Ces entreprises qui résistent en famille

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Pour nos entreprises, l’année 2009 a été aussi noire que la couverture du “Top 30.000” qui en reprend les résultats. Dans ce contexte morose, les entreprises familiales ont plutôt bien résisté malgré des pouvoirs publics qui les “embêtent” quatre fois plus qu’en 2007.

Telle est une des principales conclusions de l’enquête menée auprès de 579 entreprises familiales par Trends Top et PwC à l’occasion de la sortie de presse du Top 30.000. Les entreprises familiales assurant à elles seules 55 % de notre produit intérieur brut, l’avertissement est d’autant plus à prendre au sérieux que le niveau de mécontentement des entreprises familiales belges est deux fois plus élevé que la moyenne internationale. Menée durant les mois d’octobre et novembre, cette enquête s’inscrit dans le prolongement de deux autres Family Business Surveys menés par PwC. Une enquête nationale tout d’abord qui fut effectuée en 2007. Une enquête internationale ensuite, conduite auprès de 1.600 entreprises familiales de 35 pays selon la même méthodologie. L’une et l’autre permettent d’intéressantes comparaisons dans le temps et l’espace.

Une entreprise sur deux, contre 12 % à peine en 2007, considère ainsi la politique menée par les pouvoirs publics comme “le grand défi des 12 mois à venir”. En cause, l’absence de gouvernement et donc de décision mais aussi et surtout l’ampleur de notre pression fiscale. Globalisée (charges sociales, Isoc, IPP, etc.), elle culmine en effet à 57 %, bien au-delà de la moyenne européenne : 44 %. Plus qu’il n’en faut pour altérer durablement la capacité de concurrence de nos entreprises.

Le client d’abord

Malgré tout, nos entrepreneurs familiaux gardent le moral. Plus de la moitié d’entre eux (56 %) pense croître au cours de l’année à venir et un sur cinq envisage même une voire plusieurs acquisitions. Mais auront-ils les moyens de leurs ambitions ? Financièrement, sans aucun doute. Six entreprises familiales sur 10 estiment disposer de réserves suffisantes. Du côté de la stratégie, les choses sont moins claires. Investir prioritairement dans la vente (43 %), les ressources humaines (33 %) et l’Interne (32 %) est bien à condition que le reste suive. Ce qui n’est pas vraiment le cas lorsque les dépenses en recherche et développement ne recueillent plus que 16 % d’adhésions, deux fois moins que la moyenne européenne, plus de trois fois moins que les intentions de 2007. Ce recul est d’autant plus angoissant que les pouvoirs publics ont pris diverses mesures en faveur de la recherche et développement. Autre souci : la mise sur piédestal du client. Celui-ci fait désormais l’objet de toutes les attentions alors qu’internationalement, les entreprises familiales mettent d’abord l’accent sur le design et la qualité de leurs produits. Lorsque faiblit la demande, jouer le produit qui permet de se différencier de la concurrence est peut-être plus sage…

A long terme, nos entrepreneurs familiaux ne sont guère optimistes. Un sur quatre pense que son entreprise tombera en d’autres mains d’ici cinq ans. Un sur deux pense conserver l’entreprise au sein de la famille mais ne fait guère preuve de prévoyance. Plus de deux tiers (68 %) des dirigeants interrogés n’ont aucun plan de succession pour les fonctions critiques. C’est nettement plus qu’au niveau international où les imprévoyants sont moins de la moitié. On retrouve la même insouciance lorsqu’il s’agit de vendre l’entreprise. Une moitié à peine de ceux qui songent à le faire d’ici un an ou deux ont déjà fait évaluer leur société. Savoir ce que vaut une entreprise est pourtant capital, tant pour la vendre, en organiser la succession que désintéresser l’actionnaire familial qui souhaite la quitter. Ce qui est souvent source de problèmes. Quatre dirigeants sur 10 seulement estiment que l’entreprise dispose de liquidités suffisantes pour acheter les parts qui seraient alors à reprendre.

Succession et charte familiale

Les discussions autour du devenir de l’entreprise sont d’ailleurs la principale source de conflits familiaux. Vient en deuxième lieu, la prestation des membres de la famille actifs au sein de l’entreprise, suivi du rôle dévolu à ceux qui y sont entrés par mariage. Trois entreprises sur quatre n’ont rien prévu pour désamorcer un conflit potentiel. La situation est d’autant plus étonnante qu’en 2007 elles n’étaient que 56 % dans la même situation. L’évolution, souligne PwC, ne peut dès lors être qualifiée de positive. Parmi celles qui ont pris des mesures, la convention d’actionnaires tient la corde, devant le pacte familial et le conseil de famille. Le recours à ces techniques augmente évidemment en fonction de la taille de l’entreprise. La charte familiale est ainsi d’application dans huit entreprises sur 10 qui réalisent un chiffre d’affaires supérieur à 20 millions d’euros. C’est aussi le seuil à partir duquel l’intervention d’un tiers commence à être appréciée. Pratiquement une entreprise familiale sur deux possède alors un ou plusieurs administrateurs externes. En deçà, ils ne sont présents que dans 10 % à 20 % des entreprises.

G.C.

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