Celyad cède son unité de production à Cellistic

Christophe De Caevel
Christophe De Caevel Journaliste Trends-Tendances

La biotech de Mont-Saint-Guibert se recentre sur le travail de recherche, avec des perspectives encourageantes. Le personnel de son unité de production (30 personnes) sera repris par Cellistic.

L’année 2022 est décidément bien chahutée pour Celyad. La biotech de Mont-Saint-Guibert a en effet connu en quelques mois la suspension de l’étude sur une thérapie contre le cancer (après le décès de deux patients), le départ de son CEO Filippo Petti et maintenant la vente de son unité de production de Mont-Saint-Guibert, à l’entreprise Cellistic, une filiale du groupe hollando-américain Ncardia, dédiée à la production de matériel de thérapie cellulaire pour compte de tiers (CDMO). Cette transaction apporte six millions d’euros à Celyad.

Michel Lussier, co-fondateur et CEO intérimaire de Celyad, se dit néanmoins “plus confiant que jamais” dans le potentiel de l’entreprise. Au début de l’année, nous avons accueilli l’arrivée dans notre capital du groupe américain Fortress, qui y a investi 32 millions de dollars, explique-t-il. Ce groupe suit un business model particulier : il valorise la recherche en amont et la propriété intellectuelle quand la plupart des fonds misent plutôt sur les développements cliniques. Ce modèle correspond aux forces de Celyad qui dispose, avec sa nouvelle plateforme shRNA, d’une technologie très prometteuse dans le domaine des thérapies cellulaires CAR-T (lymphocytes programmés pour lutter plus efficacement contre les cellules cancéreuses). “Dans le secteur des biotechs, les études cliniques de phase 2 et 3 sont très coûteuses et présentent un faible taux de succès, poursuit Michel Lussier. Nous dé-risquons notre stratégie en mettant l’accent là où nous sommes le meilleur, c’est-à-dire la valorisation de propriété intellectuelle et la recherche.” Celyad se focalisera donc sur ces points, pour lesquels elle emploie 70 personnes. Elle cherchera des partenariats ou des accords de licence pour les étapes ultérieures de développement d’une thérapie.

Une bonne année en vue

L’opération, ajoutée à l’apport de Fortress en début d’année, assure à Celyad la trésorerie nécessaire pour une bonne année. D’ici là, l’entreprise devrait avoir engagé un nouveau CEO (Michel Lussier, serial investisseur, tient à ce que sa fonction reste intérimaire) et sans doute généré de nouvelles données. La FDA (agence américaine) a en effet autorisé la reprise des études cliniques pour son traitement contre le cancer. Celyad la mènera avec des cellules produites dans son unité et qui ont été cryopréservées.

Selon Michel Lussier, la vente de l’unité de production ne contrecarre pas l’évolution de l’entreprise. Cette unité avait en effet été calibrée pour des produits autologues (le patient est traité à partir de ses propres cellules). Or, depuis, Celyad se concentre sur une approche allogénique (produits développés à partir de donneurs sains) et son usine de 1000 m² se retrouvait dès lors en surcapacité. Celle-ci correspond parfaitement aux besoins de Cellistic, CDMO lancée par Ncardia au printemps dernier, déjà présente sur le Biopark de Gosselies et qui cherchait à se développer en Wallonie. En joignant nos forces, nous avons non seulement le talent et les ressources nécessaires pour poursuivre le développement de nos plateformes exclusives, mais aussi la capacité de permettre aux partenaires/clients de Cellistic de proposer plus rapidement à leurs patients des thérapies cellulaires allogéniques basées sur le CSPi (cellules souches pluripotentes induites, la spécificité de Cellistic, ndlr)”, a fait savoir le fondateur et CEO de l’entreprise Stefan Braam dans un communiqué.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content