Dans quelle mesure les entreprises européennes sont-elles touchées par la crise du gaz?
Dès le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, on savait que les conséquences de cette guerre se feraient sentir en Europe, notamment dans le domaine de l’énergie, et plus précisément du gaz. Les analystes du gestionnaire d’actifs Schroders ont évalué l’ampleur que cette crise du gaz représente pour l’économie européenne et les investisseurs.
Comment les prix du gaz vont-ils évoluer dans les prochains mois ?
En Europe, les prix de l’électricité et du gaz resteront très élevés pendant encore un an et demi, voire même deux ans, et ce bien plus que dans le reste du monde. Ils ne diminueront qu’à partir de 2024 ou 2025. Cela signifie que la demande diminuera également au cours des deux prochaines années. Cette année, elle sera déjà inférieure de 10 %. Tout dépendra aussi, si la Russie ferme complètement ou non l’approvisionnement en gaz de l’Europe.
Comment le marché du gaz évoluera-t-il à long terme ?
Les deux prochaines années seront difficiles car de nombreux pays se tournent vers le gaz pour réduire leur dépendance au charbon, laissant l’Europe en concurrence avec la Chine et l’Inde pour les approvisionnements disponibles en gaz naturel liquéfié (GNL). Après ces deux années, l’Europe disposera d’un approvisionnement en gaz plus important en provenance du Qatar et des États-Unis, ce qui fera baisser les prix. Pas aux niveaux d’avant la crise, cependant. Le prix de l’essence sera toujours le double ou le triple de ce qu’il était auparavant. En Europe, cela risque d’affecter la compétitivité des secteurs les plus énergivores.
Comment la crise du gaz affecte-t-elle l’économie européenne ?
Cela dépend de chaque pays. L’Europe importe 90 % de son gaz et 45 % de celui-ci vient de Russie. Il existe de fortes différences entre les États. L’Autriche et la Pologne ont importé 80 % de leur gaz de Russie, l’Allemagne la moitié et la France et l’Espagne moins de 10 %. L’Italie, quant à elle, dépend du gaz russe pour plus de 50 % de sa production d’électricité.
Les États membres du sud connaissent encore une croissance économique raisonnable, mais la croissance dans le nord sera très fragile au cours des prochains trimestres. L’éventualité d’une récession met les entreprises dans une situation encore plus difficile, car elles auront moins de marge de manoeuvre pour augmenter leurs prix et protéger ainsi leurs marges bénéficiaires.
Quelles sont les implications pour les entreprises européennes ?
En Allemagne, le gaz pourrait devoir être rationné et les secteurs très demandeurs en énergie, tels que la métallurgie ou le secteur de la chimie, sont menacés. En raison de cette incertitude, les cours des actions des entreprises chimiques européennes ont déjà fortement baissé. Certains ont même trop chuté et se négocient actuellement à des prix intéressants.
Y aura-t-il des gagnants dans cette crise ?
À moyen et long terme, le secteur des énergies renouvelables est clairement le gagnant. Les prix des contrats d’achat de ce secteur ont plus que doublé en dix-huit mois, rendant les investissements beaucoup plus attractifs. Et les rendements ont doublé pour les développeurs d’énergies renouvelables. Les compagnies gazières américaines voient également leurs opérations devenir structurellement plus rentables grâce à la hausse des prix du gaz.
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