chose que nous voyons de plus en plus”, à l’image d’un autre grand succès du moment, “Red Dead: Redemption II”.

Le jeu se voit accorder une moyenne de 84% sur le site metacritic.com, qui compile les critiques vidéoludiques.

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