Click and Rush, vidéos bradées pour commerces confinés

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Frederic Brebant Journaliste Trends-Tendances  

Née avec le Covid-19, la start-up belge Click and Rush veut aider les indépendants à renforcer leur présence en ligne. Comment? En réalisant des vidéos à bas prix dans lesquelles les commerçants assurent eux-mêmes une partie du travail.

Le géant de la décoration Ikea a construit son empire avec une recette très simple: convaincre les clients potentiels d’assembler eux-mêmes leurs meubles, en leur fournissant une matière première à bas prix. Dans ce concept marketing qui a fait ses preuves, le consommateur participe au processus créatif au sortir de la chaîne de production, avec ce sentiment de fierté légitime d’avoir monté lui-même son bureau ou son lit flambant neuf.

Sans vouloir égaler le groupe suédois, la start-up belge Click and Rush reconnaît surfer, elle aussi, sur la stratégie éprouvée du do it yourself pour imposer son business model sur le marché de la vidéo d’entreprise. Cette fois, le client n’agit plus en fin de parcours créatif, mais bien en amont de la chaîne de production puisque c’est lui qui fournit la matière première. Inédit en Belgique, le service proposé par Click and Rush invite en effet les commerçants et les PME à doper leur présence sur le Web grâce à une vidéo low cost dont ils assument eux-mêmes le tournage.

Nous apportons aux clients la touche professionnelle qui leur manque, tout en leur offrant une baisse drastique de coûts.”

Sébastien de Cordes (Click and Rush)

Toi aussi, deviens caméraman

“Aujourd’hui, les smartphones permettent de réaliser des vidéos de bonne qualité, énonce Sébastien de Cordes, fondateur de la start-up bruxelloise. Or, tous les commerçants et chefs d’entreprise possèdent normalement un smartphone. Nous leur proposons donc de filmer ce qu’ils souhaitent mettre en avant dans leur société en leur donnant, si nécessaire, quelques conseils pour les prises de vue. Ensuite, nous les invitons à déposer leurs fichiers vidéo sur notre plateforme www.clickandrush.be et c’est là que notre travail de production commence véritablement.”

Sur la base des rushes transmis par le client, l’équipe de Click and Rush assure la réalisation de la vidéo proprement dite en montant les images, en mixant les sons, en étalonnant les couleurs et en ajoutant éventuellement des sous-titres ou des éléments graphiques, comme le logo de l’entreprise. C’est donc une vidéo semi-professionnelle qui est livrée au client, à un prix défiant toute concurrence puisque d’après les tarifs affichés, le spot de base est facturé à 199 euros pour 1’30” de montage. “Ce prix peut même descendre à 99 euros si le spot est plus court et très simple à réaliser”, précise Sébastien de Cordes, qui ajoute que le package de 10 spots, quels qu’ils soient, commandé par le même client revient d’office à 99 euros l’unité.

Sébastien de Cordes
Sébastien de Cordes© PG

Pour le patron de Click and Rush, l’objectif est clair: il s’agit de séduire “les exclus de la vidéo d’entreprise”, à savoir les petits commerçants, les indépendants et les patrons de PME qui n’ont généralement pas le budget pour s’offrir un spot de qualité à diffuser sur les réseaux sociaux. “Là où des sociétés de production demandent facilement 1.000 euros pour une vidéo d’entreprise, nous venons avec une offre hyper-concurrentielle grâce à la collaboration du client pour le tournage, enchaîne Sébastien de Cordes. Le prix est effectivement un argument de poids, surtout en cette période où les propriétaires de commerces majoritairement fermés doivent faire connaître leur activité en ligne à moindre prix.”

Merci le Covid!

Le fondateur de Click and Rush ne le cache pas: c’est le confinement imposé par le Covid-19 qui lui a donné l’idée de ce concept low cost. Agé de 27 ans, Sébastien de Cordes a, au terme d’études menées successivement à l’Ephec (bachelier) et à l’IAD (master), la double casquette marketing/production audiovisuelle.

Diplômé en 2018, Sébastien de Cordes fait ses premiers pas professionnels chez RTL TVI, où il collabore au Télévie avant de travailler pour plusieurs des sociétés de production qui alimentent la grille de programmes de la chaîne privée à travers des émissions comme Images à l’appui, Vu à la télé ou encore Mariés au premier regard. Là, il s’occupe de l’organisation des tournages, participe à l’écriture des scénarios et gère parfois les budgets de production. Malheureusement, le coronavirus va bientôt pointer le bout de son nez…

199 euros : prix du spot de base d’une durée de 1’30”

Mis au chômage durant le premier confinement, le jeune homme accepte un job alimentaire chez le fabricant de vélos connectés Cowboy. “Il s’agissait d’un travail essentiellement logistique qui n’avait rien à voir avec ma formation de base mais que j’ai accepté car je devais manger, se souvient-il. Parallèlement à cette activité, je continuais toutefois à faire des montages vidéo pour des amis et c’est là que je me suis rendu compte qu’il y avait une véritable demande du côté des commerçants et des indépendants qui voulaient se digitaliser et surtout faire connaître leur activité en ligne. J’ai donc quitté Cowboy au mois de juin avec la ferme intention de monter rapidement mon propre business.”

Lancement réfléchi

Le futur entrepreneur ne se jette toutefois pas à l’eau sans réfléchir. Durant deux mois, il peaufine son projet de vidéos low cost, en suivant un cours intensif en marketing numérique chez Skillsfactory, le centre de formation bruxellois spécialisé dans l’apprentissage de compétences digitales et entrepreneuriales. Il teste le concept auprès de ses condisciples, aiguise son business model et lance finalement Click and Rush. Nous sommes alors en septembre.

“Il est encore trop tôt pour tirer un premier bilan, mais nous sommes confiants par rapport aux retours des commerçants qui se montrent plutôt enthousiastes, affirme le fondateur de la start-up, qui compte déjà une vingtaine de clients. Mais surtout, le deuxième confinement est venu démontrer l’importance de la vidéo dans un contexte où de nombreux indépendants peuvent uniquement poursuivre leurs activités à travers l’e-commerce. Or, la vidéo est aujourd’hui favorisée par des moteurs de recherche comme Google, au détriment des articles et des photos. Sur les réseaux sociaux aussi, la vidéo est privilégiée. Plus personne ne prend le temps de lire un long texte et c’est donc un outil performant pour les commerçants qui veulent se faire connaître davantage.”

Click and Rush, vidéos bradées pour commerces confinés

Une cible délaissée

Avec ses prix cassés et son concept qui brade la créativité, Click and Rush risque de faire grincer des dents dans le petit monde des sociétés de production, mais Sébastien de Cordes s’en moque royalement. Il affirme ne pas chasser sur leurs terres puisqu’il s’intéresse à une cible délaissée par les agences de communication et qui n’a de toute façon pas les moyens de s’offrir des pubs léchées. Parmi ses premières vidéos assez basiques, on trouve d’ailleurs des commerçants et des indépendants qui veulent aller directement à l’essentiel au niveau de leur message publicitaire, qu’il s’agisse d’un restaurateur italien, d’une make-up artist ou d’une marque de maté.

Mais ces clients ne pourraient-ils pas économiser davantage en menant la réflexion jusqu’au bout et en réalisant eux-mêmes leurs vidéos avec l’aide d’un logiciel de montage? “Ils n’ont généralement pas le temps d’aller plus loin que la prise de vues et, surtout, ils n’ont pas l’oeil ni la technique pour procéder au montage, conclut le jeune patron. Bref, nous apportons la touche professionnelle qui leur manque, tout en leur offrant une baisse drastique de coûts puisqu’il n’y a aucune équipe de tournage à payer. C’est un vrai service inédit!”

Comme Ikea au début de son histoire.

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