Comment l’inflation modifie les habitudes de consommation
Hausse des ventes dans les magasins discount, recherche des meilleures promotions, boom de la seconde main, coupes dans les dépenses… Face à l’inflation qui frappe l’Europe depuis plusieurs mois, les consommateurs s’efforcent d’adapter leurs habitudes pour préserver du mieux possible leur pouvoir d’achat.
Les changements d’habitudes sont surtout visibles dans quatre domaines, voici lesquels:
Les discounters à la fête
Le mouvement est commun à toute l’Europe: les magasins moins chers, ou perçus comme tels, conquièrent actuellement beaucoup de nouveaux clients, avec en tête Lidl ou Aldi. C’est au point que les supermarchés jugés plus cher comme Carrefour font aujourd’hui la promo sur leur offre discount.
Arbitrages et bonnes affaires
Autre réflexe des consommateurs: une hiérarchisation des dépenses, consciente ou non. “Tout ce qui est produit non essentiel, par exemple le vin ou le champagne, le miel, la beauté” est en baisse plutôt forte, note Stéphane Roger, du panéliste Kantar. Pour autant, tous les consommateurs n’ont pas les mêmes priorités: en Chine ou en Corée du Sud par exemple, le segment de la beauté est considéré comme “plus essentiel” qu’en Europe, poursuit le spécialiste. Moins de bonbons, moins de petits cadeaux… C’est aussi sur ce genre d’achats que les coupes sont flagrantes chez les clients. “Nos ventes en non-alimentaire ont clairement baissé”, confirme Michel Biero.
Comme ce qui est moins prioritaire est repoussé à plus tard, les vêtements pour les enfants qui grandissent continuent de se vendre mais l’habillement adulte rencontre beaucoup moins de succès. L’euphorie qu’ont connue le bricolage et l’aménagement, en plein essor pendant l’épidémie de Covid-19 quand chacun, confiné chez soi, s’occupait de son chez-soi, est retombée. “Dans tous les pays européens, le volume des ventes baisse avec l’inflation”, dit aussi Emily Mayer, experte en produits de grande consommation du cabinet spécialisé IRI. Elle rappelle toutefois qu’il “ne faut pas tout lier à l’inflation”, ce reflux pouvant aussi s’expliquer par des ventes en supermarchés plus élevées en 2021 quand le Covid perturbait encore les repas hors domicile.
Et la restauration justement?
“Les consommateurs prévoient de dépenser mieux, plutôt que pas du tout, comme en 2008”, estime Maria Bertoch, du cabinet d’études NPD Group. Lors de cette précédente crise inflationniste, en Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie, Espagne, les ventes en la matière s’étaient plutôt maintenues, ne baissant au final que de 2,3% en 2009.
Les factures du quotidien passées au crible
Facture de téléphone, assurance automobile, abonnement à la salle de sports… Plutôt que de rogner sur les courses, de nombreux consommateurs ont fait le tri dans leurs dépenses récurrentes. Renégociation de crédit immobilier, des assurances habitation… Selon le magazine français 60 millions de consommateurs, les gains peuvent se chiffrer en centaines d’euros par mois pour les ménages.
Si les dépenses sont scrutées à la loupe et hiérarchisées, il en va de même des rentrées d’argent: la baisse du pouvoir d’achat sur fond d’inflation galopante nourrit les revendications salariales à travers l’Europe, avec des grèves nationales dernièrement en Belgique et en Grèce, où “la cherté de la vie est insupportable”, selon le plus grand syndicat local.
Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici