D’Unilever à KPN, en passant par Proximus, Dominique Leroy a imposé son style

Dominique Leroy. © Debby Termonia

Dominique Leroy, qui a annoncé jeudi son départ de Proximus, avait pris les rênes de l’opérateur télécom en janvier 2014. Sous sa direction, l’entreprise, alors appelée Belgacom, a changé de nom pour s’aligner à l’enseigne utilisée sur le marché des téléphones portables. Proximus a ensuite lancé un vaste plan de déploiement de la fibre optique de trois milliards d’euros et a récemment négocié un accord de partage de réseau d’accès mobile afin d’accélérer le déploiement de la 5G.

Née en 1964 à Ixelles, Dominique Leroy a obtenu son diplôme d’ingénieure commerciale à la Sol­vay Bu­si­ness School en 1987. Elle est entrée dans la foulée chez Unilever Belgique, au service financier. Durant 24 ans, elle a occupé différents postes au sein du groupe agro-alimentaire, dont celui de Managing Director et de directrice du service ventes et logistique. Cette mère de deux enfants a pris la tête d’Unilever Belgique en 2007. Elle a siégé au comité de direction d’Unilever Benelux. Mme Leroy a rejoint Belgacom en octobre 2011, pour occuper le poste de Vice President Sales pour la Consumer Business Unit.

Dominique Leroy est devenue en 2012 Executive Vice President de la Consumer Business Unit. Depuis lors, elle faisait partie du comité de direction de Belgacom. Nommée administratrice déléguée par le conseil des ministres, qui représente l’Etat belge et le principal actionnaire de l’entreprise, elle a pris la tête de Belgacom en janvier 2014 pour un mandat de six ans. Elle était ainsi devenue la première femme patronne d’une entreprise du Bel 20, l’indice boursier qui englobe les 20 plus importantes sociétés belges. Elle avait succédé à ce poste à Didier Bellens, qui avait été révoqué par le conseil des ministres en novembre 2013. Sous sa direction, Belgacom deviendra Proximus, du nom de l’opérateur GSM filiale de Belgacom, en 2015. Dominique Leroy avait justifié cette démarche par la volonté de l’entreprise de communiquer sous un nom unique.

L’administratrice déléguée a ensuite lancé une stratégie ‘Fit for Growth’ qui a permis à la société d’afficher des résultats en croissance pour les quatre dernières années, que ce soit en termes de revenus ou de bénéfices. Fin 2017, l’opérateur annonçait ensuite sa volonté d’investir trois milliards d’euros d’ici à fin 2027 pour accélérer le déploiement de la fibre optique en Belgique. Un montant entièrement financé par l’entreprise semi-publique. Début 2019, le mandat de Mme Leroy sera marqué par l’annonce d’un plan de transformation de l’entreprise prévoyant le départ de 1.900 personnes et l’engagement de 1.250 autres sur une période de trois ans. Cela afin d’adapter l’entreprise aux nouveaux défis du monde numérique. Elle espère pouvoir boucler avant son départ, le 1er décembre prochain, les négociations avec les partenaires sociaux dans le cadre de cette restructuration. Enfin, au début de l’été, Orange et Proximus ont annoncé leur projet de création d’une co-entreprise pour le partage de leur réseau d’accès mobile.

On se souviendra aussi des ses relations parfois conflictuelles avec son ministre de tutelle Alexander De Croo (Open Vld), notamment en ce qui concerne le cadre régulatoire pour le secteur des télécoms. En 2017, elle avait ainsi déploré l’appel lancé aux consommateurs par le ministre en charge des Télécommunications à changer d’opérateur de téléphonie mobile s’ils n’étaient pas d’accord avec une augmentation tarifaire de Proximus. Une passe d’armes les avait encore opposés quelques mois plus tard après l’annonce du déploiement de la fibre optique car Alexander De Croo souhaitait que cette infrastructure soit ouverte aux concurrents de Proximus.

Enfin, toujours en 2018, le libéral avait ouvert la voie à l’arrivée d’un quatrième opérateur télécom sur le marché belge à l’occasion de la mise aux enchères des fréquences mobiles qui aura lieu une fois que les différents gouvernements se seront entendus sur le sujet. “Elle défendait son entreprise alors que je tirais toujours la carte du consommateur en tant que ministre. Mais j’ai toujours particulièrement apprécié son professionalisme et son engagement”, a-t-il commenté jeudi à l’occasion du départ de l’administratrice déléguée. Dominique Leroy quittera son poste le 1er décembre prochain pour prendre la tête de l’opérateur néerlandais KPN.

“J’ai toujours désiré avoir une expérience internationale”

“J’ai toujours désiré avoir une expérience internationale”, a indiqué jeudi soir la CEO de Proximus Dominique Leroy, dans une petite vidéo adressée à son personnel et diffusée par plusieurs médias, à la suite de l’annonce de son passage chez KPN en décembre.

“Mon mandat de CEO chez Proximus arrive à son terme à la fin de cette année et j’ai réfléchi à ce que je voulais faire après avoir passé 8 ans chez Proximus dont 6 ans comme CEO. Si Proximus est une société à laquelle je suis profondément attachée j’ai néanmoins décidé de ne pas renouveler mon mandat de CEO”, déclare Dominique Leroy qui a décidé de rejoindre KPN en tant que CEO à la fin de l’année à Amsterdam. “J’ai passé toute ma carrière professionnelle en Belgique et cela pour des raisons personnelles et familiales (…) Maintenant que mes enfants sont grands, j’ai accepté la proposition de KPN”. “Proximus est une superbe entreprise avec un bel avenir devant elle en voie de s’adapter dans un monde en pleine mutation”, a-t-elle ajouté. “En fin d’année, je quitterai Proximus avec le sentiment d’avoir accompli avec vous (personnel) de nombreuses choses”, dit-elle encore en citant notamment le changement de nom de Belgacom en Proximus, la nouvelle culture d’entreprise, le retour à plusieurs années de croissance et le lancement de la fibre. Concernant le plan de transformation chez Proximus, Dominique Leroy a précisé qu’elle avait l’ambition de finaliser les discussions avec les partenaires sociaux avant son départ.

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