Cédric Slegers (Go4Circle): “La campagne de Coca-Cola culpabilise les consommateurs”

© C. Vander Eecken
Jérémie Lempereur Journaliste Trends-Tendances - retail, distribution, luxe

Dans une vaste campagne, le géant du soda nous demande de l’aider à recycler… en triant davantage. Pour Cédric Slegers, les producteurs doivent comprendre que passer à l’utilisation de matières recyclées dépend avant tout d’eux.

Coca-Cola explique que si ses bouteilles ne contiennent que 26% de matière recyclée, c’est parce que l’entreprise ne récupère pas assez de vidanges. Le groupe incite donc les citoyens à mieux trier. Qu’en pensez-vous ?

Cela culpabilise les consommateurs. Or, si le défi de la quantité est bien réel, ce n’est certainement pas la raison principale au fait que Coca-Cola n’incorpore pas davantage de matière recyclée dans ses bouteilles. La Fevia (Fédération de l’industrie alimentaire) se félicite d’ailleurs que 80% des bouteilles en plastique soient collectées et recyclées en Belgique. La vraie raison est donc économique. Fabriquer du plastique à partir de pétrole est moins cher que produire des emballages à partir de matière recyclée. Nous restons par ailleurs convaincus que les producteurs doivent réfléchir en termes d’éco-conception. A ce propos, Coca-Cola aurait pu mettre en exergue l’arrêt de sa bouteille de Sprite verte au profit d’une couleur neutre, plus facilement recyclable.

Cédric Slegers.
Cédric Slegers.© C. Vander Eecken

Le groupe dit vouloir atteindre au moins 50% de matière recyclée dans ses bouteilles pour 2025 (l’Europe impose 30% pour 2030). Mais un docu- ment interne de 2016 montre que Coca- Cola fait du lobby au niveau européen contre l’augmentation des objectifs de collecte et de recyclage. Coca-Cola tiendrait-il un double discours ?

Au sein d’une même entreprise, nous constatons parfois des tendances différentes entre ceux qui poussent encore à l’économie linéaire et ceux qui croient en l’économie circulaire. Mais le vent tourne depuis quelques mois. Je ne serais pas étonné que le discours de 2019 ne soit plus celui de 2016. Certains grands patrons, dans l’industrie du plastique, veulent désormais une véritable politique de gestion des déchets plastiques, pas uniquement une politique de marketing. Coca-Cola Belgique a donné un premier signal que nous accueillons positivement, même s’il en faudra d’autres.

Une des solutions serait de consigner les bouteilles, ce qui est vivement critiqué chez nous par l’industrie alimentaire. En France, en revanche, le patron de Coca-Cola déclarait le mois dernier dans Les Echos qu’il s’agissait du ” meilleur outil pour collecter les emballages de boissons “. Cela pourrait-il du coup évoluer en Belgique ?

Chez nous, le monde industriel reste dans la logique qui consiste à dire que la meilleure manière de passer de 80 à 90% de taux de collecte (l’objectif européen pour 2029), c’est le sac bleu. Il faut dire que la collecte sélective a toujours été de plus grande qualité en Belgique que dans les pays limitrophes, ce qui nous a permis d’atteindre des taux de recyclage assez importants. Avec l’ouverture prévue du sac bleu à d’autre déchets en plastique, il faudra s’assurer que cette qualité de tri et de recyclage persiste. Dans le cas où le ” nouveau ” sac bleu ne permettrait pas d’atteindre les 90% de taux de collecte, je pense que la pression sur notre pays sera très forte, maintenant que nos voisins ont avancé sur le sujet de la consigne.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content