Christophe Sancy (Gondola): “Il faut arrêter d’être parano. Ce n’est pas grave s’il y a des ruptures de stocks de pâtes ou de riz”

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Jeudi, suite à la suspicion du passage en phase 3 et à la réunion du Conseil national de sécurité, certains magasins ont été littéralement pris d’assaut… Rayons des denrées non-périssables vidés, des files interminables aux caisses des supermarchés, une situation quelque peu surréaliste.

Afin de faire le point sur la situation actuelle qu’endure certains supermarchés, nous avons interrogé Christophe Sancy, rédacteur en chef de Gondola, magazine spécialisé dans le retail et la grande distribution.

Qu’en est-il de la situation actuelle de la distribution et de l’approvisionnement des grandes surfaces ?

On est dans la pure hystérie. Il faut arrêter d’être parano. Ce n’est pas grave s’il y a des ruptures de stocks de pâtes ou de riz car celles-ci sont momentanées ; s’il n’y a plus un produit, on en prend un autre. Il ne faut pas paniquer, les stocks sont là et il y a de quoi nourrir tout le monde.

Cette hystérie met surtout plus de pression sur tout le travail en amont : la logistique, gestion des stocks, remise en rayons… Le consommateur doit être raisonnable, personne ne mourra de faim.

Bien sûr, il y a des personnes plus paniquées que d’autres qui font des stocks pour ne plus devoir sortir et qui vont manger des pâtes pendant longtemps. Mais il ne faut pas paniquer, le retail tourne bien, il s’organise, fait des plans, des prévisions et reconstitue les stocks.

Cette situation de “rayons vides” se reproduira-t-elle selon vous ?

Nous avons ces derniers jours freiné les annonces que nous faisons sur la croissance des ventes de tel ou tel produit, tout simplement car cela ne correspond pas vraiment à une hausse de la consommation.

Si on prend l’exemple de l’Italie, on a observé le même vent de panique et les mêmes hausses des ventes, mais cela s’est apaisé maintenant : la situation dans les magasins est revenue à la normale. Chez nous, cela va sans doute encore durer quelques jours, et puis cela va se tasser. Sans doute car les consommateurs les plus enclin à faire des provisions auront rempli leur cave.

Va-t-on vers un surconsommation ?

Cette hausse des ventes, car les gens stockent des produits, n’a pas réellement d’intérêt pour la consommation car les ventes vont s’assécher plus ou moins rapidement. De plus, cette hausse des ventes traduit aussi le ralentissement que connaît l’horeca actuellement.

La certitude que l’on a est que la consommation alimentaire va être quelque peu dopée, non par la vente des denrées non périssables mais à cause de l’absence de l’horeca (restaurants, cafétérias, cantines…). Les supermarchés verront sans doute leurs ventes augmenter pour compenser cette absence ; les consommateurs travaillant de chez eux, ils ne vont plus au mess de l’entreprise, les enfants ne vont plus à la cantine, etc. La distribution se fera donc autrement. C’est cela qui va bousculer le planning des achats, un déplacement de la consommation.

Quel message adresser aux consommateurs ?

Qu’il faut se méfier des réseaux sociaux et de l’effet d’imitation. Et je le répète, ce n’est pas grave s’il n’y a plus de gel hydro-alcoolique, car ce n’est pas indispensable. Cela crée des tensions mais ce n’est pas un manque qui est gênant. Il faut surtout éviter que la psychose contamine tout.

Il n’y a aucun problème dans la distribution mais il peut y avoir de petites indisponibilités. Tant que les gens restent calmes, il y aura à manger pour tout le monde, ce n’est pas la guerre.

On peut vraiment s’interroger sur les ressorts psychologiques qui animent les gens et font qu’ils retombent toujours dans les mêmes comportements de stockages. On se rassure comme on peut.

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