Carrefour en grève : la guerre des nerfs reprend entre direction et syndicats

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Quatre magasins Carrefour étaient en grève dès jeudi, à la veille d’un mot d’ordre de grève générale pour vendredi. “Irresponsable” à la veille d’une négociation, pour la direction. Aux yeux des syndicats, c’est la direction elle-même qui s’avère “irresponsable” en n’apportant rien de tangible par rapport au plan de sauvetage.

Quatre magasins du groupe Carrefour sont restés portes closes jeudi, à la veille d’un mot d’ordre de grève générale pour vendredi dans les 117 magasins intégrés du groupe de distribution. Selon Lars Vervoort, porte-parole de Carrefour, les quatre magasins fermés sont ceux de Tilff, Berchem-Sainte-Agathe, Ans et Gosselies.

Le front commun syndical au sein de Carrefour a lancé un mot d’ordre de grève générale pour ce vendredi 30 avril, à la veille du week-end du 1er mai. Selon le patron du groupe, cette action pourrait générer un manque à gagner de 20 millions d’euros pour sa société.

Les syndicats protestent contre le lourd plan de restructuration du groupe annoncé en février dernier, lequel prévoit plus de 1.500 licenciements, la fermeture et la “franchisation” de plusieurs magasins, ainsi que le changement de commission paritaire pour le personnel restant au sein du groupe.

Carrefour : rien de tangible et de concret par rapport au plan de sauvetage (Setca)

Le syndicat socialiste Setca estimait, hier mercredi dans un communiqué, que la direction de Carrefour n’avait rien apporté de concret lors de la réunion de négociation de mardi, par rapport au plan de sauvetage présenté le 23 février dernier. Le Setca dénonce l’attitude de la direction qui a qualifié les syndicats d'”irresponsables”.

“La direction reste sur sa position : 33 millions d’euros d’économies annuelles. Après cela, on parlera plan social ! Ceci représente au minimum quatre ans de blocage d’index, d’annales barémiques, d’augmentations sectorielles ainsi que la suppression définitive du quart d’heure payé, des jours de congés extralégaux, diminution de la rémunération des heures tardives, énumère le syndicat. Nous ne refusons pas de parler d’économies lorsqu’elles sont nécessaires mais nous pensons qu’une polyvalence négociée, encadrée, qu’une prépension à 52 ans amèneront des économies. Certes, pas 33 millions, mais à terme des économies importantes et suffisantes pour pérenniser l’entreprise.”

Le syndicat socialiste se dit toujours ouvert à la négociation mais refuse “de toucher à des acquis qui dépassent d’ailleurs largement le cadre de la restructuration Carrefour”. Les syndicats retrouveront la direction le 3 mai pour un nouveau tour de négociations. Le Setca espère y retrouver “une direction responsable”.

La direction de Carrefour recourra au conciliateur social en cas de grève vendredi

La direction du groupe Carrefour a fait part mercredi, de son côté, de son “incompréhension totale” face à l’appel à la grève lancé par le front commun syndical pour vendredi : “Faire grève une veille de 1er mai, c’est amputer Carrefour de sa capacité à avoir un plan social de qualité !, a averti le Français Gérard Lavinay, patron de Carrefour Belgium. Chaque jour de grève, ce sont aussi des milliers de clients qui vont chez la concurrence.”

En cas de concrétisation de la grève, Carrefour compte saisir le conciliateur social du ministère du Travail, a ajouté Gérard Lavinay, pour qui cette grève démontre l’absence de volonté des syndicats à “avancer dans la mise en oeuvre du plan de sauvetage” du groupe : “Le droit de grève est quelque chose que j’accepte. La grève, je la comprends quand on n’a pas avancé, quand il y a un blocage, mais pas avant une négociation !”

Interrogé sur un éventuel retrait du marché belge en cas d’échec du dialogue social, la direction de Carrefour a assuré vouloir “étudier les alternatives avant de quitter la Belgique”. En attendant, les résultats du groupe continuent à décliner. En avril, les magasins du groupe ont enregistré une chute de 15 % de leur chiffre d’affaires, a encore confié Gérard Lavinay.

Carrefour en grève : pas de dispositif spécial vendredi chez les concurrents

Colruyt et Delhaize n’ont pas prévu de dispositif particulier pour faire face aux conséquences de la grève annoncée vendredi chez leur concurrent Carrefour : “Ce serait difficile pour nous de rajouter du personnel car nous avons déjà mobilisé tout le monde au mieux pour ce vendredi, commente Jean-Pierre Roelands, directeur commercial de Colruyt. Nous avons prévu davantage de stocks et ferons tout pour satisfaire nos clients, mais je crains quand même qu’il y aura beaucoup de files aux caisses.”

Et le directeur commercial d’inviter la population à faire ses courses dès jeudi… tout en refusant d’évoquer la grève chez Carrefour comme une bonne affaire pour son entreprise : “A la veille d’un week-end pareil, c’est un peu déstabilisant pour tout le monde. Ce n’est pas quelque chose qui nous rend très heureux.”

Chez Delhaize, on s’attend aussi à un afflux supplémentaire de clients ce vendredi, mais aucun renfort de personnel n’a été prévu. “Plus de stocks et de personnel seront décidés au cas par cas, précise Sandrine Blin, porte-parole du groupe au lion. Ce sera au directeur de chaque magasin d’en juger.”

Aucune de ces deux entreprises n’a fourni de chiffres sur la hausse de leur chiffre d’affaires enregistrée lors des précédentes grèves chez leur concurrent Carrefour.

Trends.be, avec Belga

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